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11/10/2013

Après 35 jours de mobilisation dans les faubourgs d’Aguachica, les communautés agro-minières du sud de Bolivar et Cesar ont décidé leur retour.


Dès les 25 septembre, fatigués de la passivité du gouvernement, les manifestants avaient suspendu le trafic routier qui relie l’intérieur du pays à la côte atlantique. Le 27 septembre, des jeunes gens ont tenté d’assassiner Teofilo Acuña, président de la Fedeagromisbol1. Dans le même temps, des menaces publiques ont été proférées contre deux membres dirigeants de le Fédération agrominera del Sur de Bolivar qui avaient participé aux interlocutions entre communautés et gouvernement. D’autres événements inquiétants se sont produits comme l’infiltration de membres des services d’Intelligence de l’Etat, des appels téléphoniques de la force publique aux leaders communautaires, l’apparition d’agitateurs professionnels qui ont tenté de générer le chaos sur les lieux de rassemblement.


Accords communautés-Gouvernement  

Le barrage s'est soldé par plusieurs blessés et deux policiers des forces anti- émeutes ont été détenus par les membres de la communauté ayant été trouvés en possessions d'armes non-conventionnelles et illégales.  Au terme de cette « crise » le gouvernement a repris les négociations, parvenant á conclure un accord avec l'ensemble des secteurs présents.

Le retour

En dépit de la longueur de la mobilisation et des difficultés rencontrées lors des rassemblements et des rencontres avec le gouvernement, le retour s’est produit dans le calme et même la bonne humeur. Le 5 octobre dans l’après-midi, la presque totalité des 1500 mineurs ou paysans avaient pris place dans des barques qui remontaient le rio Magdalena. Après 4 heures de voyage, 40 minutes de camion nous attendaient avant d’arriver à Santa Rosa. Là, réorganisation car  3h 30 de jeep (sportive) étaient encore nécessaires pour atteindre San Pedro Frio, dans notre cas.

San Pedro Frio

Juché au sommet d’une colline, SPF est fait de cahutes de bois construites à la hâte semble-t-il, sans aucun souci de confort . Le brouillard, la boue et la couleur grise omniprésente rendent l’endroit un peu sinistre au premier abord. Mais sur la place, des enfants jouent au foot pour les plus grands, ou grandes, à la toupie pour les autres. Et les exilés du village, les profs de Barranquilla et le commerçant équatorien semblent eux aussi un peu perdus dans cet univers qui a quelque chose d’hallucinant.

Tout autour du village, les mines d’or sont autant de trous plus ou moins privés. Les galeries sont basses et étroites (attention la tête !!) les puits minuscules. Les mineurs en  sortent  une terre grise qui sera traitée en deux temps : une opération mécanique dans des tamis qui écrasent la terre et mettent en évidence les pépites, une opération chimique ensuite, avec usage de cyanure qui « précipite » les particules d’or les plus fines. Les débris sont encore tamisés par des privés extérieurs à la mine. On nous assure que la terre traitée au cyanure est efficacement isolée par des bâches en plastique, nous avons de la peine à croire que sous un climat aussi pluvieux, aucune infiltration ne se produira !  Notons que la fédération tente de proposer des méthodes alternatives à l’utilisation de cyanure.
Chaque mine a un patron qui gère son équipe ; tous les mineurs d’une équipe reçoivent le même salaire quotidien qui dépend des résultats, entre 50 000 pesos les mauvais jours et 200 000 les jours de chance. C’est bien sûr énorme par rapport au salaire moyen colombien mais il faut nuancer car les mines sont vite épuisées et la formation de nouvelles équipes aléatoire.

Mais quelles que soient les difficultés des mineurs et les possibles problèmes environnementaux provoqués par leurs méthodes, il est important que les multinationales ne viennent pas s’installer dans la zone : les mineurs actuels seraient délogés sans ménagement et la destruction du paysage y serait bien plus radicale et définitive qu’aujourd’hui.

Auteur.trice
REDHER