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25/09/2024

Nous, les Personnes Privées de la Liberté (PPL) appartenant au Movimiento Nacional Carcelario (MNC - Mouvement Carcéral National), isolées au deuxième étage de la Prison de Moyenne Sécurité de Bello [Département d’Antioquia], dénonçons, devant l’opinion publique nationale et internationale ainsi que devant les organismes de contrôle et les organisations de défense des droits humains, les graves atrocités et l’usage démesuré de la force dont nous avons été victimes de la part du Comando de Custodia y Vigilancia (Commandement de garde et de surveillance) de la prison de Bellavista, sous les commandes du capitaine Devia Molano Diego.

LES FAITS :

Premièrement : Le 24 septembre 2024, vers 6h30, le Comando de Custodia y Vigilancia s’est introduit dans le Pavillon 16 de la prison de Bellavista, dirigé par le capitaine Devia Molano Diego. En pleine non-conformité avec la procédure établie, ce dernier a mené une opération arbitraire durant laquelle ont été volés des objets des PPL. D’autres objets ont été pris de façon irrégulière, incluant des aliments et des analgésiques, et une partie des meubles de notre étage ont été endommagés par différentes actions démesurées : des dommages ont été causés aux planches, aux toilettes et aux éléments personnels des PPL, comme les vêtements, casquettes, matelas et oreillers, etc.

Deuxièmement : Cette plainte s'inscrit dans le contexte de la grave crise carcérale qui sévit dans les différents centres de détention du pays. Cette crise n'est pas étrangère à la prison de Bello-Bellavista dans laquelle a eu lieu, le 9 septembre dernier, une grève de la faim pacifique de la part des PPL du pavillon 16. Cette grève visait à revendiquer les droits à la dignité humaine, à la santé et à l’alimentation, lesquels sont protégés de façon supra-constitutionnelle.

Malgré cela, le non-respect des accords précédents est notoire et se poursuit, de sorte que persistent les graves problèmes de santé et d’alimentation. Cela nous a conduit à adopter des plans d’urgence permettant de garantir un minimum de conditions en matière de santé et d’alimentation. Cette situation a mené à rencontrer monsieur le Directeur de la prison de moyenne sécurité de Bello. Pour faire face à la grave situation alimentaire et de santé, il lui a été demandé de prendre les dispositions institutionnelles nécessaires pour que soient vendus au magasin officiel tous les éléments demandés par la population incarcérée. En réponse à cette requête, le fonctionnaire susmentionné a indiqué qu'il attendait un supplément budgétaire qui lui permettrait d'offrir une plus grande variété et quantité de produits aux PPL, les ressources économiques de 2024 ayant déjà été épuisées.

Troisièmement : C’est par nos propres moyens que nous avions jusqu’alors pu répondre aux besoins de base, auxquels n’avaient pu répondre ni l’établissement carcéral, ni l’Unité des Services Pénitentiaires (USPEC), ni l’entreprise sous-traitante chargée de l’administration du magasin officiel et des services de santé. Voilà pourquoi nous sommes surpris par les actions illégales du capitaine Devia Molano Diego. Ignorant la grave crise humanitaire qui sévit dans les prisons du pays et s’éloignant de la Politique d’humanisation carcérale prônée par la Direction générale de l’INPEC (Instituto Nacional Penitenciario y Carcelario), le capitaine a pris la décision arbitraire de voler certains produits alimentaires (thon, saucisses, haricots, riz, sardines, lait en poudre, cigarettes, soupes instantanées, jus frutiño, huile, sucre, avoine)  ainsi que d’autres éléments personnels des PPL (parfums, vêtements, bijoux en or, médicaments pour la grippe et maladies communes), tout cela confisqué de façon irrégulière sans que ne soit rempli de rapport de saisie, ouvrant ainsi la porte à la corruption qui sévit au sein de l’INPEC.

