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25/05/2016

Le Paro Nacional Minga Agraria, Etnica y Popular exige du président Santos qu’il respecte et accomplisse ce qui a été négocié suite aux derniers mouvements sociaux, et qu’il mette en oeuvre immédiatement des mesures concrètes.

Les organisations paysannes, autochtones, afro-colombiennes et sociales prennent acte que, non-seulement le gouvernement de Santos n’a pas respecté les accords passés, mais pire, il a aggravé la même politique qui affecte terriblement les communautés. Ce Paro est une réponse à cette attitude.

(NDLT: En Colombie, les conditions économiques sont très disparates et une très grande partie de la population (37%) vit dans une extrême pauvreté. 1 % de la population possède 60% des terres agricoles. La politique économique du « tout pour l’extractif » (mines, pétrole…) favorable aux grandes entreprises et multinationales, détruit les communautés, l’écosystème et participe du phénomène de déplacement de la population (2015, la Colombie est le second pays au monde touché par les déplacements). Par ailleurs 80% des violations des droits humains se font dans les zones de grande extraction minière.)

Les 8 points que le gouvernement n’a pas respectés :

Terres, territoires et agencement territorial:

Les associations avaient exigé que les communautés définissent elles-mêmes comment doivent être exploités leurs territoires, mais également que les paysans soient aussi reconnus comme sujets de droits et que les zones de tous les types de communautés soient réellement reconnues et respectées : Zone de réserve paysanne, territoires autochtones et ancestraux, zones agroalimentaires, territoires afro-colombiens (la constitution donne aux autochtones et aux afro-colombiens des droits spécifiques notamment concernant le respect de leur territoire).

Au lieu de cette reconnaissance, la politique du gouvernement a développé le modèle agro-industriel et minéro-énergétique qui provoque expulsions et vols de terrains.

Économie de vie locale contre spoliation:
Les différentes organisations et communautés exigent du gouvernement que soit abrogée la loi Zidres qui promeut les investissements des multinationales et des agroindustriels affectant les petits producteurs et les communautés rurales. Ceux-ci demandent pour leur part la défense de la souveraineté et de la sécurité alimentaire via des projets institutionnels réfléchis à partir de leur réalité.

Ils demandent également que les communautés puissent participer à la construction d’une réforme fiscale qui prendrait en compte les problèmes de la population défavorisée.

Grandes exploitation minières, énergies et ruralité:
Les dernières autorisations d’exploitation accordées aux multinationales pour l’exploitation du sous-sol n’ont pas respecté le moratoire établi, ni l’obligation de consultation des populations concernées. Les organisations sociales exigent une nouvelle orientation de la politique extractive qui soit enfin attentive à la terre.

Droits politiques, garanties, victimes et justice :
Les communautés et organisations exigent du gouvernement l’abrogation de la loi de Sécurité Citoyenne. Elles veulent que les droits humains soient garantis contrairement au harcèlement qu’elles subissent actuellement. Elles exigent également que le gouvernement établisse une politique concrète contre le paramilitarisme qui est très actif et agresse quotidiennement les communautés.

Paix, justice sociale et solution politique :
Les communautés et organisations applaudissent et soutiennent les avancées du processus de paix entre le gouvernement et la FARC-EP. Elles font un appel à la table des négociations pour que le mouvement social puisse aussi participer aux discussions afin de construire une paix contraignante et participative.

Droits sociaux :
Des acteurs du mouvement social se plaignent de la violation des droits à l’éducation, à la santé, au logement, au travail, à une vide digne et aux loisirs, qui ne sont pas garantis à toute la population, d’autant plus que l’État finance de moins en moins les hôpitaux et services publics.

Relation campagne-ville :
Les communautés exigent du gouvernement national qu’il défende l’eau comme un droit fondamental, qu’il protège les sources affectées par les autorisations d’activités minières qu’il octroie. Elles demandent en plus de freiner la vente d’entreprises publiques comme ETB (télécommunication).

Cultures de coca, marijuana et pavot :
Les communautés insistent sur le fait que les politiques anti-drogue du gouvernement national sont un échec, et que les décisions comme la fumigation manuelle au glyphosate prouvent seulement l’arbitraire et l’improvisation de ce gouvernement à propos des cultures de coca, marijuana et pavot. Par conséquent, elles exigent la création de programmes de substitution à ces cultures : progressifs, écologiques et élaborés en concertation avec les communautés.

En accord avec Gimmy Moreno, porte parole du Congreso de los Pueblos et de la Cumbre Agraria, Etnica y Popular, le 30 mai est l’heure zéro du début du Paro. La durée de ce mouvement dépendra de la volonté du gouvernement de s’asseoir pour négocier, et la négociation se fera à chaud, c’est à dire dans le cadre de la mobilisation des communautés.

En tant que Cumbre Agraria, cela fait deux ans que nous sommes à la table des négociations et le gouvernement ne donne que de petits projets comme solution. Lorsqu’il s’agit de thèmes plus concrets, il ferme la porte. La mobilisation est le résultat du non respect par le gouvernement national de ses engagements sur les 8 points décrits.

Le paro est convoqué par tous les secteurs qui font partie de la plateforme Cumbre Agraria, Etnica y Popular. D’autres acteurs du mouvement social y participeront comme par exemple les organisations étudiantes. On attend des mobilisations le 30 mai dans différentes villes comme Bogotá, Medellín, Cali, Cucúta, Popayán, entre autres et dans divers région du pays

 

Author
Ceiba Vieja