Communautés paysannes, peuples afro et indigènes, travailleureuxse, femmes, jeunes, étudiant.e.s, secteurs populaires urbains, défenseureuses des droits humains, écologistes, entre autres, nous nous mobilisons en faisant présence sur divers axe routiers et centres urbains du pays, dans le but de dénoncer l'assaut génocidaire paramilitaire dans les territoires. Cela à travers du développement de la stratégie contre-insurrectionnelle et anti-populaire, et la doctrine de sécurité nationale contre l’ennemi intérieur, qui y comprends les mouvements populaires et l'opposition politique au régime. Cette situation constitue une menace stratégique contre le mouvement social et populaire, et en particulier contre notre mouvement social et politique Congreso de los Pueblos, raison pour laquelle nous avons déclaré l’Urgence Humanitaire depuis avril 2019.
Dans le cadre de cette journée nationale, nous exerçons notre droit constitutionnel à la mobilisation et à la protestation sociale pour nous faire entendre, et présenter au gouvernement en tant que représentant de l'État, la liste suivante de revendications et de négociations qui résume les vœux de la population colombienne.
1. Changer la doctrine de sécurité nationale.
Proscrire la doctrine de sécurité nationale, basée sur l'ennemi intérieur, au profit d'une doctrine où prévaut le respect des droits humains, l'autodétermination des peuples, la souveraineté et la perspective de genre.
La nouvelle doctrine militaire doit notamment rompre avec la subordination à la politique de sécurité nationale des États-Unis et des puissances européennes et renoncer au statut de partenaire mondial de l'OTAN.
2. Démantèlement du paramilitarisme.
Le démantèlement de toutes formes de paramilitarisme requiert la mise en œuvre d'une série d'actions concomitantes, coordonnées et exécutées avec la volonté politique et la détermination du gouvernement. Celui-ci doit montrer de forme explicite que le paramilitarisme a été et est une politique de l'oligarchie, gérée par l'État colombien.
A cette fin, nous exigeons:
a) La reconnaissance publique par le gouvernement de l'existence d'une stratégie paramilitaire nationale au niveau rural et urbain, visant à développer un processus génocidaire contre le mouvement populaire.
b) La suspension immédiate de toute prétention de reconnaître politiquement les structures paramilitaires comme un troisième acteur prétendant à des dialogues régionaux, socio-juridiques ou politiques.
c) Démanteler la composante économique du paramilitarisme.
d) Enquêter sur les financements et les sponsors publics et privés. Fournir des rapports périodiques publics sur les progrès et les résultats.
e) Démettre et/ou révoquer les rangs de niveau supérieur et intermédiaire des forces de l’ordre lorsqu'il y a des indices, des accusations, ou des preuves de connivences avec l’absence de réactions effectives face au paramilitarisme.
f) Le président de la République doit expédier un arrêté ministériel pour déclassifier les archives des services de renseignement des 50 dernières années, dont la publication permettra d'identifier les fonctionnaires, les entités de l'État, les agences de renseignement, les militaires, les hommes politiques et les entrepreneurs impliqués dans la formation, le financement, l'instruction et le soutien du paramilitarisme.
g) Respect immédiat de toutes les recommandations et condamnations émises par les organisations internationales de défense des droits humains à l'encontre de l'État colombien au cours des trois dernières décennies. En particulier, celles relatives à la fin de l'impunité des crimes d'État.
h) Le président de la République doit immédiatement destiner un message au procureur de la Cour pénale internationale, pour rouvrir l'examen préliminaire sur la situation en Colombie.
i) Le respect par l'État colombien du jugement du Tribunal Permanente des los Pueblos, lors de sa 49e session, le 17 juin 2021.
3) Mécanismes urgents pour la protection et l'autoprotection en défense de la vie et la permanence dans les territoires.
Pour contrer la menace stratégique dirigé contre le CDP(Congreso de los Pueblos), il est nécessaire de développer des actions urgentes qui permettent la survie de notre mouvement et sa proposition politique, de notre leadership dans tout le pays et le bien-être de nos communautés : a) Renforcement des mécanismes d'autoprotection ; b) protection immédiate des leaders menacés de nos processus sociaux dans tout le pays ; c) création d'un mécanisme d'enquête, d'action et de suivi, d'une part face aux actions de l'État dans les situations de risque auprès du CDP et, d'autre part, pour le respect de l'accord de la CACEP à propos du « Chat de réponse immédiate ». d) la mise à disposition de moyens et infrastructures de communication ; e) la construction, l'installation, l'adaptation et la mise à disposition de refuges et zone humanitaires dans les localités suivantes : nord-est d'Antioquia et Sud de Bolivar, Cauca, Cundinamarca, Arauca, Cesar, Chocó, Cúcuta, Popayán, Bogotá, Barranquilla, Cali, Medellín, Ibagué, Bucaramanga.
4.Plan national de renforcement du Congreso de los Pueblos.
Défendre notre mouvement et sa proposition politique passe par le renforcement de notre action politique, de nos capacités organisationnelles et administratives; et de manière plus générale, de notre propre façon d'agir en faveur de la transformation du pays : renforcement organisationnel, obtention de sièges sociaux, plan de communication, plan pour les droits humains, des projets économiques productifs.
5. Premier plan de réparation intégrale.
Nous exigeons l'élaboration de mesures de réparation symboliques, politiques et matérielles, individuelles et collectives: la reconstruction de la mémoire; la réparation intégrale du mouvement A Luchar; justice et reconnaissance de la responsabilité de l'État dans la violation des droits humains et les infractions au droit international humanitaire ; le retour dans les territoires, la reconstruction, l'adaptation et la mise à disposition d’agences ; l'attribution de titres fonciers ; la signature du décret présidentiel sur les Territorios Campesinos Agroalimentarios (Territoires Paysans Agroalimentaires),et de la Comisión Mixta de Asuntos Campesinos (Commission Mixte des Affaires Paysannes)
6.Table permanente de dialogue et négociation au niveau national
Afin de donner suite aux accords conclus lors de la Movilización Nacional Por la Vida y la Permanencia en los Territorios (Mobilisation nationale pour la vie et la permanence dans les territoires) , nous exigeons la constitution d'une table permanente de dialogue et de négociation au niveau national, par le biais d'un décret présidentiel.
7.Garanties pour la mobilisation : en termes de déplacement des communautés vers et depuis les territoires, pas de judiciarisation, pas de pêche aux informations, et un accompagnement international.
8. Respect des accords et réactivation des mécanismes de dialogue et de négociation dans le Chocó, l'Arauca, le Cauca, le Lizama, la sous-commission des droits humains et la Mesa Unica Nacional de la CACEP.