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05/04/2019

Le terme « extractivisme », qui vient d'« extraction », se réfère à une économie de l'offre et de la demande dans laquelle les ressources naturelles (minérales, pétrolifères, agricoles, animales, sylvicoles, etc.), considérées centrale à la richesse du pays, sont exploitées massivement, pour ensuite être vendues sur les marchés, habituellement internationaux, selon des prix déterminés par ceux-ci.

Le terme « extractivisme » fut originellement développé pour décrire l'économie de pays d'Amérique latine et du Sud global (extractivismo). Toutefois, il s'applique aussi aux « régions-ressources » du Québec dans les relations entretenues avec les compagnies étrangères et nationales et avec les instances gouvernementales. Ces communautés vivent une situation de dépendance à l'économie extractiviste, contrôlée par le marché. La situation économique et le développement de ces régions fluctuent selon la valeur attribuée aux matières exploitées : « L’extractivisme dépend de l’économie financière. En fait, les ressources qu’il se propose d’exploiter deviennent pertinentes qu’à partir du moment où les marchés internationaux annoncent des prix avantageux pour une denrée. Évidemment, quand les marchés chutent, les espoirs de développement d’une région ou d’un pays disparaissent aussitôt. » (Réf: Hébert, Guillaume et Simon Tremblay-Pepin. “Qu'est-ce que l'extractavisme?” IRIS. Février 2013. www.iris-recherche.qc.ca/blogue/quest-ce-que-lextractivisme)

Traditionnellement, les économies extractivistes étaient caractérisées par des enclaves développées autour du site d'extraction. Pensons à une ville comme Fermont construite pour une mine de fer ou le développement de la vallée de l'or en Abitibi. Pourtant, c'est l'économie entière de la province qui est basée sur l'extraction et l'exportation des ressources naturelles. Comme il y a exportation, le PIB augmente, ce qui laisse croire à la population qu'il y a croissance économique et que c'est bon pour tout le monde même si, en réalité, ce modèle crée très peu d'emplois et laisse beaucoup de dévastation derrière lui. Dernièrement, le gouvernement québécois a donné un exemple clair d'une gestion territoriale consacrée à l'extractivisme, avec le Plan Nord, un plan de développement énergétique, minier, forestier, bioalimentaire, touristique et du transport pour le Nord du Québec, prévu sur 25 ans, avec plus de 80 millions $ d'investissements. L'ancien Premier ministre Jean Charest clamait : « ses bienfaits se répercuteront à la grandeur du Québec, car ce grand projet, c’est d’abord celui de tous les Québécois. » Même chose pour les sables bitumineux de l'Alberta, probablement l'un des plus gros projets industriels dans le monde présentement, appuyé sans réserve par l'État canadien, malgré ses conséquences destructrices pour l'environnement et les populations locales (Pour plus d'informations, voir la page « Pour aller plus loin »).

L'extractivisme peut même être drapé de discours progressistes pour le légitimer, en prétendant par exemple contribuer à la lutte à la pauvreté et à payer les programmes sociaux. La Bolivie, l'Équateur et le Venezuela sont des exemples d'États progressistes ayant choisi l'extractivisme comme modèle de développement national, en collaboration avec des compagnies multinationales. (Voir : Gudynas, Eduardo. “Diez tesis urgentes sobre el nuevo extractavismo.” CLAES. Julio 2009. www.ambiental.net/publicaciones/GudynasNuevoExtractivismo10Tesis09x2.pdf En anglais : www.iadb.org/intal/intalcdi/PE/2010/04716.pdf )

Ce modèle économique est soutenu par un imaginaire de progrès et de croissance basé sur le développement. Il ne faut pas oublier que le Canada est l'un des plus importants joueurs dans le secteur minéro-énergétique mondial. En Amérique latine, la très grande majorité des multinationales minières et pétrolières qui imposent des projets d'exploitation des ressources naturelles aux communautés locales et aux travailleurs et travailleuses, sont canadiennes. (Référence : Alain Deneault et William Sacher. Paradis sous terre. Comment le Canada est devenu la plaque tournante de l'industrie minière mondiale. Écosociété : 2012. www.ecosociete.org/t159.php )


Textes complémentaires :

Le Canada : de colonie à métropole / How did Canada become a mining power ?

Form of resistance in Latin America

Eau et extractivisme / Water, Extractavism and Social Conflic

Acceptabilité sociale et extractivisme / Extractavism and Social Acceptability

Social and Environmental Effects of Extractavism

 

Auteur.trice
PASC