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18/07/2012

Ce mardi 17 juillet 2012, très tôt dans la matinée des chivas transportant des centaines d’indigènes jusqu’à la commune de Toribio inondèrent les routes du Nord du Cauca. Tous et toutes s’élevant par la force de leurs « bâtons de commandement » représentant leur Autonomie.

Tandis que les médias de masse publiaient la réponse du Ministre Juan Carlos Pinzon à la demande de retrait des troupes du Cauca faite par les indigènes - « Il faut dire aux indigènes que nous les respectons, que le dialogue est la volonté du Gouvernement, mais d’aucunes manières la Force Publique s’en ira de cette zone » - plus de deux milles indigènes avançaient jusqu’à une des collines qui dominent les montagnes de la cordillère centrale du Nord-Ouest du Cauca, afin de se joindre aux 400 indigènes qui campaient et protégeaient la colline El Berlin depuis le 11 juillet dernier (jour de la visite du président Juan Manuel Santos à Toribio). C’est sur cette montagne que se trouve une des bases militaires qui protègent les deux antennes des compagnies de téléphonie.

Sur place, le gouverneur indigène de Toribio montra aux militaires la lettre dirigée aux différents acteurs armés, exprimant les paroles suivantes : « Nous n’allons pas rester les bras croisés à regarder comment ils nous assassinent et détruisent nos territoires, nos communautés, nos plans de vie et notre processus d’organisation, et c’est pour cela que, avec la parole, la raison, le respect et la dignité, nous avons commencé à marcher en groupes jusqu’aux endroits où se cachent les groupes armés, pour leur dire, en face, que dans le cadre de notre autonomie, que nous exigeons qu’ils s’en aillent, que nous ne les voulons pas, que nous sommes fatigués de la mort, qu’ils se trompent, qu’ils nous laissent vivre en paix. » Face à ce communiqué les militaires ont protesté en disant qu’ils étaient là pour protéger la population car, sans la force publique, elle serait en danger. Mais les gens ne croient plus ce discours étant donné qu’ils ont déjà subi de nombreux abus qui leur ont montré le contraire, ayant été la cible des attaques des deux camps. « Ils disent toujours la même chose », cria une vieille dame pendant que la foule commençait à ramasser les affaires des militaires. « Nous demandons aux esprits de nous protéger dans cette lutte que nous pensons juste » a exprimé une des autorités de l’Association de Cabildos Indigènes du Nord du Cauca – ACIN, depuis la colline El Berlin, à Toribio – Cauca.

En voyant la décision des civiles, le commandant en charge de la protection des antennes, en signe de respect donna l’ordre d’évacuer le lieu. Cependant six militaires opposèrent résistance et se jetèrent au sol. C’est pour cette raison que la garde indigène les a portés pour les évacuer du lieu. Pendant ce temps, d’autres villageois ont commencé à charger les vivres et autres affaires des militaires, afin de faciliter leur retrait. « La garde indigène a accompagné les militaires jusqu’à un lieu déterminé » a affirmé un journaliste communautaire de Radio Nasa.

Toutefois, les forces militaires ont affirmé le contraire via les médias : le commandant de la Force de Travail Commune Apollo, Jorge Humberto Jerez, a exprimé sur Caracol Radio les paroles suivantes « ils ont brûlé nos vivres, ont maltraités nos soldats, la guérilla tire sur nos troupes à cet endroit même, il s’agit d’un travail en commun des FARC et des indigènes car on a bloqué leur couloir qui servent au narcotrafic, les laboratoires de cocaïne, nous avons des assesseurs juridiques qui enverront devant la justice ces indigènes, grâce au ministère public et autres secteurs de l’État... ».

Les affirmations du commandant Jerez sont irresponsables et extrêmement dangereuses pour notre communauté, ce sont les soldats eux-mêmes qui ont brûlé un matelas pour que la presse attribue cette soit-disant attaque aux indigènes. A l’inverse de ce que disaient tous les médias sur la destruction des vivres, ce fut la garde indigène elle-même qui a transporté les aliments jusqu’à la partie basse de la colline où se trouvait l’armée. Ceux qui ont tiré en l’air et ont lancé des gaz furent les militaires, en essayant de falsifier l’information et de faire croire que la guérilla tirait juste à côté. Il n’y a que le commandant Jerez pour comparer les bousculades et les cris envers les soldats aux balles, aux morts, à l’occupation des maisons, aux dénonciations et assassinats de faux guérilleros (habitants tués et déguisés en guérilleros) à l’encontre des indigènes. Toutefois, on dirait qu’il n’y a pas que le commandant qui utilise la stratégie du mensonge et de la manipulation car, en un instant, tous les médias ont fait écho à ces affirmations malintentionnées. C’est de cette façon que le gouvernement pense justifier les attaques aux communautés indigènes et nier la légitimité de notre lutte pour la défense du territoire. « Qui permettrait qu’il fassent des tranchées devant la porte de sa maison ? La colline El Berlin est notre maison. »

