Pasar al contenido principal
23/10/2007

Dans un contexte où les énergies fossiles (pétrole, gaz) sont limitées, que leur accessibilité est synonyme de sécurité nationale et devant la situation alarmante du réchauffement climatique, la substitution de l’utilisation des carburants fossiles par les agro-carburants peut paraître comme une merveilleuse alternative. Pourtant nous savons déjà que les conséquences de la promotion des cultures agro-industrielles pour la production d’agro-carburants sont dramatiques, tant au niveau écologique que social. Nous avons donc été très déçu-e-s du reportage diffusé sur les ondes de RDI le vendredi 19 octobre 2007 à 20h, intitulé « Du sucre et des fleurs dans nos moteurs », qui à nos yeux vante les louanges des bio-carburants sans esprit critique. Nous aimerions vous faire connaître la face cachée de la médaille.

Les agro-carburants sont divisées en deux catégories: le biodiesel, obtenu à partir de plantes oléagineuses (de l'huile); et l'éthanol, obtenu par la fermentation de la cellulose des plantes; les plantes utilisées principalement sont le soja, le maïs, le colza, l'arachide, le tournesol, la palme africaine, la canne à sucre, le peuplier et l'eucalyptus. Les agro-carburants peuvent dans plusieurs cas produire plus d’émissions de gaz à effet de serre que les carburants fossiles qu’ils remplacent, si l’on prend en compte tous les facteurs de leur chaîne de production : la déforestation et le changement d’utilisation des sols provoquent la libération d’importantes quantités de CO2 qui y étaient emmagasinées; à cela s’ajoutent les émissions de gaz qui résultent de la production, transformation et transport des agro-carburants, réalisés en grande partie par de la machinerie et des technologies qui utilisent du pétrole et d’autres éléments producteurs de gaz à effet de serre.

Au-delà de la préoccupation écologique, se trouvent d’autres problèmes de taille : ceux de l’accès à la terre, de la souveraineté alimentaire et de la faim à l’échelle planétaire. L’augmentation rapide de la demande pour les agro-carburants aura pour conséquence que des milliers d’hectares de terres fertiles vont cesser d’être destinées à la production d’aliments pour être destinées à la production de carburants et vont se retrouver concentrées entre les mains de quelques géantes multinationales de l’agro-alimentaire et du secteur énergétique, ce qui aura pour effet de « déplacer » les petits paysans vers la misère des centres urbains surpeuplés ou de les convertir en travailleurs ruraux sans terre. De la même manière, les forêts vont cesser de garantir la subsistance de milliers de personnes, les sources d’eau de ces régions seront contaminées et les sols de ces écosystèmes fragiles seront graduellement épuisés par cette agriculture intensive et l’utilisation massive de produits chimiques. De plus, la production de carburants à partir de produits agricoles contribue déjà à faire monter les prix des denrées alimentaires sur le marché mondial avec des conséquences dramatiques sur l’alimentation de millions de personnes.

Il convient donc de ralentir les ardeurs des partisans des agro-carburants, d’analyser plus sérieusement les causes profondes de cet engouement et de réfléchir si au delà du besoin de trouver des sources d’énergies dites alternatives il n’y a pas aussi la nécessité impérative de repenser le système socio-économique dans le quel nous nous vivons, basé sur la surconsommation énergétique et le culte de l’automobile.
 

Author
PASC