Le 28 février dernier, la campagne Agua y Agricultura Si, Petróleo y Minería No! (Eau et Agriculture Oui, Pétrole et Minière Non!) organisait une rencontre régionale pour la défense de l’eau dans la province de Sumapaz. Cette rencontre a eu lieu dans la ville de Fusagasugá, dans le département de Cundinamarca, afin de réunir les habitant.es des différentes municipalités situées aux alentours du páramo de Sumapaz qui sont affectées par différents projets extractifs. L’objectif était de permettre un échange entre les habitant.es de cette région au sujet de leur situation respective et de leurs résistances menées afin d’articuler une lutte commune pour la sauvegarde du plus grand páramo au monde.
Un páramo est un écosystème unique se trouvant dans les hauts sommets de la Cordillère des Andes. En plus d’abriter une flore et une faune variée, les páramos sont particulièrement importants pour leur rôle dans la rétention d’eau, représentant 75% des réserves d’eau de la Colombie. À lui seul, le páramo de Sumapaz est considéré comme l’une des réserves d’eau douce la plus importante au monde.
Présentement, c'est plus de la moitié du territoire colombien qui est destiné à l’exploitation d’hydrocarbure et la province du Sumapaz n’est pas exempte de cette menace. Parmi les trois projets d’exploration pétrolière du Sumapaz, deux sont réalisés par des entreprises canadiennes, soit Alange Energy Corp, filière de Pacific Rubiales, et Camacol Energy S.A. Colombia.
Lorsque les politiques étatiques et les outils juridiques ne permettent pas une défense du territoire, la mobilisation et la résistance des populations deviennent la seule option disponible. Les habitant.es de San Bernardo ont réussi à faire cesser temporairement l’exploration sismique d’Alange Energy Corp, il y a de ça 2 ans, en bloquant les routes pour refuser le passage des véhicules de l’entreprise. Toutefois, la résistance n’est pas sans risque comme le déplore un habitant de cette municipalité, rappelant la criminalisation du mouvement social, et les outils juridiques à la disposition des multinationales pour poursuivre leurs activités en toute impunité.
La rencontre régionale de la campagne Agua y Agricultura Si, Petroleo y Mineria No!, a réuni une centaine de participant.es, permettant de redonner souffle et motivation aux militant.es dans la poursuite de leur lutte. Le mot d’ordre était clair : si ce sont plusieurs projets extractifs variés auxquels doivent faire face les communautés, il n’est pas question de se diviser. C’est un même combat contre un système d’exploitation capitaliste néolibéral qu’il faut mener et l’union de toutes les forces est indispensable. La campagne permet de rassembler des étudiant.es, travailleur.ses et habitant.es de la région afin de créer des réseaux de soutien permettant entre autre la diffusion des réalités vécues sur le terrain, la circulation des connaissances et la création d’un front commun afin de documenter les dossiers de défense du territoire et de répondre aux évaluations environnementales faussées et arguments légaux des multinationales.
La population affectée par le projet d’exploration COR-33 de la filiale canadienne Alange Energy Corp a obtenu la mise en place d’une audience publique après une lutte acharnée auprès des autorités locales. Une énergie particulière sera dédiée à mettre en valeur la défense du territoire lors de cette audience qui devrait se dérouler prochainement.