Aller au contenu principal
27/07/2025
Image

C’est avec la force de la dignité paysanne et le soutien des organisations sociales de tout le pays que le Catatumbo se prépare à accueillir une Caravane Humanitaire internationale, qui traversera ses territoires du 25 au 31 juillet. Cette initiative, portée par le réseau Red de Hermandad y Solidaridad con Colombia (RedHer), permettra à plus de 100 caravanier·ère·s de découvrir et de rendre visibles les multiples violations des droits humains et du Droit International Humanitaire subies par les communautés, tout en exigeant de l’État colombien de véritables garanties pour une vie digne.

L’itinéraire commencera dans la ville d’Ocaña et traversera des municipalités emblématiques telles que Convención, Teorama et El Tarra, des territoires historiquement touchés par le conflit armé, l’abandon de l’État et la présence de divers acteurs armés. Pendant sept jours, la Caravane écoutera les témoignages directs de dirigeant·e·s sociaux, d’organisations paysannes, de jeunes et de femmes qui, malgré la guerre, continuent de résister et de construire des initiatives pour la paix.

Il s’agit de la deuxième Caravane Humanitaire à visiter le Catatumbo. La première a eu lieu en août et septembre 2004, à un moment critique de consolidation paramilitaire. Cette première caravane a contribué à briser le siège de la peur et a permis la tenue de la rencontre « Intégration, Vie et Territoire », à laquelle ont participé plus de 400 délégué·e·s des conseils communautaires locaux (Juntas de Acción Comunal, JAC) et des fédérations de ces conseils (Asociaciones de JAC). Cet événement a été le point de départ de la création du Comité d’Intégration Sociale del Catatumbo (CISCA).

Image

Vingt ans plus tard, dans un contexte de pressions, de stigmatisation et d’accusations systématiques contre les dirigeant·e·s sociaux et communautaires, cette deuxième caravane se déroulera sous le slogan: « 20 ans de résistance sur le territoire ». Elle sera composée de plus de 100 participant·e·s nationaux et internationaux, parmi lesquels des délégué·e·s d’organisations étrangères, de communautés paysannes, d’organisations sociales, de défenseur·e·s des droits humains, de médias, ainsi que de représentant·e·s du mécanisme de vérification des Nations Unies, du Bureau du Défenseur du Peuple, du Diocèse d’Ocaña et de la Misión de Apoyo al Proceso de Paz en Colombia (MAPP-OEA). L’objectif principal est de recueillir les nombreuses dénonciations de violations des droits humains, des atteintes au droit international humanitaire et de violences structurelles causées par l’abandon de l’État, qui continuent d’affecter gravement la région. Ces dénonciations seront compilées dans un rapport qui sera présenté à des institutions et organisations nationales et internationales.
Dans un contexte de militarisation croissante, d’expansion du paramilitarisme et de criminalisation du mouvement social, la Caravane représente une action urgente pour les communautés. Au Catatumbo, être dirigeant·e·s de mouvements sociaux ou défendre le territoire continue d’entraîner stigmatisation et persécution. « S’exprimer ici et maintenant, c’est comme porter une pierre tombale sur le dos. Se déplacer dans la région, faire des démarches auprès du gouvernorat ou des mairies, ou même aller à Ocaña pour vendre nos produits et s’approvisionner, est devenu un risque majeur pour nous, et surtout pour les dirigeant·e·s », déclarent des leaders sociaux menacés et ciblés.

En plus de recueillir des plaintes, la Caravane Humanitaire assurera également un suivi du Décret d’État de Commotion Intérieure et vérifiera les avancées réelles du Pacte Social pour la Transformation Territoriale du Catatumbo. Ce pacte, adopté comme engagement par le gouvernement national, vise à transformer structurellement les conditions de vie dans la région. Il a été élaboré à travers un processus participatif incluant les Asociaciones de JAC, les organisations sociales, les associations de producteurs, les groupes de femmes, les jeunes, le peuple indigène Barí, ainsi que les autorités locales entres autres. Il s’agit de l’un des exercices de formulation de politiques publiques les plus complets entre l’État et les communautés du Catatumbo.

Un·e leader de la région souligne que la paix, c’est quand on parle de justice sociale, de souveraineté et de participation réelle à la transformation de nos réalités ; une paix construite d’en bas, qui redonne sa dignité à la vie paysanne et protège le territoire. Ce n’est pas seulement la paix des gens, mais aussi celle de la terre, de la rivière, des communautés et des familles. C’est un appel à passer de gouvernements de guerre à des gouvernements pour la vie, de la richesse extrême à la justice sociale, du paramilitarisme à la démocratie, de la doctrine de sécurité nationale à la défense de la dignité, du mensonge à la vérité, de la corruption à l’honnêteté, de l’impunité à la justice, et de la dépossession à la garantie de non-répétition.

Image

Les organisations convoquantes lancent un appel urgent aux médias, aux institutions étatiques et aux organisations internationales afin de rendre visible cette initiative et de briser la stigmatisation qui pèse sur le Catatumbo. La lutte pour la vie, le territoire et la justice sociale a besoin d’allié·e·s.

 

Auteur.trice
PASC REDHER