Les mobilisations de la “Minga Indígena Social y Popular” ont commencé il y a deux jours et se déroulent à la grandeur du pays. Les peuples autochtones se sont déployés en manifestations pacifiques sur tout le territoire national afin de faire valoir leurs positions en faveur d'une véritable défense de la Vie, du Territoire, de l'Autonomie et de la Souveraineté.
Avec une présence dans 17 départements du pays, la “Minga Indígena” a réussi à attirer l'attention de la société, des médias de communication nationaux et internationaux, des organismes de défenses des droits humains et des organisations sociales qui se sont unies a la juste cause défendue par les peuples autochtones.
Paradoxalement, alors que des milliers d'autochtones étaient gagnés par l'enthousiasme et la ferveur des mobilisations ayant lieu dans différentes régions du pays, plusieurs “actions urgentes” étaient publiées pour dénoncer les attaques et affrontements générées par la force publiques dans différentes zones du territoire.
Violations au droits dans le département de Sucre
L'Organisations nationale autochtone de Colombie (ONIC) a présenté une “action urgente” devant la Defensoría del Pueblo, la Procuraduría Genera de la Nación, la Personería Municipal de Sampués (Sucre) et les autres organismes gouvernementaux compétents pour porter à leur attention les graves abus commis à l'encontre des manifestants du Peuple Zenú par les agents de l'Ordre sur la route Caribe.
Selon des informations vérifiées, la matin du mardi 15 octobre, près de 1500 personnes du Peuple Zenú se sont mobilisées dans le cadre de la ‘Minga Social, Indígena y Popular’. Les manifestants se sont dirigés vers Piedras Blancas dans la municipalité de Sampués (département de Sucre). Selon les autochtones, l'armée les aurait menacé de recourir à la force pour restreindre la mobilisation pacifique du Peuple Zenú, motif pour lequel, la ONIC a lancé un cri d'alarme pour protéger la vie et l'intégrité physique des quelques 1500 autochtones qui se trouvaient alors sur la route Caribe.
Alertes au Choco
Une demande a été présenté devant la Defensoría Nacional pour que soit activé le Système d'Alertes Préventives (Sistema de Alertas Tempranas) afin de garantir les droits à la vie, à l'intégrité et à la liberté ainsi que l'autonomie, l'identité et la libre circulation des Peuples autochtones Emberá Chamí, Emberá Katío et Emberá Dobida, lesquels ne pouvaient pas se mobiliser en raison du “paro armado” dans cette région [ ndt :“grève armée”, blocages réalisés par des acteurs armés qui paralysent ainsi un territoire].
Le Defensor del Pueblo a été sollicité afin que les autorités civiles, policières et militaires soient informées de la situation que doivent affronter les Peuples autochtones des départements du Chocó, d'Antioquia et de Risaralda.
Menaces dans le département de La Guajira
Les organisations locales YANAMA, PAINWASHI, WAYAWAYUU, MAYABANGLOMA et ACCIWASÚ du Peuples Wayúu ont reçu de graves menaces dans le cadre de la ‘Minga Social, Indígena y Popular’. Ces organisations ont dénoncé les faits suivants.
Alors qu'elles exerçaient leur droit légitime à la manifestation pacifique dans le secteur du Paradero (municipalité de Albania), un accident s'est produit avec un train de la compagnie CERREJON. Les fonctionnaires ont profité de cette conjoncture pour calomnieusement mettre en relation ce fait isolé avec les mobilisations de la Minga.
Obstruction de la manifestation dans le département du Huila
Le Conseil régional autochtone du Huila a dénoncé la rétention injustifiée de milliers d'autochtones le lundi 14 octobre. Des autochtones de 23 communautés se mobilisaient alors en voiture et mini bus sur la route reliant le village de La Plate à la ville de Neiva lorsque un groupe de la force publique (policiers, antiémeutes et militaires) leur ont bloqué le passage malgré le fait qu'ils détenaient les permis émis par la Secrétariat gouvernementale du Département autorisant cette manifestation.
La rétention des autochtones a duré 6 heures. À 12:15, les forces de l'Ordre ont permis à la manifestation de continuer en escortant celle-ci jusqu'à l'endroit où attendait un autre escadron de l'ESMAD (police antiémeute).
