Une situation urgente semble se développer dans le champ pétrolifère de Costayaco (dans le Putumayo, en Colombie) exploité par la société Gran Tierra Energy, basée à Calgary.
Corporación Viso Mutop vient tout juste de publier cette vidéo avec le message suivant : « Voici la situation à l’intérieur du puits pétrolier de la multinationale canadienne Gran Tierra. Les paysan·nes, fatigué·es d’attendre l’attention du gouvernement national, sont entré·es dans le puits à Villagarzón #Putumayo. »
Pueblerina en Paro a aussi publié le tweet suivant : « SOS dans le PUTUMAYO, la police antinarcotique et l’Armée Nationale tirent sur les manifestant·es avec des armes à feu. Un blessé grave. Puits Costayaco de Gran Tierra. Villagarzon PUTUMAYO. »
Dans cette vidéo partagée sur Twitter par l’Organisation nationale des peuples autochtones de l’Amazonie Colombienne (OPIAC), on peut y lire ce texte : « Les forces de l’ordre attaquent et tirent sur les peuples autochtones à Villargarzon-Putumayo. »
L’Association des conseils autochtones de la municipalité de Villagarzón Putumayo (ACIMVIP) vient également de déclarer : « Nous demandons au Ministre de la Défense, à l’Armée nationale, à la police nationale et à l’ESMAD de respecter les normes des droits humains et du Droit international humanitaire concernant leurs actions dans le cadre de notre droit légitime à la protestation sociale ; ceci en tenant compte du fait que nous ne sommes PAS des acteurs armés et qu'en aucun cas nous ne devons être traités comme tels. »
Telesur rapporte que « Le Comité régional de grève du département colombien du Putumayo a dénoncé lundi [31 mai] l'agression policière contre les manifestant·es, qui ont légitimement saisi le puits de pétrole Costayaco 10 de la transnationale canadienne Gran Tierra. » Dans la déclaration du Comité, on y mentionne qu’il y avait « des membres de l’Armée nationale en uniformes qui gardaient le puits. ».
Déclaration du 27 mai
Dans la déclaration du 27 mai par le Comité de grève sous-régional du Point de résistance de Villagarzón, on retrouve les extraits suivants :
« Depuis le 16 mai, les manifestations sociales se sont déplacées vers le champ Costayaco de Gran Tierra Energy, exigeant la suspension immédiate des opérations pétrolières en raison du bilan environnemental historique généré par cette multinationale. Entre-temps, des accords sont établis avec le gouvernement national et départemental concernant des points qui soutiennent notre exercice de protestation.
Bien que l'entreprise Gran Tierra Energy ait accepté de suspendre ses opérations, comprenant qu'il y a des raisons valables à nos revendications, et qu'elle ait accepté de permettre l'entrée d'une commission de vérification qui assurera la suspension opérationnelle effective, jusqu'à présent GTE n'a pas tenu sa parole. GTE a refusé la vérification dans trois endroits en alléguant de prétendues difficultés techniques dans les installations.
Nous demandons aux directeurs de l'entreprise Gran Tierra Energy de respecter les accords de suspension des opérations et de permettre l'entrée de la commission de vérification du comité de grève régional. De même, nous lançons un appel aux entités de contrôle municipales, départementales et nationales qui assurent le suivi de notre processus de mobilisation, afin qu'elles surveillent les actions de l'entreprise et fournissent des garanties aux manifestant·es de la région. »
Déclaration du 31 mai
Il y a aussi cette déclaration du 31 mai partagée par l’Organisation nationale autochtone de Colombie (ONIC) :
Communiqué du 17 mai par Gran Tierra Energy
Le 17 mai, Gran Tierra a publié ce communiqué concernant l’impact de la grève nationale en cours en Colombie sur leurs opérations : « En date du 16 mai 2021, le champ de Costayaco continue de produire environ 5 100 barils de pétrole par jour. »
GTE y affirme également : « La société a terminé avec succès sa campagne de forage de développement 2021 avec 3 nouveaux puits de pétrole, ceci avant tout impact des protestations nationales. Présentement, aucun de ces 3 puits n'est en production, mais Gran Tierra prévoit de tous les mettre en fonction d'ici la fin du deuxième trimestre de 2021. »
Bien que Gran Tierra fait référence aux blocages dans le Putumayo, ils affirment que « ces blocages ne sont pas dirigés contre Gran Tierra. »
Gran Tierra Energy a une politique environnementale « Beyond Compliance » et sa politique concernant les droits humains inclut les conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT). Une convention clé de l'OIT est la Convention relative aux peuples indigènes et tribaux, 1989 (n° 169). L'entreprise a indiqué qu'elle s'engageait à consulter préalablement les groupes autochtones.
Gran Tierra Energy ne semble pas avoir encore commenté publiquement la situation qui s'est développée aujourd'hui (le 31 mai) à Villagarzón.
MISES À JOUR
31 mai, 5:38 pm - Le défenseur autochtone Nasa, Feliciano Valencia, a tweeté : « Jordany Estrella, un jeune paysan du village de la Castellana, qui a participé aux manifestations de Villagarzón, Putumayo, a été assassiné. L'État est cruel envers la jeunesse du pays. C’est assez ! »