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14/06/2021

À Bosa, territoire ancestral du peuple Muisca, dans un exercice autonome et auto-organisé, a eu lieu l’Assemblée Nationale Populaire avec la participation de plus de 2000 délégué.e.s. L’assemblée s’est déroulée en présentiel et en virtuel, lors de laquelle se sont réunis des groupes venus de différentes régions du pays, soit des représentants de communautés paysannes et noires ; de peuples autochtones; de processus et mouvement des femmes; d’assemblées et conseils populaires; d’organisations populaires urbaines; d’organisations de travailleurs.euse.s de la production, de l'enseignement, de la santé et des transports; de mouvements sociaux et politiques; de mouvements environnementaux; de mouvements des droits humains ; de Colombiens et Colombiennes à l'étranger ; de processus culturels, artistiques, sportifs et communicationnels ; d’organisations de jeunesse et d'étudiants ; de gardes ethniques, paysannes et populaires ; des premières lignes ; de victimes ; de diversités et dissidences sexuelles ; de mouvements de personnes handicapées et de mouvements communaux.


Nous déclarons que l’Assemblée nationale populaire - ANP est un processus permanent, en vue de se constituer en organe de pouvoir populaire avec des expressions sectorielles, territoriales et de population qui renforce, autonomise et développe ses propres gouvernements, ses plans de vie, consolide ses territoires et territorialités ethniques, paysannes et populaires urbaines, et oriente les luttes du peuple.

Nous identifions comme tâche centrale de continuer à progresser dans le changement du rapport de forces, ainsi que de renforcer politiquement et organisationnellement par la grève nationale illimitée le cycle d'ascension de la lutte populaire et démocratique qui traverse une étape historique ayant débuté le 21 novembre 2019. Cette lutte populaire s'est poursuivie en 2020 et a retrouvé une grande force et belligérance à partir du 28 avril 2021. Ce renforcement nous permettra de continuer la lutte contre le système capitaliste, impérialiste, patriarcal, raciste, colonial et néolibéral, subordonné aux diktats du FMI, de la Banque mondiale, de l'OCDE et aux autoritaires et dictatoriaux à la tête du gouvernement Duque, ainsi que d'ouvrir la voie à la construction et établissement d’un pouvoir populaire.

Depuis le 28 avril, en dépit de la persécution sanguinaire, le gouvernement, les grands capitalistes et les propriétaires fonciers ont déclenché une campagne de diffamation contre les blocages et la jeunesse qu’ils qualifient de vandales. Ce discours a pris une telle ampleur que ceux qui pillent le pays se présentent cyniquement comme des « gens de bien » et ceux qui réclament des droits, la démocratie et la justice, sont présentés comme des malfaiteurs. Nous révoquons, célébrons, défendons et soutenons inconditionnellement nos jeunes, hommes et femmes, héros et héroïnes populaires, qui resteront dans la mémoire de cet acte libertaire du peuple colombien.

Nous avons décidé de multiplier les points de résistance et les blocages, clé de la réussite de ce soulèvement populaire, accompagné de sit-in, de marches, de rassemblements, d'actes politico-culturels et d'autres initiatives de créativité populaire. Jusqu'à la prochaine session de l'ANP, nous appelons à une mobilisation nationale tous les mercredis. Nous invitons particulièrement le mouvement syndical des travailleurs conscients de leur classe à créer les conditions d'une grève dans les milieux de la production, des services et des transports.

Depuis les constructions collectives de nos communautés et de nos villages, ainsi que de la reconnaissance de la diversité des visions et des cosmovisions ancestrales, culturelles, de genre, générationnels, historiques et sociopolitiques, nous avançons dans la formulation d’une plateforme qui contribuera à guider les luttes du peuple colombien dans la recherche des transformations qui feront de ce pays un lieu pour la vie digne. Ces transformations devront continuer à être débattues et approfondies :

 

  • i) La transformation de l'État en vue de la construction d'un gouvernement ouvrier, paysan, populaire et du peuple; 
  • ii) L’économie de transition fondée sur des fonds publics destinés au soutien d'entreprises publiques, sociales et communautaires qui déconstruisent la gestion économique néolibérale de l'État, garantissant la vie digne dans des lignes transversales comme la taxation, le travail, la sécurité sociale, l’éducation, le logement et les services publics, les politiques environnementales, minières, énergétiques et agraire; 
  • iii) La défense des territoires, de la souveraineté sociale populaire, des peuples et des communautés ethniques et paysannes ; 
  • iv) La défense des femmes et des diversités sexuelles en vue de l’abolition du patriarcat.

