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25/04/2016

Le 30 juin 2015, Emgesa a procédé au remplissage du réservoir du barrage “El Quimbo”, autorisé par l’Autorité nationale de permis environnementaux (Autoridad Nacional de Licencias Ambientales – ANLA) malgré l’avertissement fait par le Contrôleur au sujet des défauts géotechniques et de la sismicité induite, malgré la Résolution 0759 du 26 juin 2015 n’ayant pas été signée, et sans tenir en compte l’étude contractée par Emgesa, à la demande de l’ANLA, avec le Groupe de Limnologie Amazonique de l’Université Nationale de Colombie coordonné par Santiago Duque, qui avait recommandé que “la biomasse soit retirée dans sa totalité du réservoir du barrage pour minimiser les impacts environnementaux néfastes et éviter la dégradation de la qualité de l’eau dans la rivière Madgalena”.

L’ANLA a autorisé le remplissage sans remplir ses obligations économiques, sociales, environnementales et culturelles établies dans le Permis environnemental, parmi lesquelles figure la restitution de 5200 hectares en production, les délocalisations sans les conditions établies, telles que la légalisation des Plans d’organisation territoriale comportant des projets productifs avec des garanties de commercialisation, des systèmes d’irrigation, de l’eau potable, les engagements environnementaux enregistrés par la CAM, la conservation du patrimoine arquéologique et le rejet de l’Arrêt T-135 de la Cour Constitutionnelle qui a ordonné un nouveau recensement des affecté-e-s, entre autres.

Le gouvernement de Santos, s’appuyant sur un concept de l’ANLA basé sur le fait que Emgesa avait rempli la totalité des exigences du Permis et avait retiré 99% des résidus végétaux, a décrété le début de la production d’électricité en faisant fi de l’ordonnance judiciaire qui avait imposé comme mesure de précaution la suspension de cette production pendant qu’on retirait la biomasse du bassin du barrage, ordonnance qu’avait invalidé la Cour constitutionnelle.

Paradoxalement, et devant les preuves et plaintes formulées par Asoquimbo, la CAM et le gouvernement de Huila, dirigé par Carlos Julio González, la ANLA a reconnu que le remplissage et les actions postérieures de l’entreprise El Quimbo avaient été réalisées sans respecter tous les prérequis établis par le Permis environnemental. En conséquence de cela, via la Résolution No. 381 du 7 avril 2016, elle a imposé à Emgesa une sanction pécuniaire de 2.503’257.650 pesos pour «ne pas avoir fait progresser les activités de repiquage, d’empilage et d’élimination du bois et de la biomasse produits par l’exploitation forestière dans le bassin du barrage.»

La mesure prise sera possiblement contestée par Emgesa, parce que l’ANLA avait non seulement autorisé le remplissage du bassin du barrage, mais qu’elle avait aussi affirmé que Emgesa avait rempli tous les prérequis établis dans le Permis Environnemental, parmi lesquels figure le retrait de la biomasse.

La Corporación Autónoma del Alto Magdalena a déclaré qu’ «aucune sanction, peu importe sa valeur, ne pouvait compenser le dommage environnemental causé au département de Huila par la compagnie Emgesa alors qu’elle n’a pas retiré la biomasse avant d’effectuer le remplissage du barrage El Quimbo.» Elle ignore toutefois que déjà en 2012, Asoquimbo avait remis un rapport au Contrôleur, l’obligeant à réaliser une étude sur les graves impacts économiques, sociaux, culturels, environnementaux, concluant que Emgesa, à cette époque, avait déjà causé des dommages dépassant 352.000 millions de pesos.

Aujourd’hui, ces dommages ne sont pas seulement irréparables mais aussi non quantifiables, et c’est pour cette raison qu’Asoquimbo s’oppose radicalement à la construction du barrage. Cette position est appuyée par le rapport intitulé «¿Es ‘El Quimbo’ Tecnicamente Viable’?» (‘El Quimbo’ est-il techniquement viable?) élaboré par le scientifique Kashyapa A. S. Yapa (Ph.D. en Génie Civil – UC Berkeley) en 2013, et dont une des conclusions signalait que : «La plus grande préoccupation environnementale du projet El Quimbo est le manque d’oxygène et les basses températures dans le fond du barrage, qui ne détruit pas seulement la vie aquatique à cet endroit mais également celle en aval de la rivière et de La CHB. L’EIA rejette ces préoccupations, se fiant d’une manière douteuse aux données d’un modèle et étant incapable de s’adapter aux situations réelles.» Cette étude a été remise à la ANLA et à l’Autorité Nationale d’Aquaculture et de Pêche.

Maria Lourdes Zimmermann et Alberto Castaño ont signé durant la Semaine Durable Un desastre forestal llamado Quimbo («Un désastre forestier appelé Quimbo») qui dénoncait le fait que les «scandales environnementaux et sociaux qui ont entouré le projet de El Quimbo sont loin d’avoir mené à sa fin. 3000 hectares de forêt sèche peuvent être défrichés de manière illégale sans que soit pris en compte l’interdiction concernant les espèces durant le processus d’octroi du permis.»

L’ANLA n’est pas seulement responsable de l’écocide causé par El Quimbo mais également de ses actions en faveur des intérêts des entreprises transnationales, ce qui est démontré aujourd’hui par la délivrance de la Résolution 0286 du 18 mars 2016 qui autorise l’exploitation par l’entreprise Hupecol de 150 endroits différents, ce qui, de l’avis des habitants de La Macarena, provoquera un désastre environnemental d’une grande magnitude. De plus, on dénonce le fait qu’un des sites affectés sera la rivière Caño Cristales, reconnue mondialement pour ses cinq couleurs.

L’ANLA agit de manière contraire au Plan intégral de gestion du secteur Río Losada– Caño Perdido, qui, par le biais de la Résolution 585 du 30 décembre 2015, avait interdit les activités pétrolières dans la zone donnée à Hupecol pour ses explorations.

Le présent Juan Manuel Santos et le ministre de l’Environnement, Gabriel Vallejo, ont assuré que le permis d’exploration avait été suspendu. Néanmoins, les communités exigent de l’ANLA la dérogation de la Résolution 0286 du 28 mars.

 

Source : Comité pour les droits humains en Amérique latine

Auteur.trice
PASC