7 nov. CL. – Le premier juge pénal du Ministère public de Carthagène, Freddy Machado, a ordonné la libération immédiate des leaders sociaux du sud de Bolivar qui depuis le 22 mars, étaient injustement détenus pour avoir défendu les droits humains et le territoire. C’est ainsi que Milena Quiroz, Isidro Alarcón, Nubia Gómez, José David Jaime Lemus, Manuel Francisco Zabaleta Centano et Félix Muñoz ont retrouvé la liberté.
« Ce que nous avons maintenant c’est la décision d’un juge suite à une tutelle devant la Cour Suprême de Justice. Cette cour Suprême, en deuxième instance, ordonna qu’on nous redonne les droits fondamentaux qui nous furent violés. Ainsi, finalement, je retourne à Arenal, qui est mon village natal. » a expliqué la leader Milena Quiroz.
Pour prendre cette décision, le juge Machado s’est basé sur le fait que les preuves de l’enquête avancées contre les leaders du sud de Bolivar étaient précaires. En effet, il ne s’agissait pas d’une enquête intégrale et, bien plus, tout le cas appartenait à un autre de ces nombreux faux rapports judiciaires prétendument positifs.
Le 22 mars de cette année, dans la matinée, la Section d’enquête criminelle – Sijin – procéda à l’arrestation de 12 leaders sociaux de la région du sud de Bolívar à partir de l’accusation d’une supposée appartenance de ceux-ci et de celles-ci à l’Armée de Libération Nationale (Ejército de Liberación Nacional – ELN).
Être leader social n’est pas un crime
Plus tard dans la journée, quand on procédait à leur judiciarisation devant une juge des contrôles de garantie de Carthagène, le ministère public affirma que la véritable cause de ces détentions était que (par exemple) Milena Quiroz, une des détenues, devait être privée de sa liberté parce qu’elle promouvait et organisait des manifestations « fortement dangereuses pour le maintient de l’ordre de l’État, le maintient de la sécurité».
En réalité le ministère public oublia de mentionner et de prendre en compte qu’en Colombie le droit de manifester est garantie par l’article 37 de la Constitution politique.
À partir de ce moment, les organisations sociales et membres de la société civile colombienne et internationale réclamèrent justice pour ces 12 leaders et défenseur.ses des droits humains détenu.es dans le Sud de Bolivar.
Toute cette opération du ministère public de Carthagène ne fut en fait qu’une action de plus de persécution du mouvement social et de criminalisation de la protestation, toujours plus coûteuse dans cette nation Sud-Américaine.
Administrer la justice
Quiroz, interviewée ce matin par «Colombia informa», a expliqué que les leaders détenu.es ont subi suite à cette arrestation « un dommage moral, physique et psychologique très grand; au niveau familial et organisationnel. Ce dommage est irréparable. Malgré le temps qui passe, il sera difficile de réparer ce genre de choses. La justice doit être appliquée face aux corrompus, mais les personnes de bien doivent être aidées à défendre leurs droits.
« La liberté est un droit auquel nous aspirons tous. Mais je sens beaucoup de bonheur, de joie et d’émotion parce qu’il y a eu justice. Tout ce temps a permis de démontrer à ceux et celles qui administrent la justice qu’on ne peut signaler des personnes seulement parce qu’on pense qu’elles font des choses ou parce que d’autres racontent qu’elles font des choses. Il doit y avoir plus de tact et d’éthique de la part des autorités responsables avant de faire de la diffamation publique en signalant des personnes innocentes.
« Ces huit mois ont permis un espace pour réfléchir sur le rôle que nous jouons, nous les leaders sociaux, dans les processus d’organisation, les risques que nous courrons et le peu de garanties que nous avons pour réaliser ce type de travail avec les communautés.
« Je crois que, à l’avenir, le Gouvernement et ceux et celles qui font ce genre de signalement doivent faire preuve de beaucoup plus de tact parce que cela ne construit pas la paix. Ce qui se passe c’est que nous les personnes qui défendons les communautés nous nous convertissons en victimes du conflit, et de ceux et celles qui aiment la guerre. »