Aller au contenu principal
30/01/2013

 

Les communautés du  Curbaradó y Jiguamiandó qui revendiquent leurs terres, des fonctionnaires de l’État et du gouvernement colombien, ainsi que la Commission de Justicia y Paz sont accusés de faire partie d’une stratégie de la guérilla des FARC.

Hier la Commission de Justicia y Paz a pris connaissance d’une lettre signée par la Corporation du Moyen et Bas Atrato, une prétendue association de déplacés, dirigée a certaines instances des Nations Unies et du Système Interaméricain, dans laquelle on affirme que la Commission de Justicia y Paz opère sous les directives des FARC. De plus, les signataires dénoncent le fait que des fonctionnaires du gouvernement agiraient par obéissance aux ordres de la Justicia y Paz, participant eux aussi de la stratégie des FARC.

La lettre fait allusion au rôle joué par notre Commission face a l’implantation d’une base militaire au Curvarado, insinuant qu’il s’agit d’une action en faveur des FARC. Cette même affirmation a été prononcée par un haut dirigeant de la Brigade 17 de l’Armée il y a quelques semaines. Effectivement la Commission de Justicia y Paz a dénoncé la construction de cette base militaire sur le territoire collectif des communautés sans leur consentement, sur des parcelles qui de plus, sont occupés illégalement par un entrepreneur. Par ailleurs, il y est affirmé de manière mensongère que notre Commission envoie des communications à l’Unité de Protection du gouvernement afin que celle-ci retire les mesures de protection a certains afrocolombiens afin que ceux-ci soient assassinés par les FARC. Selon les signataires de cette lettre l’objectif de Justicia y Paz est d’obtenir que la propriété collective soit sous les orientations des FARC.

De plus, une autre lettre reçue hier, affirme que les membres des Conseils communautaires du Curvarado et du Jiguamiando travaillent de concert avec les FARC.

Cette nouvelles vagues d’accusations mensongère semble répondre au fait que récemment, la Cour Constitutionnelle a émis plusieurs sentences en faveur de la restitution des terres aux communautés du Curvarado qui mettent en danger les intérêts des entrepreneurs de palme africaine, de banane, de yuca, de coca et d’élevage extensif qui occupent illégalement les territoires collectifs. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le contenu de ces lettres coïncide avec les affirmations réalisées par un des accusés il y a quelques semaines dans le cadre du procès qui a lieu contre les entrepreneurs pour déplacement forcé et vol de terres. Lorsqu’on lui a demandé sur quoi il basait ses accusations, celui-ci a répondu que c’est Luis Mario Gaviria, responsable d’Action Sociale sous le gouvernement d’Uribe, qui lui a dit et que des fonctionnaires du gouvernement de Santos en Uraba lui ont réaffirmé  il y a quelques mois.

Plusieurs des signataires des lettres font partie de la stratégie de diffamation et de montages judiciaires connus depuis 2008, nommés par Rito Alejo del Rio (ex-commandant de la Brigade 17 de l’Armé condamné pour l’opération Genesis) et Fernando Londoño Hoyos (ministre de la Justice sous Uribe) comme étant leurs « petits noirs ». Ce qui est en jeux est que les entrepreneurs bénéficiaires de la stratégie paramilitaire essaient de s’assurer que la restitution des terres qui soit favorable a leurs intérêts.

Nous craignons que ces accusations contre des fonctionnaires du gouvernement génère chez eux la peur et freine leur action pour faire respecter les droits des communautés. Le gouvernement se Santos cédera-t-il devant cette pression de l’entourage d’Uribe ?

Le gouvernement va-t-il adopter des mesures efficaces afin de faire appliquer les sentences de la Cour Constitutionnelle qui ordonnent la restitution des terres ? Agira t-il afin de faire déloger les occupants illégaux des territoires collectifs ?

La Fiscalia va-t-elle enquêter les membres de notre Commission afin de démontrer la fausseté de ces accusations ?

Les réponses a ces questions définiront l’issue de la restitution des terres collectives au Curvarado et Jiguamiando.

Bogotá, D.C. 30 janvier 2012

Comisión Intereclesial de Justicia y Paz

Traduction libre du PASC