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01/08/2021

C'est avec tristesse et une profonde inquiétude que nous informons les organisations de droits humains, les organisations internationales, les autorités civiles, les organismes de contrôle et la communauté en général que 1000 personnes, environ 250 familles composées de jeunes femmes, d'enfants et d'hommes qui vivent dans la partie sud du département de Bolivar, plus précisément dans les zones rurales des municipalités de Santa Rosa del Sur, Montecristo, Arenal del Sur et Morales, avons été obligé.es d'agir pour protéger les droits humains de la population de la région. Nous avons été contraint.es de prendre la décision de quitter notre territoire pour nous installer dans la zone urbaine de la municipalité de Santa Rosa del Sur en raison des actes de violence très graves qui se sont produits et qui nous affectent sérieusement et profondément. Et cela, malgré que nous soyons des civil.es et que nous ne soyons impliqué.es avec aucun des acteurs armés présents dans notre région. 

Depuis le début de l'année 2019, lorsque le gouvernement national a décidé de réactiver la Force opérationnelle conjointe Marte pour qu'elle soit présente dans la région, les actes de violence contre la population civile ont augmenté de manière exponentielle. Les actes de violence graves ont été si nombreux qu'il serait trop long de les décrire tous en détail. Il suffit de dire que les unités de la Force Marte ont fait des incursions violentes dans les zones rurales des municipalités de Morales et d'Arenal et ont occupé des biens civils, mettant en grand danger les propriétaires des sites occupés. Il y a eu des combats sanglants dans des zones peuplées, générant terreur et angoisse parmi les habitants ; et des attaques entre les unités des forces publiques et l'organisation insurgée présente dans la région, mettant les civil.es en grand danger. Suite à la réactivation de la Task Force, et sans coïncidence, il y a eu une augmentation significative des forces paramilitaires dans différents secteurs de nos municipalités. 


L'organisation autoproclamée Autodefensas Gaitanistas de Colombia, plus connue sous le nom de "Clan del Golfo", a fait son apparition publique dans les rues, les routes, les villages et même les centres urbains, annonçant qu'elle était arrivée sur le territoire pour y rester et qu'elle se dirigeait vers la partie supérieure de la chaîne de montagnes. La même chose a été dite il y a 20 ans par le commandant des AUC, Carlos Castaño. De nombreuses personnes ont été intimidées, déplacées individuellement, extorquées et même tuées par les "Gaitanistas", sans que les nombreuses troupes de la force opérationnelle conjointe aient agi contre elles, comme elles l'ont fait, par exemple, contre l'ELN.
 
Plus tard, au début de l'année 2021, un autre groupe armé a annoncé sa présence dans les secteurs des municipalités susmentionnées ; ils se sont identifiés comme le 37e Front des FARC et ont déclaré que leur plus haut commandant est Gentil Duarte. Pour leur présentation publique, ils ont convoqué des membres des Juntas de Acción Comunal qui, craignant d'être convoqués par un groupe armé, ont assisté à la réunion ; ils y ont entendu que le commandant de ce groupe avait pris une série d'engagements envers les communautés et leurs organisations, qu'il n'a en réalité pas tenus. Le commandant lui-même a déclaré qu'il était venu pour s'implanter sur un territoire qui était aussi le leur et pour poursuivre l'héritage révolutionnaire des FARC-EP. 

À cet ensemble d'acteurs armés, il faut ajouter la plus ancienne organisation insurgée de la région, l'Armée de libération nationale (ELN). Les actions armées touchent toujours directement ou indirectement la population civile et c'est ce qui nous arrive et ce qui nous oblige à quitter nos secteurs pour nous déplacer et exiger que nous soyons reconnus, respectés et non impliqués dans la confrontation militaire de tous ceux qui aujourd'hui tentent de prendre notre territoire sous la menace des armes. 

Pour conclure, nous aimerions vous dire qu'au cours des trois dernières semaines, nous avons assisté à une confrontation armée entre le soi-disant 37e Front et l'ELN qui a fait 11 morts, membres des deux groupes, et nous avons été directement touchés lorsque, le 26 juillet, des membres du 37e Front sont arrivés dans le village de Mina Piojo et ont assassiné le leader Oswaldo Pérez dans un état de totale impuissance. De même, différentes personnes de diverses communautés ont reçu des communications écrites au nom de l'ELN, leur notifiant qu'elles devaient quitter la région parce qu'elles soutenaient soi-disant le groupe du 37e Front.

 

Notre territoire est pour la vie et non pour la guerre

Author
SEMBRAR PASC