Malgré la reconnaissance de la propriété collective, la déforestation et l’extraction des fruits de la palme et l’élevage extensif continuent.
Mardi le 5 fevrier vers 11h15, la Comisión de Justicia y Paz a reçu l’information d’une source très fiable qu’un entrepreneur de la palme a offert la somme de 5 millions de pesos (2500$ U.S.) pour faire assassiner LIGIA MARIA CHAVERRA, la représentante légale du Conseil majeur du Curvarado et MANUEL DENIS BLANDON, l’ancien représentant légal du Conseil majeur du Jiguamiando. L’entrepreneur a offert cette somme à plusieurs personnes à Belen de Bajira en manifestant d’un tont agressif “Je ne vais pas permettre que nous allions en prison pour ces dénonciations des Conseils communautaires”. Finalement, nous avons su qu’une personne n’habitant pas Belen de Bajira a accepté la proposition de réaliser cet assassinat et qu’elle cherche actuellement où se trouvent ces deux personnes des Conseils communautaires habitant les Zones humanitaires.
Jeudi le 7 fevrier, selon des sources extra-officielles, la Comision de Justicia y Paz a appris que des représentants des entreprises palmicultrices qui sont actuellement sous enquête judiciaire par la Fiscalia General de la Nacion pour avoir possiblement commis les délits de déplacements forcés, complot pour commettre des crimes, dommages environnementaux, usurpation de terres et fraudes, se sont réunis avec LUIS MARIO GAVIRIA le directeur général de Accion Social (une institution gouvernementale responsable, en autres, d’apporter aux communautés déplacées les projets productifs associés au Plan Colombie 2), afin de déterminer les mécanismes qui permettraient de réaliser un “accord” afin qu’une partie du territoire collectif qui se trouve aujourd’hui ensemencée de palme, soit donnée aux travailleurs des entreprises de palme.
Lundi 10 février, à 16h, la Comisión de Justicia y Paz a reçu l’information selon laquelle 200 hommes armés de la stratégie paramilitaire connus aujourd’hui sous le nom de “Aguilas Negras” sont présents aux endroits connus comme Playa Roja, San Andrés, Campo Alegre, et La Punta, alors que 50 paramilitaires s’étant rebaptisés “Renacientes” se trouvent à la sortie de Barranquillita près de la municipalité de Buenos Aires sur la ferme connu sous le nom de “El Tigre”.
Mercredi le 13 février, une personne travaillant à la mairie de Carmen del Darien a informé un paysan du Curvarado qu’une réunion aurait lieu le 17 février 2008 à Carmen del Darien pour restructurer le Conseil communautaire majeur du Curvarado afin que soient élus les “véritables représentants” et que soient démis de leurs fonctions ceux qui contrôlent la représentation “avec les armes”. Le 31 janvier Justicia y paz a pris connaissance d’un document citant cette assemblée, document qui n’était d’ailleurs pas signé, ce qui démontre l’illégitimité de cette convocation.
Cette tentative de remplacer l’actuelle représentante légale du Curvarado, LIGIA MARIA CHAVERRA, qui défend activement le territoire collectif, par un représentant légal complice des compagnies de palme, va de pair avec le fait que mardi le 29 janvier, la Comisión de Justicia y Paz a été informée par les membres des Conseils communautaires du Curvarado que le Secrétaire de gouvernement de la mairie de Carmen del Darien a refusé d’enregistrer les noms des représentants légaux des Conseils communautaires mineurs de Caracolí, Caño Manso, El Guamo, Camelias, Buena vista y Villa Luz, appartenant au Bassin du Curvarado. Les faux arguments émis par celui-ci, reposent sur le fait que “cette action doit être réalisée par un afro-descendant” (et non un métis). Cette affirmation va à l’encontre du contenu de la loi 70 de 1994 et de sa règlementation.
Ainsi, malgré le fait que le gouvernement colombien ait reconnu par le biais de résolutions ayant un caractère administratif et juridique que les terres occupées illégalement par les compagnies de palme appartiennent aux communautés et doivent être redonnées aux autorités traditionnelles que sont les Conseils communautaires majeurs du Jiguamiando et du Curvarado, dans la pratique cette reconnaissance est une chimère. Les effectifs de la brigade 15 de l’armée nationale protègent toujours les entreprises de palme, qui continuent d’extraire les fruits des plantations de palme pour la production et la vente du “bio-diesel” et de détruire la forêt pour semer de nouvelles plantations.
Pendant ce temps, CARLOS MERLANO, membre de la Junte Directive de la compagnie Urapalma S.A, affirmait le 26 janvier au journal El Espectador, dans un article intitulé “Le dossier des palmiculteurs”, où on fait état du processus judiciaire entamé contre plusieurs entrepreneurs de palme pour leur complicité dans le déplacement forcé des communautés et l’appropriation illégale des territoires collectifs du Jiguamiando et du Curvarado pour la mise en place du méga-projet de palme, que ces accusations ne sont que le résultat de fausses accusations portées contre eux par des ONG internationales qui seraient contrôlées par les FARC : “… les entrepreneurs avaient commencé à consulter les représentants légaux de ces Conseils communautaires quand sont entrés en scène des groupes avec des perspectives et objectifs obscurs, organisés sous la forme d’ONG internationales qui, sous les yeux de tous, il est connu qu’elles ont des contacts avec la FARC. Ce sont eux qui ont fait pression pour l’élection de Ligia Chaverra comme représentante légale du Conseil communautaire du bassin de la rivière Curvarado, faisant ainsi tomber par état de fait Moya qui était et continuent d’être le vrai représentant légal de ces communautés”. On se rappelle que Manuel Moya est le personnage qui a signé illégalement avec les entreprises de palme des contrats d’usufruit sur l’ensemble du territoire collectif du Cuarvarado pour une durée de plus de 100 ans…
La persécution dont font l’objet LIGIA MARIA CHAVERRA et MANUEL DENIS BLANDON, avec de fausses accusations dans des processus judiciaires contre eux, avec des menaces de mort, avec le salissage de leurs noms en les faisant passer pour des “serviteurs” de la guérilla et maintenant la planification d’un attentat contre leur vie, répond à leur décision ferme de défendre les territoires collectifs ancestraux.
Face à cette situation qui nous préoccupe énormément, nous demandons avec insistance aux autorités compétentes de l’État colombien :
Que soient prises immédiatement toutes les mesures possibles afin d’éviter tout dommage irréparable à la vie et l’intégrité physique de LIGIA MARIA CHAVERRA et MANUEL DENIS BLANDON, ainsi que de tous les habitants des Zones humanitaires et Zones de biodiversité du Curvarado et du Jiguamiando.
Que soit entreprise une action efficace, frontale et structurelle contre les structures paramilitaires qui opèrent à Nuevo Oriente, Mutatá, Pavarandocito, Belén de Bajirá, Playa Roja, Caracolí, Caño Manso, lieu connus par l’intelligence militaire et policière, où habitent également les bénéficiaires du paramilitarisme, du projet de palme et de l’élevage extensif.
Bogotá, D.C. 12 février 2008
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