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29/11/2012

Résumé

Aujourd’hui un témoin a informé la Commission de Justicia y Paz que des structures paramilitaires planifient de réaliser un massacre au Curvarado et Jiguamiando, Choco. Cette opération serait financée par les entrepreneurs et éleveurs qui occupent illégalement le territoire du Curvarado. Le témoin a aussi indiqué que l’impunité de cette opération serait garantie grâce à un artifice qui permettrait à la Brigade 17 de se laver les mains de toute responsabilité.

La planification de ces assassinats collectifs se produit au même moment où l’on observe l’augmentation de la présence paramilitaire allant de paire avec l’augmentation de la militarisation du Curvarado.

Les faits

Une vingtaine d’hommes armés appartenant aux groupes paramilitaires ont installé des campements au sein des terres collectives de la communauté d’El Guamo, au Curvarado. Les paramilitaires qui se sont identifiés comme « Autodefensas Gaitanistas » intimident la population de ce village depuis samedi dernier et entrent sans permission dans les maisons de manière permanente depuis leur arrivée. Ils ont exprimé aux habitants qu’ils feraient un nettoyage social et se sont informés sur la présence de la guérilla dans les parages. Ils ont aussi menacé qu’ils avanceraient jusqu’à la montagne Cara de Perro pour se confronter à la guérilla. La montagne Cara de Perro est un lieu sacré de la réserve autochtone Embera, au Jiguamiando, et est convoité par des entreprises minières pour l’exploitation d’or, de cuivre et de molibdène.

Les paramilitaires ont menacé les membres du Conseil communautaire du Guamo que s’ils dénonçaient leur présence, ils en souffriraient les conséquences. Parmi les paramilitaires qui occupent le village d’El Guamo se trouve un paramilitaire connu comme Andrés Moreno. Ces derniers se déplacent en moto du village de Santa Marta jusqu’à El Guamo. À Santa Marta, des entrepreneurs occupent illégalement des terres des communautés noires et menacent sans cesse les afrodescendants qui réclament leurs terres.

Par ailleurs, le 25 novembre dernier, durant le programme radio "Entre Etnias" transmis à Apartado, il a été affirmé que c’est la Commission de Justicia y Paz qui empêche le progrès et qui est responsable des assassinats de Argenito Díaz et de Manuel Ruíz (paysans du processus de résistance civile du Curvarado qui ont été assassinés par les paramilitaires). Ils ont aussi affirmé qu’ils provoqueraient bientôt la mort de la leader afrodescendante Maria Ligia Chaverra.

Des entrepreneurs de la palme africaine, des plantations de bananes et de l’élevage extensif sont actuellement sous enquête pour les crimes ayant été commis contre Argento Díaz, Manuel Ruiz et son fils Samir, tout comme le rôle joué par la police et la Brigade 17 de l’Armée pour leur responsabilité par action ou omission dans ces crimes.

La leader Maria Ligia Chaverra a dénoncé au niveau national et international le rôle joué par les entrepreneurs dans le vol des terres et de graves menaces pèsent contre sa vie. Elle a d’ailleurs fait l’objet à plusieurs reprises de tentatives de criminalisation par le biais de montages judiciaires fondés sur de faux témoignages.

Même si le gouvernement a essayé de donner l’apparence d’un processus de restitution des terres réussi au Curvarado par des actes publicitaires, dans la réalité les structures paramilitaires continuent d’exercer un contrôle coercitif sur la population de la région afin de favoriser les entrepreneurs qui occupent illégalement les terres.

Malgré le fait que les communautés du Curvarado bénéficient des mesures provisoires leurs ayant été accordées par la CIDH, l’État colombien ne donne toujours aucune réponse efficace aux mesures collectives de protection demandées par les communautés.

Bogotá. D.C. 29 novembre 2012

Comisión Intereclesial de Justicia y Paz

Traduction libre : PASC