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29/07/2021

LE CONSEIL RÉGIONAL INDIGÈNE DE CALDAS -CRIDEC- EN USAGE DE SES FACULTÉS LÉGITIMES ET LÉGALES CONFÉRÉES PAR LA LOI, LE DROIT D'ORIGINE, LE DROIT MAJEUR, LE DROIT PROPRE, LA CONSTITUTION POLITIQUE, LES CONVENTIONS INTERNATIONALES ET AUTRES RÈGLEMENTS EN VIGUEUR.

NOUS DÉNONÇONS ET AVERTISSONS

Devant le défenseur du Peuple, des groupes de défense des droits humains, le Ministère de l'Intérieur, la Vice-Présidence de la République, le Congrès de la République, le Bureau du Procureur Général, et le Bureau du Gouverneur de Caldas.

LA DISPARITION FORCÉE, TRAITEMENT CRUEL ET DEGRADANT ET MEURTRE DE L'ENFANT INDIGENE EMBERA CHAMI ANDRES CORDOBA TAMANIZA.

Faits :

Le 22 mai, aux heures du matin, le membre de la communauté Andrés Córdoba Tamaniza a disparu dans le secteur de La Graciela, juridiction de la municipalité de Belalcázar, dans la région de Caldas, Colombie. Depuis ce jour, la communauté et la Guardia indígena1 le recherchent, sans trouver aucun indice qui prouve qui soit encore en vie.

Il est important d'informer qu'Andrés était un membre actif de ce territoire autochtone, Totumal, et qu'il a participé à la Minga et à la grève nationale depuis le 28 avril jusqu'au jour de sa disparition. De plus, la communauté de Totumal a un lourd passé de violations des droits humains : il y a six ans, un ancien gouverneur a été assassiné, et la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) lui a accordé des mesures de précaution ; il y a quatre ans, deux membres de la communauté ont été assassinés sur le territoire ; et ces deux dernières années, les dirigeants ont été persécutés en raison de plaintes déposées auprès du ministère public et du bureau du procureur concernant le transit de drogues.

D'autre part, nous dénonçons les menaces constantes à l'encontre des membres de la communauté de la part de certains propriétaires fonciers et hommes d'affaires voisins qui génèrent constamment un discours raciste, menaçant et discréditant à l'égard de l'organisation indigène et des membres de la communauté. Et aussi que ces derniers mois, les maisons des dirigeants ont été harcelées par des inconnus dont les intentions nous sont inconnues.

En appliquant l'autonomie que nous donne la Constitution politique, nous nous sommes organisés pour faire face à cette situation très douloureuse pour la communauté, mais la communauté est horrifiée et effrayée, nous espérons l'aide des organismes municipaux, départementaux et nationaux pour prendre des mesures énergiques, nous alertons le ministère public et les défenseurs des droits humains pour qu'ils répondent à l'appel que la communauté lance aujourd'hui.

Exigences :

1- Au gouvernement national de garantir la vie et les droits humains des dirigeants et de la communauté indigène en général.

2- Au bureau du procureur général de désigner un groupe spécial pour enquêter sur la disparition du membre de la communauté ANDRES CORDOBA TAMANIZA.

3- Aux porte-paroles de la grève nationale d'intercéder pour la recherche de ce minguero dont on ignore aujourd'hui où il se trouve.

Partie de la plainte que le CRIDEC et le Cabildo du Resguardo de Totumal ont déposée le 25 mai 2021 :

Le mineur Embera Chami, Andrés Cordoba Tamaniza, avait participé à la protestation sociale de la Minga et le Paro, c'est pourquoi sa disparition a été signalée très tôt. Malheureusement, 10 jours plus tard, son corps démembré a été retrouvé dans le fleuve Cauca. Andrés a subi des tortures, des traitements cruels et dégradants, une disparition et un homicide brutal. C'est avec un grand étonnement et une profonde tristesse que nous avons reçu la nouvelle, le 21 juillet de cette année, de la participation des forces de sécurité.

