Des paramilitaires attaqueraient nos territoires selon des sources sûres
Nous voulons faire partager au monde la préoccupation que représente pour nous l’information transmise par des sources fiables sur le déroulement d’une opération militaire et paramilitaire qui se déroulerait dans notre vallée avant la fin de l’année 2011. (ZONES HUMANITAIRES NOUVEAUX ESPOIRS EN DIEU ET EN UNE NOUVELLE VIE, 11 SEPTEMBRE 2011)
Nos sources affirment qu’environ une centaine de paramilitaires se prépareraient à faire une incursion dans les territoires communautaires à Carmen del Darién, d’autres à Turbo, à Apartadó et Chigorodó, ayant recruté pour cela dans ces trois derniers territoires, des jeunes qu’ils paient 800 000 pesos.
L’objectif de l’opération est de mettre en œuvre un contrôle social et territorial sur les villages de Vijao Cacarica, El Limón et la Zone Humanitaire de Nueva Vida. D’après cette source, l’opération compte sur l’appui de l’armée qui continue à nous considérer comme ses ennemis parce que nous exigeons le respect de nos droits.
La source de nos informations rapporte que certains des militaires de la brigade 17 en connaissent les objectifs. Celle-ci nous a contactés pour nous informer qu’elle savait que nous étions des gens innocents, que notre seul délit aux yeux des militaires et des paramilitaires était que nous dénonçons leurs exactions et que nous exigeons le droit à la consultation et à donner notre accord pour tous les projets que l’on prétend développer dans notre territoire.
Nous savons et le reste du monde sait bien qu’il n’y a jamais eu de véritable démobilisation paramilitaire en Colombie, qu’aujourd’hui le gouvernement colombien camouffle cela sous le nom de Bacrim, Aguilas negras,Rastrojos etc…et par ailleurs de nombreux faits ont démontré que la structure n’en a pas changé comme l’alliance avec les militaires non plus.
On les voit à Turbo, à Riosucio, à Tumaradó, ils ne se cachent pas, fréquentant les autorités, conversant avec des membres de la force Publique, ce en quoi ils se démarquent du passé puisqu’auparavant ils se camouflaient et maintenant ils se montrent en civil, en possession tour à tour d’armes courtes et cachées pas loin d’armes longues, prêtes à l’usage. Maintenant, ils prétendent contrôler les territoires en vue de négoces dans l’agriculture, dans des travaux d’infrastructure.
L’information d’aujourd’hui, n’est pas sans nous rappeler ce qui se produisit en 1997 lors de « l’Opération Génesis » au cours de laquelle furent assassinés Marino López puis 84 autres personnes, qui entraîna le déplacement de plus de 3800 personnes de Cacarica et Salaquí lors de l’opération commandée par le Général Rito Alejo Del Río. Déplacement qui reste impuni à ce jour.
Depuis 14 ans, nous résistons luttant pour notre vie et la défense de notre territoire, et jour après jour, nous élaborons des propositions pour la recherche de la vérité et de la justice, c’est pourquoi nous en appelons à ceux qui nous soutiennent quand la situation a tendance à s’aggraver car l’intérêt que portent les tout puissants à notre territoire n’est pas terminé.
De la même façon que nous avons condamné les assassinats de civils par la guérilla des FARC, aujourd’hui, nous nous élevons contre les agissements de la force publique qui a commis de graves infractions au droit humanitaire et des violations des droits de l’homme.
Ces derniers mois, des hélicoptères et des petits avions militaires ont survolé en rasant de très près et de façon continue, la nuit et le jour très tôt le matin, les Zones humanitaires et les villages des alentours. Ces survols ont semé la terreur et la panique sur la population, car les derniers mois, la force publique a effectué des bombardements et des mitraillages au cours desquels périrent des civils à El Truandó, personnes sans lien avec le conflit armé.Sur les lieux de travail des habitants des Zones Humanitaires et dans les Zones de Biodiversité, on a vu fleurir des pancartes disant : « guerrillero, démobilise- toi, ta famille t’attend »
Ces appels ressemblent à de fausses accusations, par lesquelles on prétend stigmatiser, justifier les agressions car ce ne sont en aucun cas des lieux d’hébergement de la guérilla, et ne l’ont pas non plus été, ce sont des mécanismes de protection du territoire.
Des membres de la force publique ont offert de l’argent à des membres des Zones Humanitaires pour qu’ils donnent des informations sur la localisation de la guérilla, feignant de méconnaître notre projet de vie et tentant de nous entraîner dans leur guerre, qui n’est pas la nôtre, d’où leurs représailles.
Le 24 août dernier, à 8 heures du soir, la Communauté Quebrada Bonita, où travaillent des membres de CAVIDA, a été survolée par un avion d’exploration, dix passages successifs sur la maison qui abrite les membres des conseils communautaires.
Nous comptons sur votre solidarité pour éviter, sur notre territoire, une incursion paramilitaire qui portera atteinte à notre vie, à notre intégrité d’afrocolombiens, d’indigènes et de métis qui vivons à Cacarica.Les familles des conseils communautaires de Cacarica, associées aux Communautés Autodétermination, Vie, Dignité, CAVIDA.
Source originale en espagnol : Comisión Intereclesial de Justicia y Paz, le 13 septembre 2011
Traduit par Pascale Cognet pour La Pluma.net