Menace contre la leader Kankuama
La ONIC a rendue publique la situation de menaces vécue par la leader du Peuple Kankuamo, Mme Orfelina Mercedes Carrillo Muñoz, qui s'est démarqué par sa participation active à la ‘Minga Social, Indígena y Popular’. Le dimanche 13 octobre 2013 à 20:25 pm, la leader Kankuama a reçu un message texte sur son cellulaire, lequel contenait des propos menaçant.
Cette situation a mis en alerte les autorités du Peuple Kankuamo puisqu'il s'agit de la troisième menace que reçoit la leader autochtone. Ces actes d'intimidations ont été porté à la connaissance des autorités compétentes sans aucun résultats.
Autres actions
L'Organisation National Autochtones de Colombie (ONIC) a également lancé une “alerte préventive” pour garantir la protection des peuples autochtones qui se mobilisent actuellement dans le cadre de la ‘Minga Social, Indígena y Popular’ avec une attention particulière aux mouvements organisés par : le Consejo Regional Indígena de Caldas (CRIDEC); la Organización Regional Indígena del Valle del Cauca (ORIVAC); la Asociación de Cabildos Indígenas del Valle - Región Pacífica (ACIVA - RP); la Organización Regional Indígena del Quindío (ORIQUIN); le Consejo Regional Indígena de Risaralda (CRIR) et la Asociación de Cabildos Indígenas Embera, Wounaan, Katío, Chamí Tule du département du Choco (ASOREWA) et la Organización Regional Indígena de Casanare (ORIC). Ces organisations se mobilisent dans les départements de Caldas, de Valle, du Cauca, du Choco et de Risararlda.
Actions violentes dans le département Valle del Cauca
Dans le cadre de la “Minga Social, Indígena y Popular” les organisations locales ORIVAC et ACIVA, membres de l'ONIC, se sont réunies dans la rue à 9 heures du matin. Ces deux organisations se sont rejointes plus précisément à la Delfina, au kilomètre 72 de la route de Buenaventura en vue d'exercer leur droit légitime de manifester pacifiquement en marchant d’un seul côté de la route.
Un groupe de la garde autochtone resta à cet endroit. Un autre groupe décida alors d’aller les chercher. Ce groupe de moins de 50 personnes a lors été intercepté par des membres de l’ESMAD (police antiémeute) et de l'armée qui les ont retenu et les ont menacés de leur armes.
Les militaires ont utilisé leurs armes à feux de façon indiscriminée contre les marcheurs de la garde autochtone qui se trouvaient ainsi retenus. Cet usage excessif de la part des forces de l'Ordre met en évidence les violations aux droits humains et les infractions au droit humanitaire international dont elles sont responsables.
On rapporte 25 personnes gravement blessées et deux autochtones capturés motifs pour lesquels les autorités autochtones considère qu'il s'agit d'un état d'urgence.
Sans tenir compte du fait que les manifestants se soient retirés par eux-même ni prendre en compte leur volonté de négocier pour mettre fin aux hostilités, la force publique a poursuivi ses attaques jusqu'à très tard dans la nuit. Bien que les membres des forces de l'Ordre avaient déplacé la communauté hors de voie publique, ils prétendaient néanmoins entrer dans la Réserve pour continuer leurs attaques. Il semble donc évident que la force publique, avec à sa tête l’Armée nationale et l’ESMAD, est responsable de graves violations aux droits humains des peuples autochtones, provoquant par le fait même de graves impacts individuels et collectifs.
Au moment d'écrire ce bilan, les communauté AWÁ de la Réserve de El Palmar de Ricaurte (département de Nariño) ont décidé de se retrouver sur la voie publique à l'instar d'un important groupe d'autochtones Emberas dans la municipalité de Apartadó.
Consejería de Derechos de los Pueblos Indígenas, Derechos Humanos, DIH y Paz
Organisation Nationale Autochtones de COLOMBIE , ONIC
derechoshumanos@onic.org.co
Pour plus d'informations : Luís Fernando Arias, Conseiller majeur de la ONIC 318 3501737.
AUTORITÉ NATIONALE DU GOUVERNEMENT AUTOCHTONE