Quatrièmement : Le capitaine Devia Molano Diego, commandant de la garde et de la surveillance de la prison de moyenne sécurité de Bello ayant mené l’opération du 24 septembre, a été informé de son obligation d’établir le rapport de saisie pour les objets confisqués. Néanmoins, sa posture a été négative et réticente, refusant la demande tout en sachant qu’il y était obligé afin de garantir des procédures administratives en bonne et due forme, auxquelles n’échappent pas les opérations de saisie. Le dit fonctionnaire s’est plutôt contenté d’argumenter que l’opération s’inscrivait dans une campagne de lutte contre la corruption et s’est alors opposé à la tenue d’une rencontre immédiate avec le directeur de l’établissement. Les actions du capitaine Devia contredisent pourtant les objectifs supposés de la campagne anticorruption, car L’ABSENCE DE RAPPORT DE SAISIE ENCOURAGE LA CORRUPTION au sein de la prison en empêchant le contrôle des aliments et médicaments extraits de façon irrégulière. Quelle drôle de façon pour l’INPEC de lutter contre la corruption!

EXIGENCES

En premier lieu : Que l’INPEC ouvre une enquête disciplinaire contre le capitaine Devia Molano Diego.

En deuxième lieu : Que des copies soient envoyées à la Fiscalia (Procureur général de la Nation) dans le but d’enquêter et de sanctionner le capitaine Devia Molano Diego pour les crimes de vol, d’abus d’autorité et d’outrepassement des fonctions publiques.

En troisième lieu : En plus de la promotion et du suivi de cette plainte, que la Fiscalia, la Defensoria del Pueblo (Défenseur du Peuple) de la région d’Antioquia et la Personeria Municipal de Bello agissent, selon leurs compétences respectives, pour exiger le respect, par l’INPEC, des procédures normales et autres droits fondamentaux des PPL.

En quatrième lieu : Que soient immédiatement restitués les objets et aliments confisqués de façon irrégulière. Cette restitution comporte deux aspects. D’un côté, tous les produits acquis légalement au magasin officiel doivent être amenés immédiatement au pavillon afin d’être remis aux propriétaires légitimes qui les réclameront grâce à leur facture. Ceci inclut les vêtements et autres éléments personnels des PPL. De l’autre côté, les autres objets désignés comme étant « interdits » doivent être remis aux parents ou personnes autorisées par les PPL. Ceux-ci incluent les bijoux en or, le riz, l’huile, les soupes instantanées, les produits Ricostilla, etc. Plus concrètement, il est exigé que soient immédiatement restitués les articles suivants, enlevés du pavillon sous les ordres du capitaine Devia Molano Diego :

  1. Haricots en conserve (43)
  2. Thon (21 conserves)
  3. Saucisses en conserve (15)
  4. Paquets de cigarettes (82)
  5. Lait en poudre (11)
  6. Boissons assorties (64)
  7. Sucre (6 kilos)
  8. Sardines (4 conserves cylindriques)
  9. Saucissons (2)
  10. Sachets de Pax Noche (20)
  11. Noxpirin (28)
  12. Comprimés d’acétaminophènes (100)
  13. Comprimés d’advil (50)
  14. Dolex Gripa (30)
  15. Pastilles Vicks (40)
  16. Jus Frutiño (280)
  17. Soupes instantanées (200)
  18. Sachets de Ajinomen (40)
  19. Pâtes alimentaires (80 x 250 grammes)
  20. Bracelet en or d’environ 7 grammes
  21. Anneau en or de 4 grammes
  22. Parfums (10)
  23. Chandail à manches courtes neuf (1)
  24. Pantalons neufs (1 paire)

Nous valorisons tous les efforts d’humanisation des prisons promus par le Président de la République Gustavo Petro Urrego et par le Directeur général de l’INPEC, le Colonel Daniel Gutiérrez. Que cette philosophie se transforme en pratique quotidienne dans les centres de détention du pays!

Le prisonnier est celui qui ne lutte pas!

Mouvement carcéral national

Bello – Antioquia, 25 septembre 2024

Annex de la denonciation

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Auteur.trice
Personnes Privées de la Liberté du Mouvement Carcéral National