Publié dans le Bulletin Profiteur de mars 2013
Ces travailleurs et travailleuses de l'entreprise Carbones del Cerrejón dans le département de La Guajira ont mis fin à la grève qui avait commencé le 9 février avec la signature par leur syndicat d'une nouvelle convention collective qui assure de meilleures conditions de travail. Rappelons que Cerrejón est la plus grande mine de charbon à ciel ouvert au monde.
La nouvelle convention collective 2013-2015 est le résultat de l'attitude ferme du syndicat, Sintracarbón, qui a prôné le dialogue direct comme mécanisme légitime pour résoudre les différends avec l'employeur. Les négociations directes ont d'abord duré 20 jours. Puis, elles ont été prolongées de 20 jours, après quoi les travailleurs et travailleuses ont voté en faveur de la grève. La grève a duré 29 jours, et pendant ce temps, le syndicat est resté ouvert au dialogue et à la négociation d'un accord équitable pour les travailleurs et travailleuses.
Sintracarbón estime que l'accord représente un progrès important. L'entreprise a par exemple reconnu le droit des syndicats à participer aux décisions concernant la sélection, la mise sous contrat, l’évaluation et la gestion de l'entreprise chargée des soins de santé qui fournira des services aux travailleur-euse-s. Une avancée importante a aussi été réalisée en termes de conditions de travail, avec l'acceptation par l'entreprise de donner des contrats d'emploi permanent à 600 travailleurs temporaires, donnant à ces derniers une sécurité d'emploi, une meilleure protection de sécurité sociale et la garantie du droit d'adhérer à un syndicat. Les autres avantages obtenus concernent des prêts pour le logement et un meilleur niveau d'éducation pour les travailleur-euse-s et leurs familles.
L'extraction du charbon par Cerrejon et les autres entreprises propriétaires des mines de charbon en Colombie n'est pas blanche comme neige... Outre sa grande résistance à traiter ses travailleurs décemment, depuis le début de cette exploitation en 1983, les activités de El Cerrejón et son expansion continue ont entraîné le déplacement forcé de communautés autochtones Wayuu ainsi que de communautés afro-colombiennes de la région. Cette violence se matérialise entre autres par l'achat des terres productives dans la région, aggravant l'isolement des villages et affectant l'économie paysanne. On note aussi une détérioration des conditions de vie des communautés vivant proche El Cerrejón ; les opérations de la mine contribuent à la pollution environnementale et à la détérioration de l'état de santé de la population de la région. Bien qu'aucune entreprise canadienne ne soit membre du consortium propriétaire de la mine, la firme d'ingénierie canadienne SNC Lavallin (elle est décidément partout!) a été embauchée pour développer le projet d'expansion El Cerrejon. Et le charbon de cette mine est acheté, entre autres, par les compagnies canadiennes Nova Scotia Power et New Brunswick Power. Une campagne de pression envers ces deux gouvernements des Maritimes existe depuis des années afin qu'ils n'achètent pas le charbon de Cerrejon.
Par ailleurs, une autre entreprise canadienne exploitant le charbon colombien a fait parler d'elle l'an dernier. En 2012, la police colombienne a mis violemment fin à la grève dans la mine de charbon de La Caypa, appartenant à la compagnie canadienne Pacific Coal, filiale de Pacific Rubiales. La compagnie canadienne jugeait cette grève illégale «parce qu’elle retenait la propriété privée (l’équipement minier et l’infrastructure), occupait des locaux privés, et empêchait l’accès à la mine »...