De Ver 407
Commission Intereclesial de Justicia et Paz Bogotá, 19 décembre 2007
LE GOUVERNEMENT NATIONAL ET L'ENTREPRISE MURIEL MINING CORPORACIÓN CRÉENT DE FAUSSES ATTENTES DE PROGRÈS DANS LES COMMUNAUTÉS INDIGÈNES ET AFRODESCENDANTES
Les communautés d’Embera Oibida de l'Alto Guayabal Coredocito et d’Urada du bassin de la rivière Jiguamiando se prononcent contre l'exploration et l'exploitation minière en territoire indigène. L'objectif du projet en question, Mande Norte, est l'exploitation du cuivre, de l’or, de sous-produits miniers tels le molybdène, la pyrite, la pyrite calcaire, le bore et le carbone présents dans 3 zones, celle de Quebrada La Rica, de Taparos -Batatal- et Jarapetó, dans la juridiction de Carmen del Darién (Chocó), et une dans Murindó (Antioquia). Ce projet d'exploitation minier s'étendrait sur 16 000 hectares considérés comme exploitables, mais qui sont en même temps des territoires occupés ancestralement par des communautés indigènes et d'origine africaine. Depuis 1975, les territoires de ces communautés ont été la cible de multinationales privés qui ont réalisés des études pour l'Institut colombien de la géologie et des minesb – Ingeominas, entre autres la CYPRUS Minera de Panamá. Le projet minier a ainsi commencé ses travaux d'exploitation grâce à la minière américaine ANTACORI CORPORATION, à l'entreprise cubaine GEOMINERA, et, depuis 2005, grâce à la MURIEL MINING CORPORATIÓN, MMC, à qui neuf titres miniers ont été octroyés, leur permettant d'explorer et d'exploiter le sous-sol à travers des contrats de concessions minières. Ces contrats miniers sont cédés par le Ministère des Mines et de l'Énergie, et confèrent aux bénéficiaires, dans ce cas la MMC, le droit exclusif d’extraire le minerai, de développer des infrastructures et le transport des produits, et ce pour 30 ans, comme établi par le Code minier, a partir de l'inscription obligatoire au registre minier. Les communautés indigènes et le Conseil communautaire majeur du Jiguamiandó se sont fermement prononcés à propos de ce contrat en manifestant NON A L'EXPLORATION et L'EXPLOITATION du projet Mandé Norte. Même si l'entreprise a affirmé qu'il n'y aurait pas d'incursions dans le Usa Kira Ubicado et dans la région de la région indigène Embera de Urada du Jiguamiandó, dans une région appelé Alto Guayabal, l'exploitation minière prévue sera présente sur 11 000 hectares de territoire qui appartiennent a cette population locale, causant de graves déséquilibres autant au territoire qu’à l'identité régionale. Dans les multiples impacts potentiels de ce projet minier se trouve la contamination directe de “las cabeceras de los ríos”, des sources d'eau d'où les communautés puisent l'essentiel de leur consommation. Cette contamination affectera directement la santé humaine et les cultures alimentaires essentielles aux communautés, ainsi que les animaux, signifiant la perte directe de la base même de leur économie de subsistance, ainsi que la perturbation de leur existence. Une exploitation minière de 30 ans, qui est la durée du contrat accordé à ce projet, signifie une perte certaine de territoire indigène au profit de l'entreprise, ce qui est un argument de poids des communautés pour refuser ce projet minier. Les communautés touchées ont manifestées au gouvernement national et aux entreprises impliquées leur désaccord à tout projet qui n'impliquerait pas une consultation de tous les acteurs sans exception. La Direction des ethnies du Ministère de l'Intérieur et de la Justice, qui est une entité compétente pour administrer une consultation préalable à ce type de projet, a antérieurement réalisé 3 réunions. La première a eu lieu en mars 2006, à laquelle suivirent une en juin 2006 et une autre en septembre 2007, où 10 délégués furent invités par communauté. Sans aucun doute, la procédure de consultation préalable n'a pas été réalisée de manière adéquate. Il n'y eut pas une participation de toute la communauté, ce qui ne respecte pas les critères de la convention 169 de l’OIT, qui signale ''que ce n'est pas suffisant de parler avec seulement quelques habitants, ce qui ne représente pas l'opinion de la majorité, ce qui rend cette consultation non conforme. Le principe de représentativité n'a pas été respecté et le consentement complet n'a pas été obtenu, les intéressés n'ayant pas été pleinement informés.’’ Lors de la réunion de septembre 2007, dans la municipalité de Carmen del Darien, un document intitulé ''Proposition des communautés indigènes à la réunion de la consultation préalable convoquée par le Ministre de l'Intérieur et de la Justice (sic) et la Direction Nationale des Etnies pour être analysée par l'entreprise minière La Muriel dans la phase d'exploration du projet mandé norte'', a commencé à circuler. Ce document incluait les prochains points : le Cerro Careperro ne serait pas touché, il n'y aura pas de contamination de l'eau, le mode de vie et les traditions culturelles des communautés indigènes ne seront pas touchés, il y aura pas de dommages écologiques fait à la faune et aux cultures, et la main d'oeuvre devra venir de la communauté; les résultats des études avec les communautés seront publiés, il y aura des dédommagements accordés aux communautés et un appui de l'entreprise au développement de projets qui amélioreront les conditions de vie des communautés indigènes. Ce document prétendait être protocolaire, c'est-à-dire qu’il devait être nécessairement signé par les participants aux réunions pour que l'étape d'exploration du projet minier soit initiée. Bien sûr, la communauté ne fut pas d'accord, s’ayant déjà montré en désaccord avec toute forme d'extraction minière, en plus qu'en réunion il n'y avait pas présence de tous les intéressés. De plus, l'entreprise Muriel Mining Corporación a poursuivi le dialogue avec les membres des communautés et a écrit des comptes-rendus de réunions qui n’ont pas eu lieu, où ces membres signent des ententes avec l’entreprise. Ces accords sont invalides et ne suivent pas la procédure, et ont été manipulés par les intéressés dans le processus du projet. Ces accords réalisés entre quelques membres des communautés et l’entreprise prétendent se négocier sans consensus, sans consultation préalable, sans garanties réelles; des droits que la constitution de l’État garantie normalement au peuple indigène et de descendance africaine. Devant cette absence de garanties et de clarté dans les procédures, ainsi que le non respect du droit de tenir une consultation préalable, les communautés indigènes de Resguardo Urada-Jiguamiandó se sont prononcés. En février prochain, les communautés noires du Conseil Majeur du Jiguamiandó, les indigènes Emberas du Coredocito-Alto Guayabal, Urada et plusieurs autres affectés par ce projet, réaliseront une consultation interne pour définir les initiatives avec lesquelles affronter les actes brimant leurs droits initiés par le gouvernement ou les entreprises privés.Commission Intereclesial de Justicia et Paz Bogotá, 19 décembre 2007