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29/07/2012

«Nous n’attaquerons personne, mais nous utiliserons la force de l'ensemble de notre communauté, de notre parole et de nos droits pour récupérer nos territoires.»
Nous, les organisations sociales, syndicales et des droits humains de la vallée du Cauca signataires de cette lettre, manifestons notre solidarité et notre appui devant la communauté nationale et internationale aux communautés autochtones du Cauca, qui exigent la démilitarisation de leurs territoires ancestraux. «Nous ne voulons pas entendre un seul tir, car là où se font entendre les tirs c’est là que nous allons!», a dit «Minga por la vida», un groupe communautaire. De la même manière, nous condamnons les mesures répressives de l’État colombien dans cette situation délicate de même que le caractère intransigeant de ses déclarations dans les médias, qui ont débouché sur une polarisation de l’opinion publique. Ainsi, le rôle joué par les médias a parcellisé et polarisé l’information en faveur des versions officielles.
Au cours de l’histoire, le département du Cauca, dans le sud-ouest de la Colombie, a été sous le contrôle de multiples acteurs des conflits social et armé du pays. Cette présence a fait en sorte que les populations civiles, autochtones et paysannes se sont retrouvées au milieu des hostilités, entraînant de nombreux décès, des déplacements de populations et un climat de danger constant. Fatigués de la bousculade entre les différents acteurs armés, et dans un élan de dignité et d’autonomie, ils ont décidé de reprendre le contrôle de leurs territoires en expulsant l’armée nationale et la guérilla des FARC, une activité en cours depuis le 16 juillet 2012.
Les causes au conflit social et armé dans le département du Cauca sont multiples; elles ne sont pas étrangères au fait que le département est abandonné par l’État colombien, que son infrastructure routière est précaire, que son système de santé reste étranger à la crise nationale que connaît ce secteur, que son système d’éducation est insuffisant, que son industrie agricole se débat entre cultures illégales et agriculture traditionnelle, et qu'un nombre toujours grandissant d’autorisations sont données pour encourager l’exploitation énergétique et minière et le développement de monocultures dans la région — qui dépassent déjà 67 % du territoire total du Cauca.
Paradoxalement, la capitale du Cauca, Popayan, continue de bercer l’une des oligarchies les plus rances du pays, ouvertement raciste et agressive envers les communautés autochtones. Tous ces facteurs ont fait du département du Cauca un épicentre de la guerre en Colombie, et nous considérons que la solution à ces problématiques n’est pas de convertir le département en une zone où l’unique solution est militaire.

Nous lançons un appel à la communauté internationale au Bureau du Haut Commissariat des Nations unies, au Comité international de la Croix-Rouge, à l’Organisation des États Américains pour que soit entamée une vérification des accomplissements du Droit international sur les droits humains quant aux actions des acteurs armés, à la construction de garnisons militaires au sein de la population civile et aux actions de guerre qui ne respectent pas le principe de distinction des combattants.


Nous en appelons à la Défense nationale des peuples pour que soit favorisé un climat de dialogue entre les communautés autochtones et le gouvernement national, et pour que se développent des accords qui respectent l’autonomie des peuples autochtones et de leurs territoires ancestraux.


Enfin, nous faisons appel aux moyens de communication — RCN, CARACOL, EL ESPECTADOR, EL TIEMPO, EL PAIS — pour qu’ils effectuent un véritable travail journalistique qui se caractérise par son impartialité et son éthique en cette ère de l'information, et qui ne porte pas atteinte au droit fondamental à l’information de tous les Colombiens. Nous croyons que leur couverture a influencé le regard de l’opinion publique au détriment des communautés. En ce sens, nous rejetons catégoriquement les événements qui ont eu lieu dans la nuit du 17 juillet 2012, où une multitude de personnes convoquées par une émissaire de la police nationale ont été rassemblées à l’extérieur du Conseil régional autochtone du Cauca (CRIC), à Popoyan, pour être insultées, taxées de guérilleros et sommées de quitter la ville.


Nous appelons instamment toute la société à exiger que l’État colombien, dirigé par Juan Manuel Santos, entame un processus de dialogue avec les communautés autochtones pour trouver une issue à la situation critique du département du Cauca, car les problèmes structurels d’un pays ne se résolvent pas par la militarisation de la vie civile.

Finalement, nous invitons toute la communauté nationale et internationale à faire preuve de solidarité dans cette lutte menée par les communautés autochtones de Colombie, par des déclarations rejetant la porte de sortie militaire mise de l’avant par l’État.

 

Les organisations signataires:

 

Central Unitaria de Trabajadores CUT –Seccional Valle del Cauca-

Fundación Comité de Solidaridad con los Presos Políticos –Seccional Valle del Cauca-

Comité Permanente por la Defensa de los Derechos Humanos –Seccional Valle del Cauca-

Proceso Nacional Identidad Estudiantil

Movimiento Nacional de Víctimas de Crímenes de Estado –Capítulo Valle-

Sindicato de Trabajadores de las Universidades de Colombia SINTRAUNICOL – Valle

Zona Pública –Colectivo de Comunicación alternativa y popular-

Coordinación Colombia - Europa  – Estados Unidos -Nodo Suroccidente-

Colectivo Memoria Viva

 


 

Auteur.trice
RedHer