Aller au contenu principal
23/04/2019

Depuis le 22 avril, les mobilisations reprennent en Colombie, cette fois les communautés paysannes, noires et autochtones prennent les routes pour s’opposer au Plan National de développement du gouvernement. Récemment la Minga des communautés autochtones et paysannes du Cauca, s’est terminée après 27 jours de blocages sur la promesse du président Ivan Duque de s’asseoir à la table. Cependant le 9 avril, le président alors qu’il n’était qu’à quelques centaines de mètres de la rencontre a décidé de rebrousser chemin laissant depuis la « chaise vide ».

Un Plan National de Développement (PND) sous le signe de l’extraction

De nombreux acteurs de la société colombienne rejettent totalement ou en parti le programme qui devrait être adopté par le congrès d’ici le 7 mai. Bien que la Colombie se soit engagée lors de la COP 21 à réduire les émissions, son plan de développement se base essentiellement sur l’extraction de ressources naturelles, pétrole, charbon, barrage hydroélectrique. 90 % des ressources extractives sont destinées à l’exportation,  avec des conditions fiscales tellement favorables pour le multinationales que la colombie vend ses ressources à perte.

 Sur plusieurs territoires affectés par ces méga projets extractifs, les commmunautés ont réalisé des référendums populaires afin de connaitre l’avis de la population locale sur ces porjets et les bloquer le cas échéant. La cour constitutionnelle a invalidé les résultats qui allaient à l’encontre de ces exploitations, considérant comme ailleurs dans le monde que  l’exploitation  énergétique n’est pas un  enjeu qui peut être laissé  au bon vouloir des  autorités locales ou des  communautés.

Ces politiques qui agravent la crises envrionnementale provoquent l’indignation alors que la Colombie souffre directement les conséquences du changement climatiques entre inondation et sècheresse intense, provoquant la perte des récoltes, des glissements de terrain meurtriers et désolation.


Le PND constitue également une attaque directe aux droits sociaux. Un des objectifs du plan est de transformer l’économie paysanne des zones rurales et transformant des paysans en travailleurs et travailleuses ruraux. 63 % de la population active colombienne est considérée comme travaillant informellement puisqu’elle n’accède pas aux droits sociaux de base comme le salaire minimum.  Le PND crér la formule de “travail à son compte” qui formalise ces activités et donc légalise un travail rémunéré en deça du salaire minimum déjà ridiculement bas (250 USD/mois). Parallelement elle illegalise les activités informelles comme la vente d’aliment sur la  rue. D’autres attaques directes aux fonds de pension, à la santé et à l’éducation devraient aggraver les problèmes causés par les vagues de privatisation.

 En ce qui concerne la mise en oeuvre des accords de paix, signé entre l’Etat et les Farcs, le PND reprend les politique de Sécurité démocratique de l’exprésident Uribe (2002-2010) : militarisation des territoires et sécurité des investissements étrangers

Ce Plan, tout comme l’ensemble de la Politique du gouvernement de Ivan Duque en poste depuis août 2018, ne reconnaît pas les accords et les processus de négociation entamée par le gouvernement antérieur avec différents acteurs sociaux.


Insatisfaction et indignation générale

Que ce soient les négociations avec les organisations paysannes, afro et autochtones réunis au sein du sommet agraire, les accords conclus au terme de la grève étudiante de décembre 2018, ou les accords avec les syndicats de professeurs, le gouvernement n’a montré aucune intention de respecter les accords ou de mener à bien des politiques concertées avec les acteurs sociaux.

Les politiques sociales inclues dans les accords de paix entre les FARC et le gouvernement colombien en 2016, avaient généré des attentes. Cependant l’essence même des accords est en danger. Après le referendum de paix perdu de quelques milliers de votes en 2016, le Parlement a petit à petit réduit la portée des accords, et en ce moment le système de justice transtionelle lui-même est sur la sellette. Tandis que Jesus Santrich un des négociateurs de la FARC est emprisonné sans preuves depuis un an menacé d’extraditions aux Etats-Unis. Ivan Marquez et le « Paisa » d’autres leaders de la FARC sont depuis « disparus » tandis que les quelques sénateurs et représentants des FARC font de leur mieux au parlement pour sauver les accords.

Alors que la « paix » avec les FARC est malmenée par le gouvernement la guerre ouverte contre les mouvements sociaux, se poursuit. Les assassinats de leaders sociaux, la criminalisations des activistes qui luttent pour la défense de leurs territoires semblent en constante augmentation.

Les assassinats restent impunis tandis que la justice emprisonne les personnes qui s’opposent aux politiques du gouvernement  notamment en montant de toute pièce des affaires illégales, montage judiciaire, visant généralement à les associer aux mouvements armés insurgé, et parfois  même au narcotrafic dans le but de les isoler et discréditer. Dans la plupart des cas les personnes sont libérées après procès. Cependant une nouvelle reforme du système judiciaire vient de faire passer de 1 an à 3 ans le temps de détentions préventives autorisé avant procès. Créant un contexte parfais pour criminaliser l’opposition.

Sur les routes, dans les rues, et les places

Depuis le 22, le Syndicats pétrolier USO et les communautés du département d’Arauca et du Vichada bloque les puits pétroliers de la OXY et de Parex entreprises étasunienne et canadienne. Les communautés du Sur de Bolivar, du Catatumbo, d’Antioquia et du Cauca se mobilisent depuis le 23 avril. Le 25 , les centrales syndicales et les étudiants et étudiantes vont se joindre aux mobilisations.

Auteur.trice
PASC