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11/05/2011

L'organisation paysanne Asocab informe l'opinion publique que le 6 mai 2011 la Cour Constitutionnelle (de Colombie) a donné raison aux paysans. La Cour avait été saisie en 2010 comme dernier recours compte tenu du conflit au sujet des terres du domaine de las Pavas et suite à l'expulsion abusive en 2009 des paysans à l'initiative des entreprises productrice d'agrocarburants dont Daabon (vous savez, le producteur d'huile de palme bio certifiée  par Ecocert & co  et membre de la sacré RSPO..)

Un mois après le retour pacifique des paysans à l'Hacienda les Pavas (cf. http://wp.me/pOtsW-bw) et le silence de l’État, la sentence de la Cour Constitutionnelle vient de donner raison aux paysans, en demandant au Ministère de l'Agriculture de rendre les terres à cette communauté et ordonne au gouvernement de respecter les normes des questions agricoles qui doivent être conformes aux principes de la constitution nationale, càd favoriser les populations vulnérables et en situation de déplacement.

Selon l'avocate Vanessa Estrada, qui représente la communauté et qui est avocat du programme de développement et paix du Magdalena Medio, « c'est un bon jugement et c'est la sentence que nous attendions ; c'est une opportunité pour que l'Incoder (sorte de Safer de Colombie) applique les normes agricoles qui favorisent les communautés spoliées et déplacées ».

Cette sentence oblige aussi à ouvrir le procès qu'Asocab avait initié en 2006 auprès de l'Incoder dans lequel les paysans demandaient la restitution des terres suivant la voie juridique dite « extinsion de dominio » décrite dans l'article 52 de la loi 160 de 1994, puisque ces terres étaient abandonnées et que les paysans en avaient été plusieurs fois expulsés de manière violente par les paramilitaires.

Le gouvernement doit maintenant tenir sa parole. Bien qu'il ne puisse aller à l'encontre de la décision de la Cour il ne faut pas oublier qu'il y a des enjeux économiques très importants et que les groupes industriels ont une influence considérable au sein du gouvernement. Ainsi le ministre du commerce, de l'industrie et du tourisme, n'est autre que le cousin germain du patriarche du groupe Daabon et cette famille a été un des grands financeurs des campagnes de l'ex-président Uribe et du président Santos. Le gouvernement doit donc décider à présent s'il faut soutenir ses amis, ses collaborateurs, ses mécénes, ou bien respecter les normes légales et la voix du pouvoir judiciaire pour une indépendance des pouvoirs et montrer ainsi le respect pour les institutions et la démocratie. Il peut aussi continuer de ne rien faire comme dans une autre affaire, moins médiatisée il est vrai (voir : Le Blogue d'Avenue Colombie). Comme nous le disons régulièrement, une bonne partie de la solution se trouve ici en Europe.

Article relié : Nouvelles victimes de la palme africaine : Écocert parle de certification bio; la communauté, de déplacement forcée

 

Auteur.trice
ASOCAB