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19/01/2022

Le 19 Janvier 2022 – cela a fait 7 ans que Carlos Alberto Pedraza Salcedo, sa famille et les organisations sociales auxquelles il a dédié sa vie font face à l'impunité.

Carlos Pedraza a disparu un jour où il était sortit de chez lui pour se rendre à la première réunion de l'année en janvier 2015 de la coopérative, El ZIPA, en charge de la distribution à Bogotá des produits du réseau de coopératives d'Arauca. C'est justement à Saravena, que le 19 janvier 2022, à 22h33 une bombe à la voiture piégé à fait un mort et plusieurs blessés lorsqu'elle a explosé devant les locaux des coopératives et organisations sociales.

Carlos a été retrouvé 3 jours plus tard à 60km de chez lui dans une zone rurale au Nord de Bogotá, avec une balle ayant traversé son crâne. Les irrégularités dans l'enquête sont nombreuses, un premier appel avait fait part d'un accident de moto, alors qu'il n'a jamais conduit de moto ni aucune moto n'a été impliquée dans cette affaire. Sa famille a reçu des menaces et son frère à été victime d'un montage judiciaire et finalement contraint à l'exile. Mais au-delà de ces faits, ce qui importe c'est ce que faisait Carlos au quotidien et les raisons pour lesquelles il a été assassiné ; raisons qui se trouvent être les même que celles derrière l'attentat à la bombe du 19 janvier dernier et de nombreux autres assassinats, attentats, montages judiciaires et emprisonnements des 7 dernières années.

La région d'Arauca, éloignée des grands centres est née d'une histoire de luttes sociales. La rencontre entre les paysans venus y chercher des terres au siècle dernier avec la nation autochtone U'wa a donné lieu à un développement communautaire qui s'acharne a prouver au quotidien que le rapport au territoire peut se tisser d'une manière harmonieuse. C'est d'abord ECAAS, l'entreprise communautaire d'eau et de gestion des égouts qui s'est installée, basée sur une assemblée des habitant.es de la région qui s'assurent de la préservation des sources d'eau en alliance avec la nation autochtone U'wa et l'idée d'un service accessible et adapté aux besoins des usager.es. Sont venues s'ajouter des coopératives de transport, pour faire les routes et assurer les liaisons, des coopératives de production de plantain, de cacao et un abattoir pour la production de viande dans cette région des plaines où l'élevage est une partie importante de l'économie. Mais ce système d'économie locale inclus aussi, des coopératives de services, de transformation du cacao en chocolat, des radios communautaires et un journal régional.

C'est l'ensemble de ce tissu social qui s'oppose à la main mise des pétrolières dans la région, qui soutien les récupérations et occupations de terres dans la région sur les terres volées par les multinationales du pétrole comme la OXY Petroleum.

C'est une région qui face à l'inaction du gouvernement c'est auto-organisée afin d'éradiquer les champs de coca, une culture qui en plus d'épuiser les sols, amène sont lot de problèmes sociaux s'insérant dans l'échelon le plus bas de ce qu'on connaît comme le trafic de drogue.

La situation de 2022 avec un attentat à la grenade le 9 janvier dernier contre ECAAS et à la voiture piégée contre d'autres coopératives, les locaux du journal régional et d'autres associations, ont été revendiquées par un le Front 28, qui se proclame héritier des FARCs, mais dont les agissements répondent aux objectifs de l'État qui persécute via ses actions militaires, paramilitaires et judiciaires un territoire qui reste la preuve vivante qu'une autre relation au monde est possible. La situation actuelle est d'ailleurs la conséquence directe des politiques gouvernementales ; en effet s'il existe des groupes insurgés armés répondant au nom de FARC malgré les accords de paix de 2016 avec cette guérilla, c'est avant tout parce que les accords n'ont pas été respectés. Dans ce cas précis, il y a des allégations d'accords entre ce Front 28 et le gouvernement, qui bien qu'ils ne soient pas prouvés pour l'instant, permettent de comprendre la situation.

C'est l'héritage de cette lutte qui a coûté la vie à Carlos Pedraza dont nous célébrons chaque année la mémoire, avec un jeu dont il était friand, de la musique et des soupes communautaires dans son quartier.

 

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PASC