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06/12/2011
Les communautés des conseils communautaires questionnent le gouvernement national qui tente de leur imposer un règlement interne contradictoire. Elles questionnent également la pression gouvernementale qui a défini une éventuelle reddition de terres le 15 décembre, et ce, sans aucune garantie de protection face aux opérations paramilitaires et à l'extension des plantations de coca protégées par ceux-ci et la force publique, tout comme les projet illégaux de palme, de bananes et d'élevage extensif sur les territoires collectifs des communautés.

6 décembre 2011, communauté de Camelias, Curvarado, Carmen del Darien, Choco.

Communiqué à l'opinion publique

Nous, les membres des conseils communautaires réunis en association de Zones Humanitaires et Zones de Biodiversité des régions du Curvarado et du Jiguamiando manifestons que :

1. Les communautés, de façon autonome, élaborons nos propres règlements internes dans un exercice de participation collective, processus qui peut durer plus de deux ans. Ce processus et ses conclusions sont actuellement ignorés par le gouvernement national qui tente d'imposer un règlement interne qui a été élaboré sans nous, sans notre accord.

2. De la même manière, nous manifestons notre inconformité et désaccord face aux déclarations faites par le Ministre de l'Intérieur qui affirme que les territoires collectifs du Curvarado et du Jiguamiando (100 000 hectares) seront restitués aux communautés le 15 décembre 2011.

Jusqu'à maintenant, il n'y a aucune condition de sécurité sur notre territoire et le processus de recensement (préalable nécessaire à la restitution du territoire aux habitants ancestraux légitimes des territoires collectifs) n'a pas été accompli. De plus, la caractérisation du territoire n'a pas eu lieu et le gouvernement ne nous offre pas de garanties réelles qui nous permettrons de demeurer sur le territoire, comme l'ordonne pourtant la Court Constitutionnelle.

Le gouvernement, par l'intermédiaire du ministre de l'Intérieur, a affirmé unilatéralement que la restitution des terres aurait lieu le 15 décembre prochain. Cette attitude méconnaît le processus de recensement en cours, nos voix et nos propositions et ignore l'absence de moyens pour terminer le recensement face aux graves situations de violations de droits humais, invasions, plantations de coca, opérations paramilitaires qui continuent à aller de l'avant sur notre territoire et à nous menacer.

3. Nous voulons aussi aborder les affirmations faites par le gouvernement quant à la communauté voisine, Las Pavas. Les dires du Ministre de l'Intérieur ignorent la situation réelle des victimes, principalement celles qui ont vécu le massacre de Mapiripan. Les fausses accusations contribuent à méconnaitre la condition de victime et les massacres que nous avons subi en Colombie.

Le gouvernement dans notre cas ne reconnaît pas que depuis 2008, les entrepreneurs bénéficiant du paramilitarisme, affirment que nous, les membres des conseil communautaires, sommes des membres de la guérilla, seulement pour empêcher que nous soit remis le territoire collectif et pour s'assurer que la terre demeure entre les mains des entrepreneurs.

4. Nous réitérons que jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas eu d'accomplissement réel face aux engagements d'éviction des envahisseurs à la solde des entreprises installés illégalement sur les terres de la communauté de Camelias. Les envahisseurs n'ont pas été délogés non plus dans le reste du territoire.

De plus, face aux menaces d'une nouvelle invasion, rien n'a été fait, contrairement aux engagements pris le 4 novembre dernier.

5. Nous exigeons au gouvernement colombien de ne pas imposer une restitution des terres sans préalablement s'assurer que soient en place les garanties prescrites par l'acte du 18 mai de la Cour Constitutionnelle, la loi 70 de 1993 et le décret 1745 de 1995.

Nous réitérons notre objection à la façon de faire du Ministre de l'Intérieur qui ignore notre voix, notre processus collectif et qui ne nous reconnaît pas en tant que victimes de dépossession. Nous exigeons l'accomplissement des engagements, sans lesquels il n'y a aucune garantie pour l'assemblée des communautés et la restitution de nos terres aux habitants légitimes du territoire collectif.

Communiqué transcrit avec la permission des communautés

Comision Interclesial de Justicia y Paz,

Bogota, 6 de diciembre del 2011.

Traduction libre du PASC


 

Author
Justicia y Paz