La colline El Berlin est un lieu sacré pour les indigènes nasas. C’est une colline qui fait partie de la Yat Wala (la grande maison). C’est un lieu qui a un propriétaire spirituel. C’est pour cela qu’à chaque fois qu’on lui fait mal il se manifeste. Après chaque combat les nuages deviennent gris et commencent à pleurer. Les ancêtres (éclairs) se manifestent avec force. Leurs cris réclament la justice car ils ne supportent plus tant d’insultes à la vie. Ainsi, aujourd’hui, des milliers de femmes et d’hommes ont manifesté qu’ils sont fatigués d’être victimes des acteurs armés et du gouvernement qui ouvre la voie aux projets d’exploitation minière, qui vide de son sang la Mama Kiwe (Terre Mère).

Si. Ceci est la vérité face au problème de la guerre, ici il y a une résistance pacifique, il y a des terres fertiles pour l’agriculture et autres richesses naturelles. La communauté de Toribio a appris malgré elle à vivre au milieu du conflit armé. Elle a supporté les attentats de la guérilla et les attaques de l’armée. Leurs enfants doivent transiter au milieu des barrages policiers et, dans les écoles, ils sont obligés de suivre les cours « gardés » par les tranchées de la guerre. Leurs maisons sont détruites et les familles pleurent leurs morts. C’est un village à moitié détruit, c’est une communauté qui souffre le malheur d’une guerre pour le pouvoir.

Pour toutes ces raisons, aujourd’hui, ce peuple millénaire crie au monde entier qu’il a soif de justice et qu’aucun des deux camps (armé et guérilla) ne protège son territoire. Il est nécessaire que vous sachiez qu’ici, dans le Nord du Cauca, à Toribio, il y a des gens prêts à défendre la vie, étant donné que le gouvernement et son armée ne l’ont jamais fait.

Source : Tissu de comunication de l’Association de Cabildos indigènes du Nord du Cauca-ACIN, Colombie tejidocomunicacion@gmail.com

Traduction : Indymedia Paris

La « Garde Indigène » du Peuple Nasa en Colombie demande l’auto-contrôle territorial de Cauca avec la médiation de l’ex-juge Garzón

Près de cent indigènes ont délogé hier les troupes de l’armée colombienne dans le département de Cauca et ont demandé que l’ex-juge espagnol Baltasar Garzón soit leur interlocuteur avec le gouvernement. Cependant, le ministre des Relations extérieures de la Colombie, Marie Angela Holguín, a réaffirmé hier que les militaires n’abandonneront pas le lieu.

Les membres de la dite « Garde Indigène » ont démonté les guérites des postes de garde et ont recouvert les tranchées des militaires qui protégeaient des antennes de télécommunications civiles et qui avaient leur base sur la colline Berlin, située à une heure de chemin du centre de la ville de Toribio, ayant pris le contrôle du lieu.

« En ce moment nous avançons dans la prise du contrôle (territorial) », a soutenu leur leader, Feliciano Valencia, conseiller de l’Association de Conseils Indigènes du Nord du Cauca (ACIN). « Nous demandons que pour le dialogue et la concrétisation de la proposition soit désigné le juge Baltasar Garzón pour préparer cet espace de dialogue vaste et ouvert », a affirmé le dirigeant. La pétition renvoie à ce que l’ex-juge de l’Audience Natinale d’Espagne a collaboré à la défense des droits des communautés aborigènes du Cauca, qui se sont déclarés neutres en face du conflit armé que la Colombie vit depuis presque 50 ans.

Il y a un an, les indiens ont rendu hommage à Garzon dans le Cauca, où l’ex-juge a exprimé qu’il était dans ce lieu comme un ami des indigènes. Valencia a expliqué que l’occupation de cette colline s’ajoute à la destruction de trois autres fortifications construites par la police dans la zone urbaine de Toribio, ainsi qu’à leurs contacts avec guérilleros de deux campements des FARC situés dans les montagnes voisines.

