Aller au contenu principal
04/10/2025

La caravane humanitaire qui a parcouru les municipalités de Socha, Socotá, Pisba et Paya dans le département de Boyacá s'est terminée dans un appel unanime : les communautés, ainsi que les organisations sociales, paysannes, de défense des droits humains et les médias, exigent de toute urgence la construction d'une route qui améliorera leurs conditions de vie.

Le 28 septembre, dans la communauté d'El Santuario (Socotá), une Table de concertation et de négociation a été mise en place entre l'Association Corredor Humanitario Ruta Libertadora et les institutions étatiques. Son objectif est d'amener l'État colombien à répondre à une revendication historique des communautés : la construction de 32 kilomètres de route qui transformeraient la qualité de vie de leurs habitant·es.

Les participant·es à la caravane, qui s'est déroulée du 26 au 28 septembre, ont pu confirmer les plaintes répétées des paysan·nes de la région.

Image


 

L’urgence de la construction d’une route

Organisations sociales, médias, défenseur·es des droits humains et représentant·es du gouvernement ont documenté les conditions difficiles auxquelles sont confrontées les communautés en raison de l'abandon de l'État, de la précarité économique, de la détérioration de l'environnement et de la violation continue de leurs droits.

Le sénateur paysan Robert Daza, la Conseillère pour les régions de la Présidence de la République Luz María Múnera, et la représentante du gouverneur de Boyacá Nini Johana Moreno, ont participé à la mise en place de la table ronde. La Defensoría del Pueblo [bureau des défenseur·es du peuple] n'a assisté qu'à la première journée et, sans aucune explication, a quitté l'activité.

Luz María Múnera s'est engagée à promouvoir des actions visant à faire avancer la construction de la route. Le sénateur Daza et d'autres fonctionnaires nationaux ont adopté la même attitude et reconnaissent l'urgence des travaux. Pour sa part, Nini Johana Moreno s'est engagée à présenter les revendications de la communauté au gouverneur Carlos Amaya.

Les communautés espèrent que, dans les prochains jours, les entités étatiques prendront des mesures concrètes concernant la route réclamée.

Image


 

Mairies déconnectées des communautés

Les représentant·es des mairies de Socha, Socotá, Pisba et Paya n'ont pas participé à la cérémonie de clôture, bien qu'ils aient été invité·es et informé·es plusieurs semaines à l'avance.

L'un des cas les plus critiqués a été celui du maire de Socotá, Adiel Panqueba Chía, qui a stigmatisé les communautés et les organisations sociales, insinuant l'existence de liens avec des groupes armés et affirmant que la caravane « était là pour faire du tourisme ». Et ce, alors que la revendication principale est la construction d'une route.

Les paysan·nes de la région ont raconté que pendant la dernière campagne électorale, Panqueba avait promis de soutenir la construction de la route, promesse qu'il n'a pas tenue. Bien que la communauté ait organisé des tirages et des collectes de dons pour récolter des fonds, le maire a menacé d'envoyer la police s'ils commençaient les travaux sur la route.

Image

Le 26 septembre, le maire a nié avoir connaissance de la caravane, bien que son administration, comme d'autres entités, en ait été informée plusieurs semaines auparavant. Il n'a pas non plus assisté à la mise en place de la table de concertation du 28 septembre.

Face à cette situation, l'un des défenseurs des droits humains présents a déposé une plainte auprès de la représentante du département de Boyacá afin que les déclarations stigmatisantes du maire Panqueba et d'autres responsables locaux fassent l'objet d'une enquête.

Face aux arguments environnementaux avancés par certain·es opposant·es à la route, les communautés paysannes ont précisé qu'elles avaient toujours protégé le páramo de Pisba et qu'il était possible de construire une route avec un impact minimal sur l'environnement.

En outre, elles ont fait remarquer avec ironie que si la région recelait de pétrole ou d'autres ressources précieuses, la route serait déjà construite. Elles doutent donc que la véritable préoccupation des institutions soit l'environnement.

Image

Droits bafoués

Colombia Informa a accompagné la caravane, et a pu constater en personne les revendications historiques des communautés. Bien que cette région fasse partie de la Ruta Libertadora, traversée il y a plus de 200 ans par l'armée de Simón Bolívar, ses habitant·es ne disposent toujours d'aucune route et doivent parcourir pendant de longues heures des sentiers à l'aide de mules et de chevaux.

La population a dénoncé le fait que, à plusieurs reprises, des personnes malades sont décédées en chemin, n'ayant pas pu arriver à temps à l'hôpital. Bien que les communautés improvisent des civières et s'unissent pour transporter leurs proches ou leurs voisins, le trajet à travers le froid du páramo de Pisba est long et dangereux.

Transporter un être cher peut prendre de huit à dix heures à pied, avant d’arriver à un véhicule et, de là, se rendre dans les hôpitaux éloignés du Boyacá.

Image


 

Autres droits non respectés

L'absence de route empêche également les paysan·nes de commercialiser leurs produits tels que le café, les bananes, les pommes de terre et la viande. De nombreux habitant·es quittent la région en raison du manque d'emplois, d'éducation et de l'impossibilité de vendre leurs récoltes, sans compter les difficultés pour améliorer leurs logements, car ils ne peuvent pas transporter les matériaux de construction.

À cela s'ajoute l'absence d'électricité, d'Internet, de téléphonie, d'aqueduc et d'égouts, services de base indispensables à une vie dans la dignité, et auxquels les communautés n'ont pas accès.

En cette fin de la Caravane et mise en place de la Table de concertation, les communautés gardent l’espoir que le gouvernement national, le gouvernement départemental et les entités compétentes tiendront leur promesse de construire les 32 kilomètres de route qui ont le potentiel de changer la vie des familles paysannes de cette région de Boyacá.


 

Image

 

Auteur.trice
Colombia Informa