Le peuple Embera de Caldas exprime son indignation quant à la manière dont ces événements se sont déroulés. Nous n'acceptons pas que des violations des droits humains continuent d'être commises par des groupes racistes et discriminatoires et par des fonctionnaires tels que les forces de sécurité, qui sont responsables de la sauvegarde des droits humains. Ce qui est arrivé à Andres Cordoba n'est pas un incident isolé, cela s'est passé au moment de la grève nationale et de la Minga, dans d'autres régions du pays il y a également eu des assassinats et des disparitions, c'est pourquoi l'analyse doit être contextualisée.

Cet événement a perturbé de manière agressive notre harmonie, notre spiritualité et notre cosmogonie de la vie et de la mort, et a alerté le peuple Embera Chamí, car une fois de plus nous voyons comment les forces de sécurité sont impliquées dans de graves crimes contre l'humanité et les droits humains, tandis que les autorités municipales et départementales restent silencieuses, sous-estiment de manière systématique et générale les dénonciations que le CRIDEC et les autorités indigènes avaient déjà alerté sur les faits et les risques subis par la communauté Embera Chamí de la réserve Totumal, mais qui ont été isolés par les autorités compétentes.

Aujourd'hui, le risque pour la communauté augmente et il est de la responsabilité de l'État, de ses institutions et de ses représentants de prévenir, de protéger, d'enquêter et de punir à temps, afin d'éviter que des crimes contre l'humanité comme celui-ci ne se reproduisent dans notre pays, et plus encore dans les cas de peuples ancestraux en raison du risque imminent de disparition physique et culturelle historique.

Aujourd'hui, nous demandons une fois de plus aux autorités compétentes de faire en sorte que cette affaire ne reste pas impunie, qu'une commission spéciale du bureau du procureur général soit déléguée pour trouver l’auteur intellectuel derrière cette affaire et les autres meurtres et disparitions qui ont eu lieu dans cette communauté et qui sont en ce moment en toute impunité. Le Bureau du Procureur général doit assurer le suivi de la Mesa de paz et de l'administration municipale, et la police doit évaluer ses agents, qui portent une plus grande responsabilité, car ils ont délégué la fonction de protection de l'intégrité et de la sécurité d'une municipalité à un policier qui, au lieu de respecter la Constitution politique, a été complice et auteur de ce crime. La police doit également demander au peuple Embera Chami des excuses publiques, en rendant compte de la vérité et de la gravité de l'acte et en s'engageant à ne pas le répéter. Et l'État doit accorder des réparations à la famille et à la communauté, car cet événement a bouleversé l'équilibre de tout un peuple.

Et enfin, nous demandons à la communauté et aux organisations internationales de défense et de protection des droits humains, comme la Commission interaméricaine des droits de l'homme, d'évaluer et de réitérer l'importance du respect des mesures de précautions 265 accordées en 2002 au peuple Embera de Caldas, bien que ce cas ne se soit pas produit dans le cadre de la grève nationale, nous souhaitons que la CIDH fasse une évaluation concise du respect des mesures accordées.

Nous exprimons notre solidarité avec l'Organisation indigène de Totumal et avec la famille du jeune leader indigène, camarade de lutte et frère d'origine ANDRES CORDOBA TAMANIZA.


 

POUR LA DÉFENSE DU TERRITOIRE, DE LA DIGNITÉ ET DE LA VIE !

NOUS SOMMES EN MINGA !

 

CONSEJO REGIONAL INDIGENA DE CALDAS CRIDEC

PUEBLO EMBERA DE CALDAS

23 JUILLET DE 2021

 

Traduction au français par le PASC

Original: DENUNCIA Y ALERTA SOBRE CRIMEN DE LESA HUMANIDAD EN EL RESGUARDO INDÍGENA TOTUMAL

http://crideccaldas.org/denuncia-y-alerta-sobre-crimen-de-lesa-humanidad-en-el-resguardo-indigena-totumal/

 

1 La Guardia indígena est conçue un organe ancestral de résistance, d'unité et d'autonomie pour la défense du territoire et du projet de vie des communautés indigènes. Il ne s'agit pas d'une structure policière, mais d'un mécanisme de résistance humanitaire et civile.

Auteur.trice
PASC