Encore une fois, une nouvelle vague de menaces de mort et de montages judiciaire fait rage contre des leaders de Conseil mineurs et majeur du Curvarado, des pressions contre des membres des communautés injustement détenus afin qu’ils participent dans des montages judiciaires contre des leaders des conseils mineurs et majeur du Jiguamiando et contre des membres de la Commission de Justicia y Paz.
Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas nouveau. Depuis 2003, les leaders des conseils mineurs et majeurs du Curvarado et du Jigumiando qui habitent dans les Zones Humanitaires et de Biodiversité, ainsi que les accompagnateurs de la Commission de Justicia y Paz, sont la cible de montages judiciaires, grâce à des déclarations de faux témoins payés par l’Armée et les entrepreneurs ayant des projets économiques dans la région.
** Vendredi le 20 août, notre Commission de Justicia y Paz a été informée que MASUEL ROMAÑA, détenu dans la prison El Reposo de Carepa pour sa présumée participation dans le meurtre de MANUEL MOYA, GRACIANO BLANDÒN et de son fils, a reçu des pressions et des offres de la part des familles Moya Lara et Blandón.
Selon l’information dont nous disposons, ROMAÑA doit déclarer contre MANUEL DENIS BLANDÒN, représentant légal du conseil communautaire de la rivière Jiguamiando, contre ERASMO SIERRA, un patriarche et membre reconnu du Conseil mineur de la communauté de Nueva Esperanza, contre le père JAVIER GIRALDO ainsi que d’autres membres de la Comisión de Justicia y Paz, afin d’affirmer qu’ils font partie de la guérilla des FARC EP et qu’ils sont responsables des crimes commis contre MANUEL MOYA, GRACIANO BLANDÓN. La proposition faite à ROMAÑA s’il décide de déclarer devant la Fiscalia avec ce faux témoignage, est qu’il serait relâché et éviterait ainsi une peine de soixante ans de prison.
** Le même jour, au poste de radio Apartado Stereo, JAIME BEITAR, qui participe activement dans la campagne de criminalisation et de diffamation contre les leaders des communautés et contre notre Comisión de Justicia y Paz, a manifesté que les afrodescendants LIGIA MARIA CHAVERRA et MANUEL DENIS BLANDON apparaissaient comme des victimes dans certains programmes de télévision mais qu’en réalité ils sont des criminels et devraient être derrière les barreaux, tout comme les membres de la Comisión de Justicia y Paz.
** Vendredi le 13 août, EMILIO ENRIQUE CABEZAS, un habitant du Bassin du Curvarado, a reçu une menace lors d’un appel à son téléphone cellulaire lui disant « vous avez des contes à régler avec nous à Mutata ». Lorsque EMILIO a demandé qui parlait ils ont raccroché. EMILIO avait participé le 5 août dans une réunion avec des membres du gouvernement sur le suivi des mesures provisoire de protection dictées par la CIDH aux familles des conseils mineurs des Zones Humanitaires et de Biodiversité du Curvaradó et Jiguamiandó.
Cela ne fait aucun doute, l’origine des menaces de mort contre EMILIO sont les même que celles contre ENRIQUE PETRO, EUSTAQUIO POLO, MARÍA CHAVERRA, ERASMO SIERRA, GUILLERMO DÍAZ, MANUEL DENIS BLANDÓN et les membres de la Comisión de Justicia y Paz, ainsi que contre le père JAVIER GIRALDO S.J.
Ce sont probablement les mêmes qui sont responsables du montage judiciaire enregistré comme dossier 2022, où une douzaine de membres des conseils communautaires mineurs sont persécutés injustement parce qu’ils exigent leur terre et refusent les projets économiques tâchés de sang et de fraude. Cette persécution judiciaire qui a entraîné l’emprisonnement injuste de ILBER BARRIOS et NELSON DE JESUS GOMEZ, membres des communautés en résistance civile du Jiguamiando et Curvarado. Derrière ces processus judiciaires se trouvent des membres de l’Armée et des entrepreneurs ayant énormément de pouvoir et des relations très proches avec le gouvernement de ÁLVARO URIBE VÉLEZ.
Aujourd’hui nous constatons que la conversation téléphonique soutenue entre le Général RITO ALEJO DEL RÍO ROJAS et l’ancien ministre FERNANDO LONDOÑO HOYOS planifiant une campagne de diffamation et de criminalisation contre notre Comisión de Justicia y Paz est une stratégie pour cacher la vérité historique sur la responsabilité de l’état colombien dans les innombrables crimes de la stratégie paramilitaire et empêcher l’accès des victimes et de la société à la vérité, la justice et la réparation, tout comme la restitution aux communautés du Curvaradó, du Jiguamiandó et du Cacarica au Bajo Atrato des terres qui leurs ont été volées à feu et à sang, à coup de déplacements forcés, de fraudes permettant l’imposition de projets de « développement » économique.
Devant cette grave situation, nous exígeons que soient adoptées de manière urgente des mesures concrètes qui démontre la volonté politique de ce nouveau gouvernement, si elle existe, en matière de protection et de garanties pour la population civile qui revendique ces droits, ainsi qu’en matière d’adoption de mesures visant à affronter le paramilitarisme si profondément encré dans la logique opérationnelle de la Force Publique agissant continuellement en complicité et en fonction des intérêts des « para-entrepeneurs ».
Avec une profonde préoccupation,
Comisión Intereclesial de Justicia y Paz
Bogotá, D.C., 20 août 2010.
** Résumé et traduction libre du PASC