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28/11/2019

Cinq gardes autochtones Nasa ont été assassinés le 29 octobre 2019 dans le département du Cauca dans le Sud de la Colombie. Ce massacre s'inscrit dans une vague d'assassinats qui touchent les régions les plus conflictuelles de la Colombie, des régions où les communautés s'opposent aux mégas projets énergétiques et exigent le droit à exercer le contrôle sur leur territoire. C'est le cas de la garde autochtone, qui à l'aide d'un bâton symbolique représentant l'autorité collective de la communauté, défendent leurs territoires de toutes les menaces qui mettent en péril la possibilité même d'y vivre. Tout semble indiquer que les responsables de ces morts serait un groupe dissident des FARC.

Face à la pression des assassinats politiques qui se multiplient, le gouvernement national a annoncé l'arrivée de 2500 soldats afin de collaborer avec les autorités traditionnelles. Les autorités Nasa restent ferme, elles interdisent la présence de tout acteur armé sur leurs territoires, ce qui inclut l'armée nationale dénoncée pour les exactions commises. L'assemblée communautaire, réunie pour définir comment affronter la situation, considère que le gouvernement est responsable de l'augmentation de la violence. Il s'agit d'une réponse face à l'annulation des programmes de substitution aux cultures de feuilles de coca qui, d'après les accords de paix avec les FARC, devaient permettre d'entrer dans une phase de transition afin de sortir la région de l'économie illégale.

Deux jours plus tard, quatre personnes étaient retrouvées assassinées dans le nord du département. Ces morts viennent s'ajouter à la longue liste de 660 leaders sociaux assassinés ces quatre dernières années. Le CRIC – Conseil régional autochtone du Cauca et la ONIC – Organisation nationale autochtone de Colombie exigent depuis le 31 octobre la démission du Ministre de la Défense.

Démission du Ministre de la Défense en plein scandale de violation du droit international humanitaire

Depuis plusieurs mois, la politique du Ministère de la Défense était décriée, dénonçant qu'elle alimentait la guerre, plutôt que la protection de la population. L'affaire remonte au 30 août dernier, comme à son habitude, le Ministre de la Défense a annoncé via Twitter une victoire militaire contre des dissidences des FARC dans le département du Caqueta. Les bombardements avaient laissé 15 morts. Cependant, en débat au parlement, un rapport de médecine judiciaire a établi que sept des corps appartenaient à des enfants et des adolescents, contredisant la version exposée devant les Nations Unies quelques semaines auparavant. Cette violation du droit international humanitaire a entraîné la démission du ministre le 6 novembre dernier.

Auteur.trice
PASC