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M. Harper félicite le Président colombien Alvaro Uribe pour son respect des droits humains. Quelle conception le gouvernement canadien a-t-il des droits humains ?

Le gouvernement colombien, dont la crédibilité est gravement entâchée par l’actuel « scandale de la parapolitique » (le Congrès compte onze de ses députés et sénateurs en prison pour leur complicité active dans les crimes commis par les troupes paramilitaires) ne semblait pas au bout de ses peines lorsqu’aux États-Unis, les démocrates bloquèrent au Congrès l’adoption du Traité de libre-échange avec la Colombie en argumentant de la situation critique des droits humains dans ce pays. Coup de théâtre, le Président colombien Alvaro Uribe Vélez est sauvé en pleine chute par notre cher Premier ministre, venu promouvoir un accord de libre-échange Canada-Colombie, et qui, lors de sa rencontre avec le Président colombien, le 16 juillet dernier, le félicite pour son respect des droits humains ! Notre Premier Ministre semble ignorer que la Colombie remporte la triste palme du pays comptant le plus grand nombre de syndicalistes assassinés à chaque année. M. Harper a-t-il déjà consulté les rapports de la Commission des Nations unies pour les droits humains ou ceux de la Cour Interaméricaine des droits de l’Homme de l’Organisation des États américains qui démontrent, preuves à l’appui, la complicité de l’État colombien dans la création, l’armement, l’entraînement et le commandement des forces paramilitaires auxquelles sont attribués nombreux crimes contre l’humanité dont 17 800 cas d’homicides et de disparitions entre 1988 et 2006 selon les données compilées par les organisations colombiennes de défense des droits humains ? À quels « droits humains » se réfère notre Premier ministre ? Peut-être avait-il plutôt en tête les droits des entreprises étrangères qui, telle la Drummond ou la Chikita Brand, peuvent en toute liberté engager des troupes paramilitaires pour mater leurs ouvriers, éliminer les syndicats et s’approprier des terres des familles paysannes (voir à ce sujet, les verdicts rendus cette année par des cours américaines contre ces deux transnationales). Les compagnies canadiennes profitent également de ce contexte d’impunité, particulièrement les compagnies minières, qui ont passablement accru leur marge de profit et leur possession teritoriale tout en réduisant considérablement les conditions de travail des Colombiens depuis l’adoption du nouveau code minier en 2001 (lequel fût concocté grâce à la collaboration de l’Agence canadienne de développement international– ACDI). Que le gouvernement canadien souhaite enrichir ses compagnies en profitant d’une situation de conflit armé où règne l’impunité, ici rien de nouveau, mais que son Premier ministre pousse l’audace jusqu’à féliciter pour son respect des droits humains un Président publiquement reconnu comme l’un des principaux auteurs du paramilitarisme en Colombie, cela nous fait craindre le pire quant aux politiques de sécurité que M. Harper compte implanter dans notre propre pays.