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02/06/2017

Depuis la nuit du 16 mai, un corridor névralgique de l'économie mondiale est bloqué par un soulèvement populaire sans précédent.

Dans la municipalité de Buenventura, Valle del Cauca, en Colombie, 61 organisations sociales et communautaires représentant divers groupes ethniques, afrodescendants et autochtones, se sont déclarées en grève civile, afin d'exiger du gouvernement qu'il remplisse son devoir et qu'il deploie une aide immediate à cette population vivant dans des conditions alarmantes. Les chiffres sont en effet atterants dans cette région de la côte pacifique où la contreversée dynamique géopolitique et économique représente un corridor où se rencontre le narcotrafic, la corruption et l'extorsion, et où le paramilitarisme est encore très présent. On y compte plus de 187 542 victimes du conflit armé, dont 166 704 déplacé.es; le taux de pauvreté touche plus de 66% des 407 539 habitant.es, dont 91% sont en zone rurale. Le taux de chômage est de 62% et le taux d'emploi de type informel est de 90,4%, et ce, bien que les activités portuaires rapportent à elles seules annuellement 5 billions de pesos (2.500 millions CAN) au pays. La population indignée réclame donc ses droits fondamentaux incluant l'accès à l'eau potable, l'accès à l'éducation et aux soins de santé, la récupération et conservation des rivières et écosystemes en danger, et exige du gouvernement l'émission d'un décret d'urgence de Buenaventura au niveau économique, social et environnemental.

Cette grève, d'une ampleur inegalée, ne s'est pas improvisée du jour au lendemain; elle est le résultat d'un épuisement général et d'un procesus de concertation de plusieurs années entre les leader.es des différents secteurs qui constituent le comité de grève. Ce comité est en charge des négociations avec le gouvernement, celles-ci ont été intermittantes, chaque refus du gouvernement ayant intensifié la mobilisation.

Dans un contexte économique et social déjà difficile, près de trois semaines de grève civique constituent un sacrifice important. Malgré le soutien des différentes communautés locales, d'organisations nationales et internationales, la paralysie générale engendre la dégradation des conditions de vies des habitant.e.s.

Les communautés autochtones avoisinantes de Buenaventura, dont la réserve de la Delfina, se sont jointes également à la lutte en bloquant la seule route qui connecte au port de Buenaventura, où transitent entre 53 % des imports/exports du pays. Ces moyens de pressions ont des répercussions économiques de l'ordre de 3 milions de dolars canadiens par jour. Ce qui motive de fortes répressions policières, militaires et de la police anti-émeute.

Le comité de droits humains de la grève dénonce les attaques envers les différentes communautés sur le territoire et fait mention de l'utilisation d'armes ilicites, tels que l'usage d'armes à feu, d'armes de chasse à cartouches 12mm ainsi que l'utilisation abusive de gaz lacrymogènes. À titre d'exemple, les forces de l'anti-émeute ont gazé à plusieurs reprises les domiciles et les manifestants en tirant à promixité des corps avec une inclinaison de 30 à 90 degrés, où l'impact pourrait être mortel.

À Buenaventura, on compte plusieurs disparitions forcées, en particulier dans les emplacements stratégiques d'où partent les cargaisons de marchandises. De plus, on compte déjà 1 mort et 300 blessés, dont 17 blessés graves, durant les affrontements.


[actualisation - 6 juin 2017] - Le 6 juin 2017 aux petites heures du matin un comuniqué annoncait le succes des négociations, le gouvernment devrai passer une loi spéciale le 20 juillet qui enterine ses engagements financier et sociaux, la creation d'un fond d'investissement sociale en co-gestion avec la communeauté, et la repartition des redevenses du port 50- 50 entr la localité et le budget national.

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PASC