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06/12/2013

Mercredi 4 décembre à 9h, Campo Elias Ortiz, ex-travailleur d'une entreprise sous-traitante de Pacific Rubiales, quittait son domicile pour se rendre au siège social de l'Union syndicale ouvrière de l'industrie du pétrole, dont il est un membre actif, lorsqu'il a été arrêté. Un sort similaire espérait José Dilio et Hector Sanchez, leaders communautaires de la région de Rubiales. L'ensemble des charges sont liées à des faits remontant à 2011 et s'étant déroulés dans le cadre de la mobilisation ouvrière de contestation des conditions de travail au champ pétrolier de Rubiales, opéré par la Canadienne Pacific Rubiales Energy.1

Tous trois ont comparu détenus le jeudi 5 décembre au matin sous des chefs d'accusation « d'obstruction de la voie publique », « violations au droit du travail », « menaces » et « séquestration aggravée ». Cette dernière accusation, menant à des condamnations entre 40 et 60 ans d'emprisonnement, est basée sur le fait que la ligne de piquetage tenue à l'entrée du champ pétrolier empêchait d'y entrer ou d'en sortir. Il s'agit d'une accusation grave qui ne sera sans doute pas retenue au procès, mais qui a pour conséquence immédiate l'impossibilité de libération conditionnelle en attente de procès. Il s'agit d'une pratique courante dans le système de « justice » actuel : imputer des charges criminelles démesurées afin de délégitimer et contenir la contestation sociale. On l'a vue au Québec avec le cas d'étudiant-e-s accusé-e-s sous des chefs d'accusation de terrorisme pour ce qui finira par être jugé comme un méfait (cas des fumigènes dans le cadre de la grève étudiante de 2012).

L'utilisation abusive de lois existantes fait partie des mécanismes reconnus de criminalisation d’opposant-e-s dans le monde. Rappelons que les trois syndicalistes ont été témoins au Tribunal populaire sur les politiques extractives en Colombie (2013). Lors de ce tribunal, un jugement a été émis contre la multinationale Pacific Rubiales Energy,  en la présence de diverses organisations et personnalités canadiennes2 : les syndicats énergétiques, des postes et de la fonction publique entre autres, ainsi que le député provincial Amir Khadir et Susana Déranger, leader autochtone d'une région affectée par les sables bitumineux en Saskatchewan.

Hector Sanchez avait alors fait part des craintes qu'il avait pour sa vie, suite aux menaces reçues avant et après l'audience s'étant tenue à Puerto Gaitan le 13 juillet 2013, à proximité des champs pétroliers de Rubiales3.

José Dilio fait partie des dizaines de témoins dans l’enquête ouverte suite aux nombreuses plaintes de l'Union syndicale ouvrière qui accuse Pacific Rubiales de violation au droit du travail et au droit de libre association. Cette plainte a été déposée en mai 2013 et Campo Elias Ortiz s'en était fait le porte-parole notamment auprès des médias canadiens4.

Ces arrestations interviennent à quelques jours à peine de l'anniversaire de la mort de Milton Riveras, également travailleur impliqué dans le conflit de travail de 2011, assassiné le 11 décembre 2012.5

C'est le bureau du procureur 239 de Bogota et non un bureau régional qui porte les accusations, ce qui laisse craindre une vague d’arrestations contre d'autres membres du syndicat, dont Rodolfo Vecino, ex-président de l'Union syndicale ouvrière de l'industrie du pétrole, porte-parole lors du conflit de travail.
 
L'Union syndicale ouvrière de l'industrie du pétrole fait appel à la solidarité nationale et internationale en encourageant l'ensemble des organisations canadiennes soucieuses du droit d'association syndicale à dénoncer publiquement ces processus de judiciarisation.

Faire parvenir vos lettres de solidarité à usonacional@yahoo.es et vos dénonciations aux autorités colombiennes.


1 « Conflit avec la pétrolière canadienne Pacific Rubiales » http://www.pasc.ca/fr/action/ConvoiHumanitaire-PacificRubiales
2 L'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC | PSAC), le Colombia Action Solidarity Alliance (CASA), le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), le Groupe d’orientation politique pour les Amériques (GOPA | APG) du Conseil canadien de la coopération internationale (CCCI), le Parti Québec Solidaire, le Syndicat des communications, de l'énergie et du papier (SCEP | CEP) et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP | CUPW).
3 « Menace contre un leader communautaire membre de la USO suite à l'audience contre la pétrolière canadienne »: http://www.pasc.ca/fr/action/menace-contre-un-leader-communautaire-membre-de-la-uso-suite-%C3%A0-laudience-contre-la-p%C3%A9troli%C3%A8re
4 Reportage de Global News diffusé en juillet 2013 http://globalnews.ca/news/729796/colombian-labour-union-accuses-canadas-pacific-rubiales-energy-of-intimidation/
5 «Le pétrole de Puerto Gaitàn est maintenant teinté de sang ouvrier»
 

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PASC