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21/07/2008
Écoutez les Baladodiffusions de la série La Colombie de l'intérieur Depuis 2007, nous travaillons avec les prisonniers et prisonnières politiques de Colombie. Il s'agit d'étudiant-e-s, de paysan-ne-s, de syndicalistes, d'ouvrier-e-s, d'autochtones, d'afrodescendant-e-s, qui pour leurs idées, leur implication dans les mouvements sociaux ou dans la défense des droits humains, ou seulement pour s'être trouvé-e-s au mauvais endroit au mauvais moment, se retrouvent en prison, sans condamnation, pendant parfois plusieurs années et pour de plus nombreuses années encore s'il y a condamnation; mais aussi il s'agit de combattant-e-s, de personnes qui pour de nombreuses raisons décident de prendre les armes, de rejoindre la guérilla. Dans tous les cas, il s'agit de femmes et d'hommes considéré-e-s par l'État comme ennemi-e-s de celui-ci, comme rebelles ou comme terroristes, qui se trouvent enfermé-e-s avec peu de recours et sous l'exclusive vigilance du même État dont ils sont les "ennemi-e-s". C'est pour cela qu'il s'agit d'un groupe vulnérable en ce qui a trait aux respects de leurs droits. Comme nous avons pu le constater lors de nos visites, ils et elles subissent de nombreuses discriminations et surtout de l'isolement. Pour ces militants et militantes impliqué-e-s dans leur communauté, l'isolement social et politique de la prison est une douleur quotidienne, comme en témoigne Diomedes Meneses, dont le cas est exemplaire compte tenu de la gravité des sévices qu'il a subis lorsque l'armée colombienne l'a capturé, déclaré mort et envoyé à la morgue le 22 mai 2005. Ce jeune combattant de l'ELN, qui a grandi auprès de la guérilla depuis ses 11 ans a, à l'age de 22 ans, été victime des actes de tortures les plus épouvantables ayant subis une personne encore vivante pour en parler. Alors qu'il se trouvait en civil dans un village, les militaires l'ont mis hors combat avec un premier tir qui l'atteignit au front. Ensuite, il subit un interrogatoire sous la torture, encaissant un tir explosif qui lui détruisit le système digestif et une vertèbre, ce qui le laissa en chaise roulante depuis ce jour. Aux coups et insultes, s'ajoutèrent un tir de grenade à quelques mètres de lui, des coups de couteux dans les doigts, l'arrachage un à un de tous ses ongles de pied, puis l'extraction de son œil à la pointe d'un couteau par le caporal Salazar de la brigade 15 de l'armée nationale colombienne. Puis après lui avoir tranché la gorge, le laissant pour mort, il passa deux jour à la morgue et c'est sur la table d'autopsie, après l'avoir ouvert de 20 centimètres, que l'on constata qu'il était « en vie ». Cette histoire incroyable est celle de ce jeune homme de 25 ans condamné à 22 ans de prison. Nous l'avons rencontré à la prison de Modelo Bucaramanga.

Écoutez son témoignage en espagnol: http://www.radio4all.net/index.php/program/30911 ICI

Auteur.trice
PASC