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01/11/2009
Paru en anglais dans le caillou dans le soulier Numéro 7 En espagnol Plus de 1000 personnes extradées pendant l’ère du président colombien Uribe : une marque de fierté de laquelle il se vante régulièrement. Une question de nostalgie pour des milliers de familles qui ont dû souffrir par le déracinement de leurs proches. Une honte pour le système judiciaire colombien qui est incapable ou qui refuse de juger ses propres citoyens. Une déception pour les citoyens des États-Unis qui regardent l’inondation de leurs prisons par des supposés « barons de la drogue », même si le profitable narco-trafic continue en force en Colombie, produisant des masses de cocaïne pour les rues de New York, Miami, Los Angeles et Washington. Et une insulte contre le peuple colombien qui est devant, encore une fois, un gouvernement qui ne répond pas à ses besoins mais plutôt aux intérêts de gouvernements impérialistes. Une réflexion logique s’impose : Est-ce que les politiques anti-drogue, conduites par les intérêts de l’impérialisme nord-américain, aurait peut-être échoué ? La réponse est clairement oui. Au congrès américain, les républicains et les démocrates ont uni leurs efforts pour commencer le processus de révision de leurs politiques anti-drogue en Colombie. Portez bien attention au fait que les deux partis (Démocrate et Républicain) ont approuvé un projet qui vise à créer une commission de figures bien connues qui devront superviser l’exécution de la stratégie anti-narcotique. Eliot Engel, président du sous-comité de la chambre pour l’hémisphère ouest, et Connie Mack, la républicaine la plus haut gradée de ce comité, ont annoncé qu’il est temps de créer une nouvelle stratégie pour leurs politiques anti-drogue en Amérique latine. Cette affirmation indique que les individus aux plus hauts niveaux du pouvoir impérialiste sont conscients que le raisonnement derrière la supposée « guerre contre la drogue », qu’ils ont justifiée au point d’intervention militaire en Colombie, n’est pas soutenable. Cela les obligera à expliquer certains aspects de leur stratégie interventionniste, même si nous savons que l’intervention directe continuera car cela fait partie de leur nature. À preuve, on n’a qu’à se souvenir que le président Uribe a accepté, sans objection, des accords de coopération militaire avec le gouvernement américain, incluant le stationnement permanent de troupes aériennes, navales et de bases militaires, en plus de l’immunité des militaires américains en Colombie. Il est important de noter que non seulement la pratique de l’extradition et la présence des bases militaires américaines en Colombie, mais aussi les accords du « libre » échange et la (violente et légale) répression des rebelles font partie de la même stratégie pour garantir le contrôle impérialiste, non seulement en Colombie mais partout en Amérique latine. Le temps est arrivé de produire une campagne solide qui démontre aux gouvernements de l’Amérique du Nord et au reste du monde qu’un grand pourcentage, sinon tous, de ceux qui sont extradés par le gouvernement colombien sur des accusations de trafic de drogue, ne sont pas les grands barons de la drogue qu’on aimerait qu’ils aient l’air, non plus sont-ils les propriétaires des compagnies d’exportation de drogue colombiennes. Le fait que les vrais barons continuent leur travail sans embûches et que ces barons ont été étroitement liés au paramilitaire, à la classe gouvernante de Colombie et au cartel des trois lettres (lire : DAS, l’agence d’intelligence du gouvernement) en est la preuve. Le temps est arrivé de dénoncer que le président Uribe, aujourd’hui, extrade des citoyens colombiens qui n’ont même jamais envoyé un gramme de cocaïne aux Etats-Unis et permet aussi le jugement de narco-paramilitaires dans les cours américaines, afin de cacher les liens que le gouvernement colombien et ses institutions ont avec ces groupes criminels. De telles pratiques créent plusieurs victimes. La société, la législature et le système judiciaire colombiens doivent agir sur cette situation. L’extradition est le synonyme de la dépendance colombienne sur les pouvoirs impérialistes, ce qui revient à dire que c’est un plus gros problème : elle sert aussi à taire la vérité et la rébellion, et tandis qu’elle est un fait accompli pour certains, elle demeure une menace pour ceux qui restent. Aujourd’hui les gouvernements d’Amérique du Nord et de Colombie disent que l’extradition sera utilisée dans la « guerre contre le terrorisme » et, selon cet usage, l’extradition de membres des groupes insurgés des FARC (Forces révolutionnaires armées de Colombie) et de la ELN (Armée de libération nationale) est justifiée, dans le but d’étouffer l’esprit de lutte du peuple colombien. Mais la persécution de tous ceux qui ne sont pas du côté du gouvernement a aussi été justifiée sous la bannière du « terroriste ». Il n’y a pas que la gauche en Colombie qui est sujette à persécution, mais plutôt quiconque se rebelle contre la aplanadura Uribista : ce que certains ont appelé l’écrasement de toute dissidence du président Uribe. Jose Obdulio Gaviria, porte-parole du gouvernement colombien, affirme, dans sa rubrique d’opinion, que quiconque critique et s’oppose au gouvernement est allié avec le terrorisme, pardonne le terrorisme, est un idéologue du terrorisme et sera certainement traité en terroriste. Les accusations publiques contre l’opposition basées sur cette théorie malveillante de ce régime fasciste amèneront beaucoup de gens à subir les conséquences de la «guerre contre le terrorisme» qui pourraient, en vertu de cette logique, être extradés. Il est clair que cette lutte contre le terrorisme est une autre excuse pour justifier la répression et la limitation des droits humains. La justification de l’extradition de colombiens aux Etats-Unis est la même justification utilisée par le président Uribe pour outrepasser sa capacité discrétionnaire dans la navigation des relations externes et signer un accord avec le gouvernement américain qui permet de stationner des troupes et des équipements militaires en Colombie, ce qui va évidemment beaucoup plus loin qu’une simple addition aux accords et traités signés en 1959. Voici les motivations réelles de la politique d’extradition des gouvernements américain et colombien : garder le contrôle et « s’assurer de la sécurité de l’hémisphère », tel que mentionné dans la « Stratégie pour l’Amérique latine jusqu’à 2013 » du Comando Sur. C’est pour cette raison que l’extradition et la dépendance de la Colombie sur des intérêts impérialistes doivent cesser. Une voix de courage de ma prison pour toutes les victimes colombiennes d’extradition Force, résistance et dignité EFRAIN GUERRERO SANCHEZ Prisonnier politique Combita, Novembre 2009. traduit par Catherine Kendler
Auteur.trice
Efrain Guerrero Sanchez, prisonnier politique