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14/04/2017
C’est avec une profonde indignation que nous dénonçons les événements malheureux arrivés à l’encontre de la porte-parole du « Congreso de los Pueblos », Marylen SERNA SALINAS, sa famille et les personnes proches de son entourage. La violence sexuelle ayant été utilisée comme moyen de générer la terreur, perturber et la dissuader dans l’exercice de la défense des droits humains en Colombie. Nous lançons un appel à l'opinion publique nationale et internationale dans le but de rejeter fermement les actes de violence psychologique, physique et sexuelle contre les femmes leaders sociales et défenseur.es des droits humains qui ont été visiblement persécutées dernièrement. Fait n°1. Le vendredi 7 avril 2017 au matin, a été kidnappée une femme avec des liens étroits avec la famille du leader, défenseure des droits de l'homme et porte-parole national du Congreso de los Pueblos, Marylen SERNA SALINAS dans la ville de Popayan. La femme d'origine paysanne a été approchée par trois hommes armés qui l'ont forcée à monter dans une voiture où ils ont couvert sa tête avec un sac noir, l'ont battue sur les bras et le visage et lui ont injecté une substance inconnue dans son bras droit. A l'intérieur de la voiture la femme a été torturée et interrogée sur sa relation avec MARYLÉN SERNA et le lieu de vie de la porte-parole. A défaut d'obtenir plus d'informations, le véhicule l’a emmenée vers un lieu solitaire dans la ville où elle a été ligotée et abusée sexuellement. Elle a ensuite été emmenée vers un endroit encore plus isolé de la ville où elle a été relâchée encore ligotée. Une fois laissée à cet endroit les hommes ont téléphoné à MARYLÉN SERNA pour confirmer sa relation avec la femme victime de violence et de lui réaffirmer le lien direct entre le fait passé et sa condition de leader sociale. Cet acte de violence est déplorable, car ils ont agressé une femme pour menacer et intimider, harceler, torturer psychologiquement et décourager de son travail une autre femme qui incarne une lutte pour la paix et la défense des droits humains en Colombie. Cela constitue également une menace directe à l'intégrité de MARYLEN SERNA, sa famille et son entourage ainsi que l’organisation sociale « Congreso de los Pueblos » dont elle fait partie. Nous regrettons profondément la violence de genre exercée, nous étendons notre voix d'encouragement et de solidarité à la femme paysanne victime de torture et d'abus sexuels ainsi qu’à sa famille. Ces faits ont été portés à l'attention du procureur général de l'ordre national afin que l’enquête soit menée rapidement. En outre, les autorités nationales en ont été informées dans le but de renforcer immédiatement la sécurité de la leader social MARYLEN SERNA mais la réponse des organismes chargés de sa protection est demeurée nulle. Marylen Serna Salinas est une femme paysanne, chef du Coordinador Nacional Agrario - CNA. Elle a été porte-parole national pour la Minga de Resistencia Social y Comunitaria de Colombie, un espace important d’organisation des mouvements locaux, régionaux et des processus organisationnels dans le pays entre 2008 et 2011. La Minga a permis la consolidation du mouvement social et politique du Congreso de los pueblos, dont elle est la porte-parole national depuis sa création en Octobre 2010. C’est ainsi que, avec son identité paysanne et en tant que femme, elle a été une leader de premier plan du Sommet agraire, paysan, ethnique et populaire (Cumbre Agraria, Campesina, Étnica y Popular), fédération d’organisations sociales importantes dans tout le pays, qui compte aujourd'hui comme un comité national unique (mesa) de négociation avec le gouvernement. Depuis 2015, elle a joué un rôle important dans la dynamisation du Comité social pour la paix, proposition de participation de la société pour construire la paix dans le pays. Cette proposition vise à créer un processus de participation inaliénable de la société et la complémentarité avec les négociations entre l'Etat et les insurrections, en ce qui concerne les revendications historiques du mouvement et de la société colombienne, les garanties d'une vie digne et la justice sociale. Contexte Les événements relatés ci-dessus, s’ajoutent à une liste des violations des droits humains qui ont fait des victimes dans le dernier mois, en particulier les femmes dirigeantes du Congreso de los Pueblos comme en témoignent les faits suivants: 1. Le 2 Mars 2017, dans le quartier de Medellin Olaya Herrara, a été tuée RUTH ALICIA LOPEZ Guisao, leader paysan et défenseur des droits humains, membre de l'Association Agro-écologique interethnique et interculturelle ASOKINCHAS, qui fait partie du Coordinador Nacional Agrario. RUTH ALICIA LOPEZ était un membre actif du projet de « Cumbre Agraria, Campesina, Étnica y Popular », visant à renforcer la souveraineté alimentaire avec douze communautés autochtones et afro-descendantes dans les municipalités de Medio San Juan y Sipi dans le département du Chocó. 2. Le 22 Mars 2017 ont été arrêtés dans le sud de Bolivar MILENA QUIROZ, MANUEL FRANCISCO ZABALETA et ISIDRO ALARCON BOHORQUEZ appartenant à la Commission de l'interlocution du Sud de Bolivar, Centre et Sud de Cesar, ainsi que neuf autres habitants sur la région. La procédure judiciaire à leur encontre démontrait clairement une persécution politique des chefs de la Comision de Interlocucion. En particulier les arguments du Procureur 3 de la ville de Cartagena qui révèlent l'intention de réduire au silence l'activité sociale de MILENA QUIRÓZ, car les raisons invoquées pour demander la mesure de sureté de la leader sont justement son statut de leader sociale et son appartenance à des organisations sociales et de droits humains en Colombie. MILENA QUIROZ, est aussi un porte-parole du Sommet agricole et renforce les projets de développement agricole qui ont été signés entre le ministère de l'Agriculture et le Sommet agraire à partir des négociations avec le gouvernement national. Pour toutes ces raisons, nous exigeons que l'Etat colombien: - Prenne toutes les mesures nécessaires pour prévenir, réprimer et éliminer la violence politique contre les femmes et protéger les femmes leaders et les défenseur.es sociaux de Colombie. - Adopte les mesures nécessaires conformément aux obligations internationales contractées par l’État de Colombie, en particulier avec les obligations découlant de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, la Convention sur la prévention, la sanction et l'élimination de la violence à l'égard des femmes « Convention de Belém do Pará » et la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et fournir ainsi une enquête sur ces faits avec la diligence due et de sanctionner dans les plus brefs délais les responsables de ces agressions. - Adopte des mesures de protection appropriées et adaptées pour les dirigeants et les dirigeantes du Congreso de los Pueblos de manière à protéger leur vie et intégrité physique, notamment pour renforcer les mesures de sécurité et la protection des MARYLEN SERNA lors de l'intensification du risque et de les étendre à sa famille, en consultation avec le leader social et sa famille. - Reconnaisse la généralisation et systématicité qui réside dans les attaques contre les dirigeants, les femmes leaders et les défenseur.es des droits humains en Colombie. Nous demandons au Fiscal général : - De révoquer la mesure de sureté MILENA Quiroz et tous les leaders arrêtés et poursuivis sans fondement. Congreso de los Pueblos. Bogotá, le 10 Avril 2017