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18/07/2013

Du 27 au 29 juin 2013, se tenait dans la région du Sur de Bolivar, en Colombie, la pré-audience de la compagnie minière AngloGold Ashanti. Cette pré-audience est organisée dans le cadre du tribunal populaire, qui se tiendra au mois d’août à Bogota. Le tribunal populaire est organisé dans l’espoir de redonner au peuple colombien le pouvoir de se faire entendre et d’accuser des compagnies qui sont protégées par la législation colombienne.

Dans le petit village de San Pedro Frío, près de 350 personnes se sont regroupées afin de discuter de l’enjeu des compagnies étrangères du secteur minier en Colombie. Des représentants provenant de différentes régions ont présenté tour à tour leurs témoignages afin de dénoncer les violations commises par la compagnie sud-africaine et anglaise: la AngloGold Ashanti. Si cette entreprise a été choisie comme exemple des nombreuses entreprises étrangères qui s’approprient le territoire colombien pour y exploiter ses ressources, c’est qu’elle est la 3e compagnie minière la plus importante du pays. Parmi les entreprises dénoncées par les militants présents, on en retrouve également des canadiennes.

Parmi les problématiques dénoncées par les défenseurs de droits humains présents lors de la pré-audience se retrouve le déplacement des populations. Les déplacements forcés font partis d’une stratégie contre-insurrectionnelle mise sur pied par le gouvernement appuyé par les groupes armés légaux (l’Armée) et illégaux (les paramilitaires). Cette stratégie ne fait pas de distinction entre la population civile et la guérilla, violant ainsi la 4e convention de Genève. Les multinationales profitent de l’instabilité pour s’installer dans les régions où sont effectués les déplacements forcés. En plus d’en profiter, certaines provoquent ces déplacements afin de nettoyer le territoire et faciliter l’exploitation. Afin de cacher les différentes violations, plusieurs entreprises vont changer de noms pour éviter d’être retracées.

On dit que dans la région, environ 85% des mines sont possédées par des multinationales, alors que 2% restent des mines artisanales. Il existe un code minier pour règlementer l’exploitation, cependant, ce code repose sur des règles et des standards que les petits miniers ne peuvent respecter, les plaçant sur des bases inéquitables par rapport aux multinationales. Un des témoins présents a mentionné que d’ici 2019, les petits miniers auraient disparus. Les transnationales font pression pour que les petits miniers s’affilient à l’entreprise. Dans ces cas, les paysans perdent leur indépendance et doivent remettre, par exemple, 80% de ce qu’ils gagnent à l’entreprise.

Une autre problématique importante est la menace constante des leaders luttant pour la défense du territoire et des populations. Afin de faire taire les revendications des populations, les leaders reçoivent des menaces de mort lorsqu’ils ou elles dénoncent les entreprises qui s’installent sur le territoire. Pour les femmes, ces attaques peuvent se faire sous forme de menace de viol. On recense également plusieurs assassinats de défenseurs de droits humains. Il est difficile de prouver le lien direct entre les menaces ou les assassinats et les entreprises étant donné l’utilisation d’agents privés et le manque de transparence des multinationales.

Si les leaders reçoivent des menaces et que les populations se font déplacées, celles et ceux qui restent subissent les conséquences environnementales dues à la pollution créée par l’entreprise. La présence de produits chimiques dans les cours d’eau et l’exploitation de mines à ciel ouvert ne sont que des exemples de ces violations au droit à un environnement sain. Dans bien des cas, l’entreprise ne consulte pas les populations avant de s’installer dans la région. En ce qui a trait aux territoires où vivent des communautés autochtones ou afro-descendantes, la consultation préalable est légalement obligatoire. Le manque de consultation auprès des communautés constitue donc une violation.

En parlant aux habitants de la région minière, une phrase récurrente ressort lorsqu’on leur demande ce qu’ils souhaitent pour leur territoire : ‘’iAfuera!’’, c’est-à-dire : dehors les multinationales! Si l’exploitation continue de la manière dont elle se fait présentement, il ne restera ni terre à cultiver, ni eau à boire, ce qui met les populations en péril. Alors Afuera la AngloGold Ashanti et Afuera les multinationales!

Auteur.trice
PASC