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15/06/2022

À quatre jours du deuxième tour des élections présidentielles, une vague d'arrestations massives déployées simultanément dans tout le pays s’est abattue sur des dizaines de militant.e.s, de journalistes de médias alternatifs et d'autres personnes ayant participé aux mobilisations de 2021, dont des membres du Congrès des Peuples (Congreso de los Pueblos). 

Selon le directeur de la Police Nationale, General Jorge Luis Vargas Valencia, des publications sur internet laisseraient entendre que la « Première Ligne » se mobiliserait si un gouvernement de droite avec à sa tête le candidat Rodolfo Hernandez était élu. C’est donc à titre préventif qu’il a ordonné la détention, plus d’un an après les faits, de personnes ayant manifesté leurs intentions de voter pour le candidat de gauche Gustavo Petro. C’est ouvertement, qu’il justifie ces arrestations irrégulières (https://twitter.com/DirectorPolicia/status/1536860938032275457).

Vague d’arrestations

 

Des arrestations ont eu lieu au département de Santander, dans les municipalités de Bucaramanga, Barrancabermeja et Los Santos. Alors que les premières audiences de contrôle de garanties (menant ou non à la légalisation de l’arrestation) se font attendre à Bucaramanga, des organisations sociales se sont rassemblées devant le Palais de justice pour exiger la libération immédiate des personnes capturées et que leurs droits soient garantis. Les avocats représentants les personnes criminalisés ont dénoncé que ces-dernières avaient été victimes de violence et de menaces de la part des agents. Ils les ont insulté et maltraité et les ont accusés d’être des délinquant-es. Leurs conditions de capture bafouent leurs droits fondamentaux : iels sont 12 à être enfermé-es dans une cellule de 6m2, iels ne peuvent aller aux toilettes et on leur interdit de dormir. 

Des arrestations ont également eu lieu à Cali, Medellin et à Bogota (des points importants de la grève nationale de 2021) et ailleurs dans le pays. Ces arrestations se basent sur des motifs similaires à ceux des personnes détenues dans le département de Santander. D’heures en heures de nouvelles arrestations et stigmatisations de l’État sont rapportées.

À Yopal, dans le Casanare, les premières audiences ont permis aux personnes arrêtées d’être remises en liberté. 

Ce type d’arrestation a pour effet de générer la peur et vise à briser la mobilisation sociale, enfreignant un droit fondamental des populations à s’organiser. 

 

 

 

Persécutions


Pendant ce temps, dans le département d’Arauca, des persécutions ont également été dénoncées. Un groupe de mercenaires s’identifiant comme « dissidents de la FARC » (voir les évènements survenus en début d’année) aurait fait circuler sur les réseaux sociaux des pamphlets menaçant des leaders sociaux de Canas Brava, La Playa et Los Puertos. Le pamphlet les identifie comme objectif militaire. 
Ce type de menaces n’est pas isolé. Au département d’Arauca, depuis le début de l’année, plus de 160 personnes ont été assassinées, il y a eu plusieurs déplacements forcés, de nombreuses menaces visant les programmes et projets proposés par les leaders sociaux, mais également les visant personnellement. Ce sont des violences perpétuées par ces-dits « dissidents de la FARC ». De plus, l’édifice rassemblant les locaux de plusieurs organisations sociales d’Arauca, situées à Saravena, fait constamment l’objet d’intimidation (des acteurs armés ou non circulent autour de l’édifice dans des véhicules sans plaque d’immatriculation et prennent des photos et vidéos des activités qui s’y déroulent). Face à ces menaces l’État colombien ne prend pas acte, mis à part en militarisant toujours plus le département et ces violations demeurent dans l’impunité. 

Demandes :


Dans ce contexte inquiétant et face aux faits présentés ci-dessus, nous exigeons :
•    La liberté immédiate des personnes détenues;
•    La garantie des droits des personnes détenues;
•    Que le gouvernement respecte son obligation de garantir la vie et l’intégrité des leaders sociaux, leurs organisations et leurs différents projets sociaux;
•    Que soit respecté le droit à la protestation sociale.

Sources:
Fundaccion de derechos humanos Joel Sierra
Equipo juridico pueblo