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06/12/2011

L'arrivé de la minière canadienne Gran Colombia Gold nous plonge dans un état d'incertitude et de déstabilisation sociale sans précédents pour notre municipalité. Nous, les peuples autochtones, représentons 17% de la population de la municipalité et 56% de la population est afrodescendante. Nous dépendons tous de de l'exploitation minière pour la survie de nos familles. L'annonce en 2005 du méga projet d'exploitation à ciel ouvert a généré une crise ethnique, social et une crise de l'emploi à laquelle  ni le gouvernement national, ni la multinationale canadienne n'a proposé de solution. La Medoro Ressources, filiale de la Gran Colombia Gold, n'a jusqu'à présent, présenté aucun projet responsable en concertation avec la communauté de Marmato.

Parallèlement au développement du projet minier, nous avons observé :  

  • la spéculation financière qui est faite avec notre territoire et ses ressources sur les marchés internationaux,  
  • l'achat en vrac de mines puis leur fermeture subséquente et la destruction des machineries, laissant des centaines de mineurs au chômage;  
  • des mines abandonnées depuis plus de deux ans;
  • l'invasion du territoire par des dizaines de forage au diamant diminuant les réserves d'eau;  
  • la pression de la compagnie minière pour que soient modifié les règlements relatifs au zonage du territoire pour permettre l'éviction de la population et son déplacement afin de réaliser l'exploitation minière à ciel ouvert;  
  • tout cela en violation de la législation nationale et internationale (droits des peuples autochtones, pactes internationaux, Constitution colombienne).  


L'entreprise, en coalition avec le Ministère des mines et le gouvernement national, a entravé le développement de l'activité minière artisanale, activité économique traditionnelle de la municipalité (par exemple : interdiction de la vente de dynamite, décret qui rend impossible la vente et l'achat d'or sans titres miniers, entre autres choses).  
 

Les faits :  

 
Lors du premier Forum minier environnemental, réalisé le 21 novembre 2011, à l'initiative de la mairie de Marmato, le secrétaire du gouvernement départemental de Caldas, M. Henry Trujillo, annonçait que les autorités se réuniraient les 24 et 25 novembre à Marmato pour analyser la situation des mines. Le secrétaire du département a également assuré qu'il était hors de question que des mesures "de faits" soient prises à l'encontre des mineurs indépendants.  
 
Le 24 novembre, à 18h, des employés de l'entreprise (des gardes de sécurité armés) sont arrivés aux mines de Patacón, Carrizales et El Esfuerzo, accompagnés d'effectifs policiers, avec l'intention de fermer ces mines sans aucune autorisation légale ou ordre officiel des autorités compétentes. Ils ont procédé à la fermeture des mines et à la mise en place de mesures de sécurité pour bloquer l'accès à celles-ci (il est important de mentionner que la fermeture des mines s'est réalisée alors qu'il y avait des mineurs à l'intérieure de celles-ci).  
 
Lorsque les mineurs sont arrivés, le jour suivant, 25 novembre, ils ont réalisés que leurs lieux de travail étaient surveillés par les employés de la compagnie minière qui empêchent l'accès au tunnel menant aux mines. Depuis, l'Association des petits miniers s'est joint à la communauté autochtone de la municipalité pour assurer une présence dans le secteur El Manzano et empêcher la fermeture des autres mines. 


Nous exigeons :   

 

1. Le respect du droit au travail et du droit au territoire dans la municipalité de Marmato. Nous exigeons pouvoir poursuivre notre tradition de PETITE ACTIVITÉ MINIÈRE, que soient respectés nos emplois dignes et que soit prise en compte la tradition d'exploitation minière qui se développe depuis 500 ans dans notre municipalité et qui fait partie de nos cultures, de nos territoires, de nos identités.  
 
2.Que l'État déclare caduques les titres que la compagnie étrangère possède pour des mines qu'elle a abandonné depuis plus de 6 mois, tel que prévu par le Code minier.  
 
3.Que soient suspendues les poursuites administratives entamées par la compagnie à l'encontre des petits mineurs qui travaillent dans ces mines abandonnées et dont cette activité représente l'unique mode de subsistance.  
 
4.Que soient suspendus les tentatives d'éviction des mines;  
 
5.Qu'il soit interdit à la compagnie étrangère de s'attribuer des fonctions policières comme elle le fait via ses surveillants armés;  
 
6.Que soit établie une table de concertation où seront présents les hauts fonctionnaires du gouvernement national, le défenseur du peuple, la Direction des affaires ethniques du Ministère de l'intérieur, l'entreprise, l'Association des petits mineurs, la Communauté autochtone et le CRIDEC.  
 
7. La protection pour les leaders qui interviennent en faveur de la défense des droits des petits mineurs parce que nous savons qu'il existe un risque latent, à ce sujet, rappelons l'assassinat du prêtre.

Nous sollicitons la solidarité de tous les peuples autochtones,  des secteurs populaires et des organisations sociales du  pays pour défendre le territoire, le travail digne et la petite activité minière, le respect de Marmato en tant que patrimoine historique et culturel et les droits des communautés autochtones et afrodescendants de Marmato. Nous sollicitons la solidarité pour s'opposer au déplacement de la population et au projet anti-écologique que représente l'exploitation minière à ciel ouvert.  

 
Marmato, 30 de noviembre del 2011
Consejo regional indigena de Caldas
Cabildo Indigena Cartama del municipio de Marmato, Caldas
Asociación de pequeños mineros de Marmato

 

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Auteur.trice
Consejo regional indigena de Caldas