Après quelques jours de harcèlement des Forces armées Révolutionnaires de la Colombie (FARC) et de bombardements de l’armée, le président de la Colombie, Juan Manuel Santos, s’est rendu mercredi sur la zone et a annoncé qu’il ne démilitarisera même pas « un seul centimètre » du Cauca, l’un des départements de la Colombie où le conflit armé génère le plus de violence et qui est majoritairement habitée par des indigènes du Peuple Nasa. La visite du président s’est effectuée dans le cadre d’un conseil des ministres chaotique, puisque les indigènes ont reçu le président par des huées et ont exigé de lui qu’il retire les militaires et les policiers de la zone. Par la suite, les indiens se sont dirigés vers les barrages que les FARC avaient édifiés autour du village pour leur demander de se retirer aussi. C’est que les attaques les plus récentes des FARC contre diverses populations du Cauca ont fait ces derniers jours un enfant mort et au moins 15 blessés civils. Selon les indigènes, la Constitution colombienne reconnaît l’autonomie des peuples aborigènes, qui dans le cas des Nasa ont formé la « Garde Indigène » pour exercer le contrôle territorial.

Pour sa part, le ministre des Relations Extérieures de la Colombie a répondu aux questions de la presse au siège central de l’Organisation de Nations Unies (ONU) de New York et a souligné que l’armée colombienne n’abandonnera pas le département de Cauca malgré l’insatisfaction des communautés aborigènes de la zone. « Les habitants indigènes sont insatisfaits par les mesures de sécurité, mais le gouvernement réitère qu’il continuera de travailler et de renforcer sa capacité à pouvoir redonner la tranquillité aux habitants du Cauca », a-t-elle ajouté. La ministre, qui a présidé un débat au Conseil de Sécurité de l’ONU sur la Commission de Consolidation de la paix, a reconnu que le Cauca vit un moment « très agité », mais elle a assuré, comme l’a fait mercredi le président colombien, que l’armée continuera d’agir. Holguín a expliqué que la région, malmenée par les attaques des Forces armées Révolutionnaires de la Colombie et les combats avec les militaires colombiens, compte une majorité de population indigène qui veut contrôler par elle- même sa propre sécurité, quelque chose qu’elle a qualifié de « complètement impossible ».

« L’armée ne va pas se retirer, et nous voudrions arriver à travailler avec eux. C’est un moment dans lequel il y a beaucoup d’insatisfaction, mais on va restaurer le calme sur la zone », a-t-elle souligné. De plus, la ministre des affaires étrangères a dit que le sujet n’a pas soulevé d’intérêt dans aucune des rencontres qu’elle a menée aujourd’hui aux Nations Unies.

Página12. Buenos Aires, le 13 juillet 2012.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par  : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo. Paris, le 13 juillet 2012.

 

Maintenant c'est clair : ils veulent nous exterminer

Les choses n'ont jamais été aussi claires dans le Nord du Cauca-Colombie. Jamais. Nous avons manifesté, nous nous sommes mobilisés, avec toute notre force et notre conviction pour exiger que les acteurs armés s'en aillent du territoire. Lors de mobilisations, d'assemblées et d'audiences publiques, nous avons dénoncé les abus que commettent l'armée, la police, les paramilitaires et la guérilla sur tout le territoire. De plus, encore une fois, nous avons signalé et réitéré une vérité qui a orienté la Minga de Résistance sociale et communautaire et qui devient encore plus évidente aujourd'hui lorsqu'ils convertissent notre territoire, par le biais de la terreur et de la guerre, en une Zone de Consolidation, pour les intérêts d'exploitation des multinationales : cette guerre, d'où qu'elle vienne, a des motivations et bénéfices économiques. Ils nous exproprient pour nous forcer à partir, pour voler la Mama Kiwe (Terre Mère) et sa richesse, pour la soumettre et la tuer afin d'en finir avec notre processus et notre Histoire sur ce territoire. La dernière fois que nous l'avons déclaré ce fut à Miranda. Nous avons exigé du gouvernement qu'il retire ses bases militaires de la région. Le Ministre de la Défense (des intérêts transnationaux) nous a répondu en nous accusant devant le monde entier d'être des guérilleros, des complices des terroristes et annonça qu'il ne retirerait pas les bases. De son côté, la guérilla a répondu au Ministre et à la communauté mondiale en attaquant Jambalo, Toribio, Miranda, Cerro Tijeras, tout en continuant ses actions dans tout le Nord du Cauca et dans tout le Cauca. En ce moment même, les habitants de ces communautés ont été déplacés de force, du fait de la menace proférée par les Farc : ils doivent s'en aller avant midi ou assument les conséquences. La réponse de fait de la guérilla au Ministre de la Défense est claire et simple : ne retirez pas les bases Monsieur le Ministre, il est justifié que vous les mainteniez. Il est nécessaire que votre armée reste en terres indigènes, qu'elle tue, maltraite, viole et vole car le prétexte nous le fournissons nous-même, la guérilla des Farc. Un prétexte fait de balles et de bombes. Un prétexte fait de mort. Vous attaquez les indigènes et les accusez d'être des guérilleros, nous vous répondons et attaquons également les communautés indigènes et si elles ne sont pas contentes, nous les accusons d'être des traîtres et « collabos », comme vous. Ici tout est clair.

