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09/03/2008
(Publié dans La Piedra en el Zapato, no 4, mars 2008 Commencée la sixième année du mandat de présidence d’Uribe, les défaites du gouvernement sont difficiles à cacher : les indices de chômage continuent à croître se situant à 12% alors que le sous-emploi atteint 33,2 1. Les scandales reliés au paramilitarisme ne cessent de réapparaître malgré l’efficacité de la politique de boucs émissaires implantée avec persévérance par l’administration Uribe et la mascarade des mass-médias. Au scandale de la parapolitique (nom qui fait référence aux liens entre les groupes paramilitaires et les politiciens et entre paramilitaires et fonctionnaires publics) Uribe a répondu accusant les victimes du paramilitarisme de subversion et de terrorisme. Ces accusations ne sont pas trop originales, nombre de gouvernements l’ont fait auparavant. Il a aussi accusé toute l’opposition et compris la coalition de gauche le Polo Democrático Alternativo. Mais il s’en ait pris aussi à la Cour suprême de justice contre qui il avancé des accusations déplorables. Pourquoi cet irrespect ? Parce que les juges ne sont pas prêts à endosser son projet d’impunité pour les crimes non-amnistiables commis par le paramilitarisme. Ils jugent cela contraire au droit libéral. Si la liste de scandales commence avec celle de la parapolitique, elle ne s’arrête pas là. Maintenant refont surface les liens entre forces armées et narco-paramilitarisme (le général Rito Alejo vient encore d’être appelé en justice – il avait déjà été exempté par la justice) ; aussi bien que liant d’autres secteurs tels que la police, les industriels nationaux et bien sûr les firmes multinationales au paramilitarisme. Et Uribe, où est-il au milieu de ces scandales ? Son conseiller, Obdulio Gaviria, cousin germain de Pablo Escobar Gaviria fut avocat de ce reconnu mafioso. Le Sénateur Mario Uribe, cousin germain du Président Alvaro Uribe est suivi en justice pour formation de groupes paramilitaires. Le directeur du Département administratif de sécurité (DAS), qui est un organisme d’intelligence directement sous l’autorité du Président, est en prison pour appui aux paramilitaires et aux narcotrafiquants. De plus, en général, les partis politiques uribistes sont en grande partie liés aux structures narco-paramilitaires que le gouvernement a légalisé avec le processus de « démobilisation » paramilitaire. Autant ces « scandales » peuvent servir pour dénoncer la complicité de l’État dans les crimes commis, ils peuvent simplement servir à donner l’apparence de justice ou de jugement, une apparence nécessaire pour la stabilité des structures criminelles qui ne sont pas démantelées mais institutionnalisées : les structures, qui ont permis le financement du paramilitarisme, sa légalisation puis son impunité, qui ont fourni l’intelligence militaire pour assassiner les leaders sociaux et pour permettre l’expansion de ce projet de mort dans tout le pays, restent en place. Si des 41 000 paramilitaires « démobilisés » moins de 100 ont des poursuites judiciaires, il faut dire que ces pratiques sont encouragées et donc risquent de continuer et de se répéter : les Aigles noirs, les nouveaux groupes paramilitaires qui sont présents dans plusieurs régions déjà, sont là pour en témoigner. La politique belliqueuse du Président Uribe est de moins en moins efficace comme outil de popularité. Si au début de son premier mandat, les médias l’ont aidé en mettant de l’avant l’échec de Pastrana dans les négociations avec les FARC, six ans après, les plus ingénus des Colombiens commencent à ressentir que la promesse de paix est encore une fois loin de se concrétiser. Uribe s’est fait populaire en promettant de vaincre militairement la guérilla : il ne fallait qu’ajuster le déploiement militaire, impliquer la population dans la politique de défense et supporter ‘transitoirement’ quelques restrictions à la démocratie. En cela consistait et consiste encore sa politique d’État communautaire et de Sécurité démocratique. Le progrès le plus remarquable pour ces objectifs fut la militarisation des principales autoroutes. Ce fait permet le trafic sans doute, mais il est loin de la paix promis et pire encore la guérilla n’est pas détruite et n’est même pas prête à négocier sa reddition : les dialogues avec l’ELN semblent toujours au point de rupture et les FARC ont annoncé que l’unique dialogue avec le gouvernement Uribe est pour un accord humanitaire pour l’échange d’une cinquantaine d’otages contre 400 guérilleros qui sont en prison. C’est sans doute parce que malgré les bons offices des mass-médias, les éléments de la popularité du Président semblent s’effriter, que des nouveaux boucs émissaires sont nécessaires : le Président vénézuélien ? Pourquoi pas. Si la libération unilatérale d’otages par les FARC peut sensibiliser l’opinion publique et que les médias le voyaient comme le point de départ pour un accord humanitaire, il fallait prendre l’offensive : marcher contre les FARC. Quelle idée géniale ! Peu de phénomènes font autant de consensus dans la société colombienne qui est fatiguée d’un conflit qui semble interminable. Peu de crimes ont été si médiatisés comme ceux qu’a fait la guérilla, à qui les autorités militaires ont aussi refilé les crimes commis par les paramilitaires, par les forces armées et leurs crimes conjoints. Bien sûr que la mobilisation contre les FARC avait toutes les conditions nécessaires pour être une réussite et ce fut pour cela qu’Uribe et son administration l’ont cooptée. Tous ces gens qui se sont manifestés le 4 février ont marché contre les FARC mais ils ne sont pas tous prêts à endosser la politique belliqueuse d’Uribe, peu d’entre eux pensaient que c’était aussi le tremplin pour le troisième mandat d’Uribe et moins encore voulaient légitimer l’action criminelle des paramilitaires (toujours actifs) contre la population non-armée. Maintenant pour contredire un peu la version médiatique de la manifestation d’Uribe disons qu’une partie importante de la population colombienne ne fut pas à la manifestation et plus particulièrement que cette population non-armée qui « n’a pas d’amis sur Facebook » va se mobiliser le 6 mars , pour rendre hommage aux victimes du paramilitarisme et des crimes d’État, exiger réparation, pour un accord humanitaire et contre la guerre.

Notes

  1. Premier trimestre 2007, DANE, encuesta nacional de hogares.]] selon les sources officielles. Ces donnés doivent être pris avec précaution car la farce opérée par le changement de ‘méthodologie’ pour mesurer ces deux indices a changé les chiffres mais ne parvient pas à changer la réalité contradictoire d’une économie avec une des croissances les plus spectaculaires de la planète : le PIB augmenta de 7,2% en 2007, alors que quatre enfants meurent de faim par jour [[Unicef, 2007
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PASC