Skip to main content
19/10/2006

Le retour du silence… de la dignité.

Zone Humanitaire de El Tesoro, Curvaradó Rencontre entre accompagéEs et accompagnantEs, le premier jour du Regresso (Retour) Depuis très tôt l’anxiété envahissait l’âme, il fût impossible de dormir. C’était le 1er octobre, le jour où se concrétisait l’espoir d’un retour. Après 13 délocalisations, la première en 1996, la seconde en 1997, la troisième en 2001 y les suivantes entre 2003 et 2004, les jambes étaient prêtes à marcher, les dos prêts à transporter. La nuit s’est passée sans que les yeux se ferment. De l’autre côté du fleuve Jiguamiandó, commençait le chemin menant au hameau El Tesoro dans la région de Curvaradó, un sentier peu utilisé depuis les 10 dernières années, un sentier qui conduit de l’épaisse forêt au désert vert de la Palma Aceitera, un sentier qui conduit au souvenir de l’horreur, à la mémoire des rêves bâtis et finalement détruits par une violence officielle déguisée. Violence découlant d’une ambition territoriale, violence née aussi du commerce agroindustriel de la palme. > Nouvelle Zone Humanitaire title=Nouvelle Zone Humanitaire C’est accompagnés du PASC du Canada, d’un bénévole de l’église Luthérienne des Etats-Unis, de deux religieux de l’église catholique de Justicia y Paz, et la présence de plusieurs appuyeurEs. C’est sans aucun appui économique, sans aucune réponse de l’État en matière humanitaire. C’est aussi avec les mensonges de l’État qui affirme en chambre internationale qu’il rendra les terres aux afrocolombienNEs de Curvaradó, pendant que les compagnies Urapalma et l’industrie d’extraction Bajirá continuent à tirer profit des ressources. C’est avec l’hypocrisie institutionnelle qui affirme que les afrocolombienNEs ne veulent pas de développement ou encore que les organisations qui accompagnent les communautés les manipulent. C’est finalement avec ces contradictions à la base même de la logique du commerce que se sont commis des crimes irréparables contre la biodiversité, que certains individus ont lavé de l’argent en octroyant du financement fictif. Que par une fausse réinsertion des paramilitaires, il s’est configuré de nouvelles forme et control et d’agissement militaire. Avec la guerre militaire persistante… ainsi sous silence, la dignité va solitaire. Une intolérance était palpable face à un retour déterminé par la conviction profonde qu’il serait meilleur de vivre sur le territoire même. Le lundi 2 octobre, avant cinq heure du matin, une tentative de plus, peut-être le dernier espoir, peut-être la mort ou la vie avec dignité. 25 familles de la Cuenca de Curvaradó venant des communautés de Buenavista, Jengadó Medio, Camelias chargées du peu qu’ils possèdent traversent le fleuve Jiguaminadó. Pas à pas, pendant plus de trois heures, ils rentrent le cœur à la fois brisé et heureux, tellement de moments leur reviennent en mémoire. Ils retournent après dix ans à El Tesoro. Commencer à nouveau, mais cette fois au milieu d’un désert de Palme, El Tesoro est un espace de vie, de survie, un lieu primordial afin d’éviter que la culture ne soit déracinée. C’est là que sera installée la Zone Humanitaire, à deux heures de la Zone Humanitaire de Curvaradó du patriarche Enrique Petro. La Zone Humanitaire de El Tesoro constitue un lieu de protection, un lieu géographiquement commun aux afros et aux métis qui par cette initiative réclament la vie et le droit à la dignité. La Zone Humanitaire s’est construite en deux périodes de travail, du 22 au 24 août et du 13 au 15 septembre. C’est ainsi qu’il fût possible de clôturer les 4 hectares de terre et de préparer le terrain avec 25 habitations, une école, un terrain de soccer et des espaces de terrasses. Ce lundi, ce sont 52 personnes qui étaient présentes, tous et toutes satisfaitEs, contentEs, dynamiques. Après une belle soirée, est venue la nuit, le silence, les souvenirs. Recueillement de vie, même si plusieurs manquaient, leur présence fût commémorée par des bougies allumées en leur nom au milieu de la nuit, les flammes éternelles de la dignité. Les femmes commencèrent à construire les cuisines, peu à peu arrivèrent d’autres personnes ramenant avec eux les objets ayant bâtis l’histoire de la communauté. Un homme âgé enseignait à bâtir une maison, un autre racontait des histoires, finalement réunissant les histoires de chaque personne, se forme l’histoire collective. Puis un moment de silence, un silence pénétrant, qui ramène à l’origine, au juste, au digne. Arrivant ainsi au territoire, c’est un pas de plus vers la réappropriation qui permet d’imaginer des Zones de Biodiversité etc., tous y rêvent, du plus jeune au plus âgé. C’est donc ainsi, pas à pas, même après 10 ans, qu’il est possible de recommencer, de résister, de s’affirmer, de construire, de maintenir les rêves vivants. Et ce, malgré les crimes, l’immunité etc. Parce que la terre c’est la dignité. « Sans la terre il n’y a pas de vie, et sans vie il n’y a pas de terre… c’est pourquoi il y a el Territorio ». Donc se continu le processus de réappropriation par la construction d’une Zone de Biodiversité, les espaces de récupération environnementale, de protection de la biodiversité. C’est donc un retour silencieux, un retour de la dignité sur des terres ayant été piétinées, déracinées, détruites par cette guerre née du commerce de la palme. Bogota, 19 octobre 2006 COMMISSION INTERÉCCLÉSIASTIQUE « JUSTICIA Y PAZ»
Author
Justicia y Paz