De même, nous avançons vers un plan de renforcement des capacités nationales et internationales de la dénonciation et la protection des droits humains, avec un accent particulier sur l'autoprotection de la vie, les organisations et les territoires, en renforçant les gardes ethniques, paysannes et populaires et les premières lignes. Nous déclarons le Portal de la Resistencia comme un espace humanitaire et permanent des premières lignes.


Nous cherchons à obtenir un accompagnement et une surveillance internationale afin d'exiger des garanties pour l'exercice du droit de manifester. Nous demandons à l'État colombien de se conformer aux réglementations nationales et internationales des droits humains, de démanteler la doctrine de la sécurité nationale et de l'ennemi intérieur, d’abroger le décret 575 au moyen duquel a été déclaré l’imposition de mesures pour conserver et ramener l’ « ordre public » ; de libérer immédiatement toutes les personnes détenues et poursuivies dans le cadre de la Grève nationale, de rendre saines et sauves toutes les personnes disparues ainsi que d’enquêter et de punir les responsables de milliers de crimes contre le peuple colombien.


Nous appelons la communauté internationale à rompre ses relations diplomatiques et de coopération avec le gouvernement Duque. Nous appelons également à la poursuite du gouvernement colombien pour génocide devant les tribunaux internationaux, principalement indépendants, étant donné que dans le contexte national, l'institution chargée du contrôle politique, de la fonction publique et de la protection des droits humains s’est caractérisée par l'impunité des crimes commis par le pouvoir. Le peuple colombien exige la chute du régime génocidaire et de son gouvernement illégitime dirigé par Duque que nous désignons catégoriquement comme responsable des pratiques d’anéantissement physique et symbolique contre les secteurs et les processus qui exigent des changements structurels et qui garantissent des conditions de vie digne à toute la population.


Nous nous sommes mis d'accord sur une feuille de route pour contribuer au renforcement de l'unité du camp populaire et démocratique, basé sur la reconnaissance des expériences et des initiatives de coordination et d'articulation sectorielle, populaire, thématique, territoriale, nationale et internationale. En ce sens, nous demandons de renforcer et de généraliser les assemblées populaires dans les quartiers, dans les rues, dans les universités et les entreprises.


Nous rejetons les pratiques hégémoniques et bureaucratiques du Comité national de la grève (CNP) qui a conduit à une négociation avec un gouvernement génocidaire dans le dos de la majorité mobilisée. Nous demandons qu'il soit considéré comme un acteur de plus et non comme étant la direction de la grève nationale. L’ANP représente l’autonomie des régions et son articulation envers les Comités départementaux de Grève. L’Assemblée a permis l’élaboration d’un processus autonome représentant ces régions, tout en rejetant la dynamique du CNP.


Nous exprimons notre gratitude envers la communauté éducative du Colegio Claretiano pour nous avoir reçus et nous avoir offert leur espace pour l’élaboration de l'Assemblée. Nous exprimons notre solidarité et nous condamnons la violation de leur autonomie par les forces répressives du régime qui ont violenté leurs installations pour faire atterrir un hélicoptère utilisé pour réprimer les points de résistance à Bogota. 
Nous appelons le mouvement populaire et le peuple colombien à participer à un second moment de l'Assemblée nationale populaire qui aura lieu à Cali, entre le 17 et le 20 juillet de cette année, afin de continuer à renforcer le pouvoir populaire à travers un exercice démocratique populaire qui garantira la mise en œuvre des décisions de la majorité et de poursuivre le débat sur les différences.


A PARAR PARA AVANZAR…VIVA EL PARO NACIONAL 
A PARAR PARA AVANZAR…VIVA LA ASAMBLEA NACIONAL POPULAR
UNIDAD PARA AVANZAR...VIVA LA ASAMBLEA NACIONAL POPULAR
A PARAR, A AVANZAR, ASAMBLEA NACIONAL POPULAR


AUJOURD'HUI LE CRI N'EST PAS POUR UN BUT, MAIS POUR LA DIGNITÉ ET LA RÉSISTANCE DU PEUPLE COLOMBIEN.

ASSEMBLÉE NATIONALE POPULAIRE
Bosa, 6, 7 et 8 de juin de 2021

Auteur.trice
PASC