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20/01/2022

Mercredi 19 Janvier 2022, un attentat causant plusieurs blessé.e.s et un mort a secoué la petite ville de Saravena, en Arauca. Ce sont les coopératives de transports et le siège sociale des organisations sociales qui ont été visés, et ce, à peine 10 jours après une autre explosion contre le siège social de l’entreprise communautaire de distribution d’eau ECAAS.  
 

Depuis le 3 janvier les médias en Colombie font le récit d’une guerre qui opposerait la guérilla de l’ELN à certain groupe d’ex FARC. Rappelons qu’une partie des FARC a signé un accord de paix en 2016, une autre partie est restée armée, tandis qu’une troisième portion est retournée à la lutte armée après avoir constaté que les accords ne seraient pas respectés par le gouvernement. Des médias comme "Le Monde'' en France expliquent la situation comme une guerre pour le contrôle du narcotrafic. Cependant de nombreux indices portent à croire que ce sont plutôt les organisations sociales et leurs activités qui sont dans la ligne de mire. 


Selon le témoignage de certains membres de FARC armés, ceux-ci auraient passé un accord avec le gouvernement colombien afin de financer la réimplantation de culture de coca dans le département d’Arauca. Selon des dénonciations, ils offriraient un prêt de 3000 dollars canadiens à des familles afin de semer cette culture.  Aujourd’hui ce groupe qui se fait appeler FARC attaque les organisations sociales qui s’opposent à l’exploitation pétrolière et attaque le système coopératif qui soutient l'économie régionale, soit l’alternative à la culture de la coca.  

 
En 2018, le gouvernement Duque, en compagnie de la ONU, a déclaré le département d’Arauca libre de culture de coca et s’en est attribué la victoire, alors que ce sont les organisations sociales et les communautés qui ont, en l’absence d’aide gouvernementale, éradiqué les cultures et mis en place des cultures alternatives. C’est en effet avec l’aide des coopératives de production de plantain, de cacao et les coopératives d’élevage bovin que les habitants de la région ont réussi à se débarrasser de la coca.  
 

L’État colombien tente de se présenter comme neutre dans un conflit entre des criminels, alors qu’il est le premier responsable de la grave situation dans la région. Le développement pétrolier cause depuis plusieurs décennies le déplacement des paysan.ne.s, l’absence de services sociaux a mené les communautés locales à s’organiser et la présence des groupe armés comme les dissidences ou résurgences des FARC et de l’ELN sont la conséquence directe du non-respect par les gouvernement des accords de paix qu’il a signé avec ces groupes.  

 
Le gouvernement de Duque propose d’affronter la situation avec l’arrivée de deux nouveaux bataillons militaires. Renforcer la militarisation de la région n’est pas une solution à l’intensification de la guerre, comme le démontre cet attentat qui a eu lieu à quelques 200 mètres de la station de police.