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01/10/2016

 Le 21 septembre  2016

Pendant que le monde célèbre l’accord de paix entre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et le gouvernement colombien, la crise sociale continue de sévir dans le pays. Des assasinats et des tentatives de meurtre déferlent sur la Colombie, touchant les défenseurs des droits humains et les dirigeants de mouvements sociaux et syndicaux. Selon le rapport semestriel de Somos Defensores, 51 dirigeants de la communauté ont été tués cette année en Colombie.

Pour sa part, le bureau des droits humains du pays affirme que, depuis l’annonce d’un cessez-le-feu par le gouvernement, au moins 13 activistes qui faisaient la promotion de la paix avec les FARC ont été assassinés. Ces meurtres ont eu lieu sur des territoires où les FARC doivent être démobilisées après la signature de l’accord.

Selon ce qui a été rapporté par les médias, 16 assassinats et agressions ont été perpétrés contre des dirigeants de la communauté au cours deux dernières semaines. La protection des dirigeants syndicaux et des défenseurs des droits humains est essentielle pour instaurer une paix à long terme. Toutefois, comme cela s’est produit au cours d’autres processus de paix, le nombre d’incidents violents est à la hausse.

Le 15 septembre, William García Cartagena a été assassiné à Medellín. Avocat, il a travaillé pendant des années pour le protecteur du citoyen (médiateur) du bureau des droits de la personne. Il s’est porté à la défense des victimes de Segovia, théâtre d’un conflit entre les mineurs indépendants et les multinationales d’exploitation minière, dont la Gran Colombia Gold, une entreprise canadienne.
Le 14 septembre, Ovidio Alrey Bustamente Chaviria a été assassiné dans sa maison de la municipalité de Puerto Valdivia, dans région du Bas Cauca. Il était membre de l’association des paysans du Bas Cauca (ASOSBAC).
Le 13 septembre, Alexander Castro, un dirigeant ouvrier du syndicat colombien des travailleurs du pétrole (USO) a survécu à une tentative d’assassinat lors d’une réunion avec les travailleurs de Barrancabermeja.
Le 11 septembre, Néstor Iván Martínez, un membre du Conseil des communautés afrodescendantes de La Sierra, d’El Cruce et de La Estación a été abattu par un tireur non identifié dans la municipalité de Chiriguaná. Néstor était le dirigeant du Congrès des peuples (Congreso de los pueblo), mouvement social qui défendait le droit des paysans à la terre et s’opposait à l’exploitation minière dans les régions. Le même jour, Alvaro Rincon a été abattu par l’armée colombienne à San Pablo, au sud du département de Bolivar. Selon un témoin, il tenait un enfant dans ses bras.
Le 11 septembre, Alvaro Rincón Galán, un fermier et un dirigeant de la communauté, a été assassiné au pas de sa porte par le bataillon Nueva Grenada de l’armée colombienne, dans le village de Patio Bonito, situé dans municipalité de San Pablo.
Le 29 août, des hommes en uniformes armés de carabines ont intercepté un véhicule sur la route du marché local. Ils ont arrêté et détenu Joel Meneses Meneses, Nereo Meneses Guzman, et Ariel Sotelo, membres de l’organisation connue comme le Comité d’intégration des massifs colombiens (CIMA). Leurs corps ont été trouvés criblés de balles à Monte Oscuro, à la limite entre les municipalités de Bolivar et d’Almaguer.
Au cours de la même semaine, quatre membres de la communauté indigène Awá ont été abattus par un tireur non identifié dans le département de Nariño : Diego Alfredo Chirán Nastacuas, Camilo Roberto Taicús Bisbicús, le chef de la réserve autochtone Awá de Hojal La Turbia et les frères Luciano Pascal García et Alberto Pascal García.

« Les autorités doivent immédiatement prendre des mesures efficaces afin de mettre un terme une fois pour toutes à cette vague d’assassinats de défenseurs de droits humains et d’activistes communautaires et sociaux, » a déclaré Amnesty International.

Dans les prochaines semaines, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU évaluera la mise en application par la Colombie du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Nous demandons au Comité de l’ONU de tenir compte des contre-rapports présentés par les organisations populaires et de faire de pressantes recommandations au gouvernement colombien pour faciliter le processus de paix.

Le gouvernement colombien a interrompu de façon unilatérale les pourparlers avec le deuxième mouvement armé en importance au pays, l’Armée de libération nationale (ELN). Il est tout aussi important pour le gouvernement Santos d’entreprendre des négociations sérieuses et publiques avec l’ELN et l’EPL. Le gouvernement n’a pas non plus pris au sérieux la participation des mouvements sociaux dans le processus de paix et leurs revendications pour établir un cadre de discussion ouvert à la société civile afin de se pencher sur les problèmes sociaux qui sont la cause du conflit armé.

Nous demandons à Ecopetrol, la plus importante pétrolière du pays, et à l’État colombien de prendre des mesures immédiates pour protéger les dirigeants ouvriers de l’USO et de dénoncer publiquement les menaces de mort et les tentatives d’assassinats perpétrées contre eux.

Nous demandons à l’État colombien de prendre des mesures afin de protéger les défenseurs des droits humains, les membres des organisations populaires et de mettre fin à l’impunité des actes de violence commis à l’encontre des défenseurs des droits humains, dont les proportions alarmantes atteignent les 95 %.
 
Colombia Working Group est une plateforme de syndicats canadiens, d’ONG et d’organisations populaires qui se penchant sur les questions relatives aux droits humains en Colombie.

Author
Colombia Working Group