Les Prisons mises à nu
Depuis mai 2012, un groupe de femmes, proches de prisonniers et prisonnières politiques, ont lancé la campagne «Les prisons mises à nues», attirant l’attention sur la situation dans les prisons colombiennes par des manifestations nues. Ces femmes dénoncent la situation extrême dans laquelle se trouvent les personnes détenues et leurs proches, qui subissent insalubrité, brutalité, torture, mauvais traitements, refus d’assistance médicale, ... mettant en lumière tant l’inaction de l’État que les problèmes structurels dus à la privatisation des soins de santé et à l’entretien des infrastructures. « Si l’État ne peut pas garantir le respect des droits, qu’il libère les personnes détenues », affirmaient-elles lors de la manifestation du mois de mai 2012.
Le mouvement de grève se poursuit
La mobilisation s’intensifie également derrière les murs des prisons ; un mouvement de grève de la faim et de désobéissance civile d’une ampleur inégalée s’est en effet emparé des prisons colombiennes depuis le début août 2012, atteignant un total de participation active de 10 900 hommes et femmes qui dénoncent leurs conditions de détention. Parmi les moyens de désobéissance, on retrouve autant le refus de se laisser compter, de manger, d’aller travailler, de sortir ou de rentrer dans la cellule, que des actions d’éclat, comme celle organisée par une vingtaine de détenus de la prison de Valledupar (ayant le plus haut taux de mortalité de Colombie) qui se sont suspendus à plus de 20 mètres de hauteur, au niveau d’une des tours de la prison. Un nombre effrayant de suicides ou de morts par manque de soins a été répertorié au cours de l’année, rendant la situation insoutenable et augmentant la fréquence et l’intensité des mouvements de contestation dans les prisons. De son côté, le gouvernement continue à faire la sourde oreille, tandis que la contestation se poursuit avec des mouvements de grève rotatifs dans différentes prisons colombiennes.