En décembre 2016, en pleine nuit, le gouvernement Couillard a imposé le bâillon pour forcer l’adoption du projet de Loi sur les hydrocarbures, sans considération aucune de l'avis des habitant.es du territoire qu'on appelle le Québec, mis à part celui de ses amies pétrolières et gazières. En septembre dernier, il a rendu publics les projets de règlements de mise en œuvre de cette loi qui doit entrer en vigueur d’ici la fin 2017. Ces derniers autorisent des forages à proximité des zones habitées et dans les plans d'eau. A croire qu'ils ont été écrits de la plume des lobbyistes de l'industrie pétrolière.
Si la fracturation hydraulique est sans aucun doute ringarde, elle présente des risques. Les nouveaux règlements modifient la distance minimale retenue entre les puits de forage et le fleuve, les lacs, les rivières, les parcs, les sites patrimoniaux, les établissements de santé et d'éducation, les garderies, les maisons, une plaisanterie qui encore une fois, ne peut que nous faire rire jaune. Les 40 à 275 mètres entre tous ces lieux de vie communs et collectifs et l'exploitation d'hydrocarbures ont raison de nous laisser perplexes si ce n'est inquièt.es de la menace, notamment sur l'eau (source première de vie) que ces distances ridicules laissent planer sur les corps, les vies, les écosystèmes. 175 mètres entre un forage et un quartier résidentiel, 150 mètres pour une maison isolée. Et puis quoi encore…
S'attaquant au vivant et au cœur de la biodiversité, ces mesures permettent d'ouvrir les lacs et les rivières du soi-disant Québec aux projets d'exploration de pétrole et de gaz. Plus rien n'est interdit : forer à la limite des parcs nationaux et des aires protégées sera désormais possible. De leur côté, presque 300 municipalités exigent une dérogation au gouvernement Couillard pour protéger leur eau potable, dérogation qu'il, à notre grande surprise, refuse de leur accorder. Et pourtant ! Elles n'exigent pas l'arrêt pur et simple de l'exploitation par fracturation hydraulique, mais seulement le respect d'une distance de 2km entre les puits et les zones habitées. 2km !
Et cela ne s'arrête pas là : les projets de règlement en question viennent baliser la responsabilité des entreprises à des montants prédéfinis en cas de dommages environnementaux et sociaux, qui, il va sans dire, sont loin de représenter d'hypothétiques craintes. Alors que nettoyer les sites endommagés est souvent impossible, les entreprises verront leur responsabilité monétaire limitée par la loi. Qui restera donc avec le territoire dévasté en cas de fuites, de déversements, d'accidents ?
Ainsi ces projets de règlement mettent au grand jour les liens tangibles et directs entre gouvernement et entreprises extractives : favorisant la fracturation, limitant la responsabilité des entreprises et permettant les forages à des distances risibles des habitations et lieux de vie, ils officialisent le mépris général envers la population et l'eau potable.
Évidemment, les projets de règlements de Couillard ne peuvent que nous rappeler l'histoire de la lutte contre les puits Haldimand 1 et 2 de Pétrolia à Gaspé. Alors que Pétrolia a annoncé à l'automne dernier la possibilité d'exploiter par fracturation hydraulique au niveau de ces deux puits, le gouvernement lui facilite la tâche en lui ouvrant royalement la porte du sous-sol par voie légale.
Quand le gouvernement s'allie sans plus de cachotteries aux pétrolières et aux gazières pour détruire le territoire, que reste-t-il pour être entendu.es ? Multiplier les initiatives de confrontation, les actions contre les nombreux systèmes de domination qui détruisent les corps et les territoires, se solidariser avec les communautés autochtones qui s'organisent sur ces terres colonisées, pillées ?
À l'image des luttes victorieuses contre le pipeline Énergie Est de TransCanada, du camp de la Rivière et des diverses actions menées contre les pétrolières en Gaspésie, déstabilisons les entreprises extractives, leurs projets qu'elles sèment comme des petits pains et leurs visions étriquées d'un monde profitable pour les hommes cis, blancs, riches, avides de pouvoir et, il va de soi, en perte de sens.
Solidarité avec les peuples et individus en lutte contre ces structures ridicules, ces mécanismes de la domination sous toutes leurs coutures, ces barrières qui interfèrent avec le vivant.
Vive l'effervescence !