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11/12/2012

La Piedra No 9, automne 2012


Entre le 25 avril et le 8 mai 2012, le PASC a organisé une tournée d’information publique et de mobilisation à Montréal, Ottawa et Toronto, avec Andrès Idarraga, membre de l’Institut National Syndical et représentant de RECLAME, réseau contre la grande industrie minière.

Partie prenante de la campagne « Ciblons les profiteurs canadiens de la guerre en Colombie!», cette tournée d’information et de mobilisation visait à diffuser deux messages. Le premier jetait un regard critique sur la politique extérieure canadienne, particulièrement en ce qui a trait à la promotion de l’industrie minière canadienne et à l’impunité totale dont bénéficient les entreprises canadiennes à l’étranger (qu’il soit question de l’Accord de libre-échange entre le Canada et la Colombie, des politiques de l’Agence canadienne de développement international - ACDI - ou du paradis juridique que représente le Canada pour les entreprises de ce secteur). Le second message était plutôt un appel au débat pour réfléchir au modèle extractif actuel en mettant à l’avant plan tant les droits environnementaux et les droits économiques, sociaux et culturels des communautés affectées par les projets miniers que les droits des travailleurs et travailleuses de cette industrie.

Ces questionnements ont été très bien accueillis dans un contexte québécois aux prises avec les enjeux du développement extractif, non seulement avec le fameux Plan Nord, décrié comme un bar ouvert pour les multinationales, mais plus largement parce que le Québec est lui aussi au cœur de ce nouveau boum extractif (île Anticosti, Gaspésie, gaz de schiste…). Les avancées technologiques ont rendu rentable l’exploitation de zones jusque-là abandonnées, faisant de ce fait flamber les prix de certains minerais, créant une bulle spéculative qui ne survivra peut-être pas durant tout le temps nécessaire à l’extraction des ressources. Qu’à cela ne tienne, le secteur de la finance, lui, en sortira gagnant.

Du côté des mouvements sociaux, la prise de conscience du caractère non renouvelable des ressources et du lien qui unit impacts sociaux et impacts environnementaux de cette industrie, ouvre la porte à de nouvelles réflexions. Le secteur syndical a entamé des réflexions pour intégrer à ses demandes de création d’emploi des revendications qui tiennent compte de la qualité de vie autour des projets industriels. L’expérience des mouvements sociaux en Amérique Latine fournit des outils pour penser au-delà des sentiers battus.

RECLAME, qui regroupe organisations sociales, syndicats étudiants, processus communautaires autochtones, paysans, miniers artisanaux et écologistes à travers toute la Colombie, a entamé depuis sa création en janvier 2010 un processus de réflexion pour dépasser les oppositions traditionnelles entre droits des travailleurs, des communautés, des artisans, et droits environnementaux. L’idée est de partir du principe que toute réflexion qui ne tiendrait pas compte d’un ou plusieurs de ces acteurs serait vouée à l’échec. Une des conclusions principales de ce processus a été de poser la question de la transition d’un modèle extractif à un modèle post-extractif : une fois le constat établi que le modèle actuel de l’industrie extractive ne convient à aucun de ces secteurs de la société, il faut se demander à quoi ressemblerait une transition. Cette réflexion permet de déplacer le problème insoluble du oui ou non à l’industrie extractive, à la question plus fondamentale du rôle de celle-ci dans nos sociétés.

Une opposition frontale à un projet minier au Québec suppose la non-utilisation de ce minerai ou l’exploitation de celui-ci dans un pays du Sud. C’est à ce titre qu’on ne peut pas réfléchir l’avenir minier du Québec en vase clos. Si on refuse un projet minier ici, ce n’est pas pour l’envoyer ailleurs.

Quelques réflexions qui accompagneront le travail du PASC dans les prochaines années...

Author
PASC