Sur les traces de Trous de mémoire, une pièce de théâtre d'intervention sur les enjeux des hydocarbures et des mines
Après une tournée en mai 2014 en Gaspésie, dans le Bas-Saint-Laurent et sur la Côte-Nord et suite à l'enthousiasme suscitée par ces trois semaines passées à visiter des communautés directement touchés par les enjeux de la pièce ou sensibles à ces questions, la troupe a décidé d'entreprendre de nouvelles représentations à l'hiver et au printemps 2015. Elle est présentée cette fois-ci dans les alentours de Montréal, dans des centres communautaires, des centres de femmes et des cégeps. Cette pièce souhaite participer à un large mouvement de lutte contre les projets extractifs en ouvrant des espaces de discussions, de réflexions et d'éducation populaire sur ces enjeux, via l'outil du théâtre.
Hydrocarbures, extraction minière et pétrolière, un sujet d'actualité
À l'heure où l'économie albertaine jongle avec le prix accordé aux sables bitumineux, principale source d’émission de gaz à effet de serre (GES) au Canada et la principale raison de leur hausse, on continue de façonner le territoire en vue d'une exploitation massive des ressources. Il y a les projets d'oléoduc et de transport du bitume venu d'Alberta, dont celui de Énergie-Est qui transportera jusqu'à 1,1 million de barils par jour afin de nourrir les marchés extérieurs. Ensuite, du côté de la Gaspésie et de l'île d'anticosti, on promet de produire du pétrole made in québec, avec Pétrolia, Gestem et autres novices. Une situation qui inquiète des citoyens, en raison des risques associés à l’exploitation d’éventuels gisements. Puis, il y a la cimenterie de Port Daniel qui sera alimentée au coke de pétrole, un sous-produit du raffinage du pétrole considéré comme plus polluant que le charbon et viendra alourdir substantiellement le bilan des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec. Avec ses ambitions de développer le Nord via la remise en place du plan nord, la mine Arnaud, la plus grande mine à ciel ouvert située en milieux habités s'est vu donné le feux vert, malgré un rapport du Bureau d'Audience Publique Environnementale (BAPE) jugeant le projet inacceptable et un large vent de contestations. Le projet serait aujourd'hui acceptable, ce sans que les donnés sur les changements qui seront apportés aient été rendus publics. Au même moment, une étude de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) conclue que l’imposante mine à ciel ouvert Canadian Malartic, en Abitibi, a eu des impacts négatifs majeurs pour la population. Le promoteur souhaite maintenant agrandir la mine. De plus, un autre projet doit bientôt voir le jour en Abitibi : Royal Nickel, qui deviendrait la plus grosse mine à ciel ouvert au Canada. Ainsi, on voit un territoire dessiné sous le joug de l'économie mondiale basée sur l'extractivisme, ce sans que la population ait la possibilité de réellement réfléchir et se faire entendre sur le sujet. Trous de mémoire est né avec l'ambition de contrer des constats et un système d'imposition, car des gens qui refusent de tels projets, il y en a, suffit de les écouter.
Ce projet met en scène de l'histoire d'Émilie, mère monoparentale de deux enfants, qui apprend que la société d'exploitation Mégalo souhaite développer le projet Méga 4 près de chez elle, dans la municipalité de Sainte-mémoire. Il s'agit donc à la fois d'aborder les enjeux globaux liés à l'exploitation des hydrocarbures et des mines dans le but de mieux comprendre ses dynamiques et d'approfondir les solidarités avec les populations touchées par ces questions. Trous de mémoire désire ouvrir des espaces de réflexion et de sensibilisation pour favoriser l'implication des personnes via leur prise de parole et de positions.
Le théâtre, outil d'éducation populaire et de transformation sociale
« Personne ne libère autrui, personne ne se libère seul, les hommes et les femmes se libèrent ensemble... par le moyen de leur action sur le monde »
Paulo Freire, Pédagogie des opprimés
Théâtre interactif, théâtre d'intervention, le théâtre-forum est une forme du théâtre de l'opprimé, développé par Augusto Boal dans les années 1960. Il s'agit de courtes scènes illustrant des situations conflictuelles tirées de la réalité des communautés rencontrées, qui se terminent en impasses, créant une réaction chez le public. Ce dernier est appelé à entrer en jeu, sortir de la passivité, afin d'expérimenter différentes avenues qui pourraient modifier le cour de l'histoire qui se déroule sur la scène.
Le théâtre-forum permet la création d'espaces collectifs dans lesquels la parole de chacune et de chacun est entendue et écoutée. Des espaces où toute personne peut venir témoigner de ses conditions d'existence et échanger sur ce qui ne lui convient pas. Des espaces dans lesquels le conflit constitue une force de transformation sociale. Le but n’est pas de trouver la solution unique à un problème donné, mais d’expérimenter collectivement des possibilités. L'espace d'un théâtre, tout devient possible!
Le ou la spect-acteur.trices, capable d’un acte ou d’une conduite pendant une séance de théâtre-forum, est en réalité incité à le reproduire dans la vie courante.
Pour en savoir plus sur les différents dossiers :
Tache d'huile
Coule pas chez nous
Pour que le Québec ait meilleure mine
Les prochaines représentations de Trous de mémoire :
14 mai à 10h au Carrefour des femmes de Lachûte
19 mai à 13h à l'OPDS, maison Marie-Jeanne Corbeil
24 mai à 11h au Salon du livre anarchiste de Montréal
27 mai à 13h au Centre des femmes Notre-Dame-des-prairies
17 juin 14h au Centre des femmes de la Marie-Debout