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20/02/2012

Les opérations ont repris leur cours à la mine La Caypa au nord de la Colombie après qu’une intervention policière ait eu lieu pour mettre fin à une grève “illégale”, selon un communiqué émis par Pacific Coal lundi.
L’accès à la mine, située dans le département de Guajira, est bloqué le 22 janvier par des machineries lourdes installées par des employés d’une entreprise de sous-traitance. Cette action est le résultat d’une dispute entre le sous-traitant OPM et le syndicat des travailleurs. Dans un communiqué antérieur, Pacific Coal affirme qu’ils ne sont pas impliqués dans la dispute à caractère litigieux.

La compagnie canadienne juge cette grève illégale parce qu’elle “retient la propriété privée (l’équipement minier et l’infrastructure),
occupe des locaux privés, et empêche l’accès à la mine.”

Le retour au travail s’est effectué samedi matin après que les autorités locales municipales de Barrancas aient mandaté le retrait
du personnel non-autorisé, mandat qui fut exécuté par la police locale.

Pacific Coal confirme que la police restera en poste à la mine la semaine qui suit le retour au travail.

Sources : Colombia Report

Traduction PASC

Répression violente de la grève des mineurs

Les employés de la mine de charbon La Caypa située dans La Guajira, au nord de la Colombie, sont en grève depuis le 27 janvier afin de manifester leur désaccord face au salaire dérisoire et aux conditions difficiles. La grève démontre à quel point les relations de travail sont devenues complexes en Colombie. Elle démontre également que le gouvernement agit en faveur des employeurs dans la majorité des différends plutôt que de remplir son rôle de médiateur.
La mine La Caypa produit quelque 2 million de tonnes de charbon par année, pour un montant de 160 million de dollars US. La mine appartient à Carbones Colombianos del Cerrejon, qui sous-traite les opérations minières à Obras Proyecto Mineria (OPM), qui de sa part sous-traite l’emploi du personnel à Gente Estrategica (GE) et Gente Caribe (GC). Les compagnies GE et GC engagent 240 mineurs et d’autres mineurs qui travaillent à la mine. Certains mineurs travaillent à contrat de sous-traitance depuis plus de 15 ans sans aucune stabilité d’emploi.

Les mineurs de La Caypa sont payés moins de la moitié du salaire des autres mineurs de la région. Ils ne sont pas payés d’heures supplémentaires et travaillent douze heures par jour, huit jours d’affilé, suivi de trois jours de congé. Les travailleurs indiquent que les normes de santé et de sécurité ne sont pas respectées. Les accidents sont si fréquents que les employés veulent avoir une ambulance sur-place, étant donné que la mine est située à douze kilomètres de la ville, par route non revêtue. De plus, les travailleurs se plaignent de la qualité médiocre de la nourriture fournie. Ceci exacerbe l’insécurité de l’emploi des mineurs qui travaillent à contrat de sous-traitance.


Le différend débute le 1er octobre 2011, lorsque le syndicat SINTRAMIENERGETICA présente les revendications des travailleurs. Les négociations arbitrées par le ministère du Travail ont lieu de la fin novembre au 7 janvier, date à laquelle les agences de travail GE et GC se retirent des discussions, expliquant que leur statut de sous-traitants les empêche de pouvoir réglementer le salaire et les conditions dans la mine. Le 2 janvier 2012, vingt-cinq employés syndiqués sont congédiés. Les travailleurs votent d’aller en grève le 16 janvier 2012.


Le syndicat SINTRAMIENERGETICA affirme que le problème remonte à Carbones de Colombia, puisque ce sont eux les propriétaires, plutôt qu’OPM qui ne fait que gérer. Par contre, Carbones de Colombia refuse toute participation aux discussions. Le ministère du Travail n’est pas autorisé à inspecter la mine La Caypa, mais au lieu d’engager des poursuites contre les propriétaires, il demande à la police anti-émeute de mettre fin à la grève.
Dimanche, la police anti-émeute ESMAD a réprimé la grève de manière violente au moyen de bâtons et de gaz lacrymogène. Un travailleur dénommé Luis Jorge Torres a été hospitalisé.


La situation démontre que les droits des travailleurs sont brimés en résultat de l’action conjointe des employeurs, des propriétaires et des sous-traitants. La faute est passée sans cesse d’un bord à l’autre, tandis que le ministère censé arbitrer les différends manque à son rôle constitutionnel et ignore les abus commis par les propriétaires. Ceci représente une violation directe des obligations internationales de la Colombie, y compris celles auxquelles la Colombie s’est engagée en avril 2011 lorsqu’elle a signé le Plan d’action du travail dans le cadre de la signature de l’Accord de libre-échange avec les États-Unis.

 

Sources : Justice For Colombia,

Traduction PASC

Auteur.trice
Charles Parkinson