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25/03/2010

Depuis le mercredi 24 mars, le projet de loi C-2 concernant la mise en œuvre de l'Accord de libre-échange Canada-Colombie est à l'étape de la deuxième lecture au Parlement canadien. Les Libéraux d'Ignatieff soutiennent maintenant cet accord suite à une entente avec le gouvernement Harper pour que le projet de loi C-2 soit amendé en incluant l'exigence que la Colombie et le Canada doivent chacun élaborer annuellement un rapport d'impact de l'accord commercial sur les droits humains. Un amendement qui n'est que de la poudre aux yeux pour faire taire les critiques de l'accord.

 

Parmi les déclarations douteuses et démagogiques faites par des députés conservateurs et libéraux hier, on pouvait entendre que le libre-échange permettrait l'émergence d'alternatives économiques au narcotrafic et que la situation des droits humains se serait améliorée en Colombie sous le gouvernement du Président Uribe. Un rapport de Human Rights Watch publié en février 2010 démontre que les paramilitaires en Colombie n'ont pas été démobilisés efficacement et continuent leur campagne d'intimidation stratégique. D'autres rapports récents des Nations Unies et d'Amnesty International font état de l'escalade de violence contre les communautés autochtones et afro-colombiennes, notamment par le biais d'assassinats et de déplacements forcés de leurs terres collectives pour y installer des projets agro-alimentaires et d'extraction de ressources naturelles. À ce jour, la Colombie compte plus de 4 millions de réfugiés internes. En outre, une mission internationale pré-électorale revenue de Colombie en février 2010 fait état de très nombreux cas de corruption et de fraude au sein des autorités colombiennes.

 

Aujourd'hui, plus de 60 congressistes font l'objet d'enquêtes judiciaires ou de condamnations pour liens avec les paramilitaires. Ajoutons que la Colombie détient le très triste et grave record mondial du nombre de syndicalistes assassinés annuellement - ils étaient 49 pour la seule année 2009. Le libre-échange ne permettra pas le développement d'alternatives économiques au narcotrafic ni de trouver des solutions à la difficile situation sociale colombienne, bien au contraire. Les « experts du développement » oublient trop souvent que le libre-échange et la « spécialisation dans la production et l'exportation de matières premières » ont causé des ravages sur l'économie colombienne, tels que la désindustrialisation des dernières 20 années et le chômage croissant. Leurs faux calculs les amènent à des conclusions périlleuses qui contredisent la réalité : le libre-échange, en anéantissant l'économie agraire locale et nationale et en donnant carte blanche aux multinationales continuera de renforcer les conditions d'inégalités sociales ayant engendrées le conflit armé et perpétue les conditions idéales à la prolifération des cultures de narcotiques.

Rappelons que les accords de libre-échange de la dernière décennie ont contribué à l'appauvrissement des populations d'Amérique latine, notamment paysannes, à la détérioration des conditions de travail à travers le continent et n'ont en rien amélioré la situation des droits humains en général - le cas du Mexique avec l'ALENA est particulièrement parlant. Dans le cas de la Colombie, la ratification d'un tel accord aurait pour effet aggravant de légitimer les crimes commis par le gouvernement actuel. Le Nouveau Parti Démocratique (NPD) et le Bloc Québécois se sont positionnés contre la ratification du projet de loi nouvellement renommé C-2 après la reprise des travaux au Parlement. Les Libéraux ne doivent pas donner leur appui à un accord amendé, mais demander la réalisation d'une étude d'impact indépendante, impartiale et complète de cet accord sur les droits humains, comme ils l'avaient demandé en juin 2009 et selon la recommandation faite par le Comité permanent du commerce international du Parlement (CIIT) en juin 2008.

 

 

 


Lettre à votre député libéral:

- Au chef du Parti Libéral Mr. Michael Ignatieff, à ceux deux adresses : IgnatM@parl.gc.ca , lewisr@parl.gc.ca - A tous les députés libéraux du Québec : Mendes.A@parl.gc.ca, Coderre.D@parl.gc.ca, Cotler.I@parl.gc.ca, Dion.S@parl.gc.ca, Folco.R@parl.gc.ca, Garneau.M@parl.gc.ca, Jennings.M@parl.gc.ca, Pacetti.M@parl.gc.ca, Patry.B@parl.gc.ca, ProulM@parl.gc.ca, Rodriguez.P@parl.gc.ca, Scarpaleggia.F@parl.gc.ca, Trudeau.J@parl.gc.ca, Zarac.L@parl.gc.ca - Copie à : BrisoS@parl.gc.ca - Copie cachée à : info@pasc.ca

 

Objet: Accord de libre-échange Canada-Colombie

 

Madame, Monsieur

 

Suite aux débats de mars 2010 à la Chambre des communes concernant le projet de loi C-2 concernant la mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et la Colombie, je tiens à vous exprimer mon profond désaccord face à la position du Parti Libéral du Canada. Le fait que les Libéraux laissent tomber la demande d'une étude d'impact indépendante avant l'adoption de l'ALECC est très décevant. Un amendement à l'accord exigeant que la Colombie et le Canada élaborent annuellement un rapport d'impact de l'accord commercial sur les droits humains n'est absolument pas suffisant. La proposition de cet amendement n'a en effet aucune crédibilité. Il est complètement ridicule de demander au gouvernement colombien qu'il se surveille et fasse rapport sur lui-même. Plusieurs organisations de défense des droits humains et également le Haut Commissaire des Nations Unis sur les droits de l'Homme documentent depuis des années la complicité de l'État colombien dans les violations de droits humains. Le Comité permanent du commerce international du Parlement demandait, dans son rapport de juin 2008, qu'une étude d'impact indépendante soit réalisée avant la signature de cet accord. La récente position du Parti Libéral est surprenante, car depuis cette recommandation et depuis les déclarations de plusieurs membres de votre parti en ce sens en juin 2009, la situation des droits humains en Colombie n'a pas changé. Un rapport de Human Rights Watch publié en février 2010 démontre que les paramilitaires en Colombie n'ont pas été démobilisés efficacement et continuent leur campagne d'intimidation stratégique.

D'autres rapports récents des Nations Unies et d'Amnesty International font état de l'escalade de violence contre les communautés autochtones et afro-colombiennes, notamment par le biais d'assassinats et de déplacements forcés de leurs terres collectives pour y installer des projets agro-alimentaires et d'extraction de ressources naturelles. À ce jour, la Colombie compte plus de 4 millions de réfugiés internes. En outre, une mission internationale pré-électorale revenue de Colombie en février 2010 fait état de très nombreux cas de corruption et de fraude au sein des autorités colombiennes. Aujourd'hui, plus de 60 congressistes font l'objet d'enquêtes judiciaires ou de condamnations pour liens avec les paramilitaires. Ajoutons que la Colombie détient le très triste et grave record mondial du nombre de syndicalistes assassinés annuellement ; ils étaient 49 pour la seule année 2009. Je vous demande donc de m'expliquer la volte-face de votre parti qui soutient maintenant la politique conservatrice. Je vous demande également de ne pas soutenir l'accord amendé et de demander une étude d'impact indépendante avant de prendre une décision sur l'adoption du projet de loi C-2.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, nos salutations distinguées,

 

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