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22/06/2011

La Piedra, no 8, été 201 1

L'Agence canadienne de développement internationale - ACDI est l’entité gouvernementale canadienne chargée de l'administration de l'aide au développement. Cet outil de l'État canadien lui permet de mener plusieurs projets en conformité avec sa politique étrangère, tout en présentant l'ACDI comme un organisme voué à l'amélioration du sort de l'humanité. Ainsi, afin de gagner en légitimité auprès de la communauté internationale et de permettre la reproduction du système capitaliste mondial, l'État canadien instrumentalise l'ACDI. Et que fait l'ACDI en Colombie ? Sachons d'abord que la Colombie est un des pays ciblé pour l'action de l'agence. Sur son site web, on peut voir qu'actuellement l'ACDI finance plus de 20 projets (en cours ou en phase de finalisation) en Colombie uniquement (et plus de 40 menés conjointement dans plusieurs pays dont la Colombie). L’ACDI stipule que ses projets, pour la plupart, viennent en aide aux populations déplacées à l'intérieur du pays (la Colombie est le deuxième pays où le nombre de déplacés est le plus élevé au monde, soit d'un demi-million à 4,6 millions selon les sources). Ce qui est le plus aberrant dans cette situation désastreuse est que les déplacements forcés ne soient associés qu’à la guérilla. Le discours de l'agence présente les personnes déplacées comme des populations qui se sont trouvées prises entre deux feux et ont dû fuir les combats. Ce que l’ACDI omet de montrer c'est le lien entre les déplacements forcés accompagnés d’une importante violence et les conséquences de l’ingérence des pays occidentaux de par leurs mesures néo-libérales. En réalité, le gouvernement colombien tend à vouloir déplacer les populations occupantes des territoires extrêmement « rentables » pour enfin permettre aux entreprises privées nationales ou internationales d’y implanter des projets industriels [ce présent numéro du Caillou dans le soulier regorge d'illustrations de cette stratégie]. Le mandat de l'ACDI serait donc de déresponsabiliser le gouvernement canadien et redorer son image « humanitaire » au sein de l’opinion publique internationale en prétendant aider les populations locales à se « reconstruire une vie » après la guerre. Le volet plus « technique » de l'ACDI en Colombie a trait à sa volonté d’y implanter des réformes législatives, soient agraires ou minières. Ainsi, sous le couvert de « renforcer les institutions » et « soutenir la démocratie » en Colombie, l'ACDI ouvre la voie aux compagnies canadiennes voulant profiter d'un « climat favorable aux investissements » dans ce pays. Cette stratégie permet aux entreprises d’avoir la voie libre pour éviter le système juridique colombien et par le fait même, esquiver l’usage diplomatique en réponse aux conflits.

Un Code minier colombien par et pour les minières canadiennes

Le nouveau Code minier colombien, particulièrement controversé, a été adopté en 2001. Les communautés autochtones qui seraient intrinsèquement touchées par ces projets d’exploitation n’ont pas été consultées, et ce Code minier a eu d’importantes répercussions négatives au niveau de la protection sociale et environnementale, en réduisant le contrôle exercé sur les entreprises pour l’application du respect des normes sociales et environnementales. En fait, cette réforme fournit un environnement très propice et favorable aux investissements de firmes multinationales, notamment par des réductions d'impôts. Ce Code minier semble fait sur mesure pour les entreprises canadiennes. Coïncidence ? Non, évidemment, puisque nul autre que l’Institut canadien de recherche en énergie (ICRE) a été mandaté pour l'élaborer! Ce dit « projet d'aide internationale » a été réalisé grâce aux fonds accordés par l’ACDI et aux contributions de commanditaires privés, tels que les multinationales BP Canada Energy, Cargill, Chevron Canada, Conoco, Down Chemicals, Mobil, Shell, Total Fina ELF, UNOCAL et plusieurs autres. Pour rédiger cette législation minière, le ICRE a embauché le cabinet d'avocats Martinez-Cordoba et associés, qui représente plus de la moitié des compagnies minières canadiennes inscrites au registre national colombien des entreprises d’exploitation minière. Les avocats des entreprises canadiennes semblent avoir bien fait leur devoir : les statistiques montrent qu’entre 2002 et 2009, l’investissement dans ce secteur est passé de 466 millions à 3 milliards de dollars et les exportations ont progressé de 2.8 milliards jusqu’à 8.1 milliards de dollars. Les entreprises canadiennes se partagent maintenant le gâteau d'or : près de la moitié des projets d'exploration sont sous le contrôle d'entreprises enregistrées au Canada.

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PASC