Notre Cxab Wala Kiwe (Territoire du Grand Peuple), en vertu des plans économiques de spoliation et de destruction de la résistance et des peuples ancestraux, est devenu un véritable théâtre d'opérations militaires dirigées contre nous, par les bandes de combattants, afin de nous accuser, nous dénoncer, nous maltraiter, refuser notre présence et notre processus d'organisation, nous expulser et nous exproprier. En ce moment même se concrétise, selon les plans du Pentagone et du Plan Colombie, la transformation de ce qui a été notre foyer depuis des milliers d'années, en un espace contrôlé par des militaires s'emparant du pouvoir corporatif. L’État et la guérilla mettent fin à notre résistance et à notre processus millénaire, afin d'offrir ces terres aux intérêts économiques. Ils sont en train de nous tuer. Mais il n'y a jamais eu seulement la guerre et la terreur, pas plus qu'aujourd'hui. En plus des mensonges et des tromperies des médias de masse et de la propagande que personne ne peut plus croire, il y a les politiques, les projets, la cooptation cachés derrière de nombreux masques et derrière les lois. Ils gouvernent, depuis le niveau local municipal, en passant par des programmes et des projets d'infrastructures, de santé, d'éducation, de développement économique, qui seront écrasées par les locomotives de l'expropriation. Sur notre propre territoire, alors qu'ils nous finissent à coup de balles et de terreur, ils implantent à l'intérieur et par le biais de nos organisations et communautés, à travers les plus diverses charges et fonctions, des projets d'expropriation sous couvert de bien-être et d'aide humanitaire. Ils profitent du fait que nous soyons occupés à demander des subventions et à organiser des activités, pour consolider leur plan d'expropriation. Cette forme d'institutionnalisation de notre processus fait partie du Plan de Consolidation du gouvernement et de la guerre pour la spoliation qui nous fait disparaître en nous transformant en cible des intérêts étrangers.

Pendant que nous sommes occupés à refuser la guerre, cette stratégie, plus efficace et perverse, nous exproprie de manière invisible et sans résistance.

Les institutions qui profitent ou servent ces intérêts, d'où qu'elles viennent, exercent le « Droit » de tout voler, et en trompent plus d'un ici, qui continuent de se battre pour des subventions accordées par ceux qui nous exproprient, tout en les présentant comme un bénéfice au nom de la résistance indigène, ou comme un soutien vital et urgent pour défendre les victimes. Ils nous rendent dépendants, victimes et incapables afin de nous empêcher de continuer à résister et à construire nos Plans de Vie. C'est la colonisation de toujours, à travers le modèle actuel. Bien sûr cet abus ne se produit pas seulement dans le Nord du Cauca. Les Zones de Consolidation ont été définies depuis longtemps dans le Plan Colombie, et vient le moment de leur application. Il s'agit d'un calendrier à long terme afin de semer la mort et le mensonge et institutionnaliser la spoliation dans tout le pays, mais c'est aussi le principal produit d'exportation colombien dans le monde, puisqu'en ce moment ils agressent violemment les indigènes, par exemple dans le Wallmapu, à Santiago del Estero, Salta et Tucuman (Argentine) par des répliques grossières et évidentes de ce qui se fait ici. Pendant qu'au Mexique, où ils appliquent le Plan Colombie sous un autre nom, ils imposent la terreur et truquent les élections présidentielles (encore), en Bolivie le peuple s'élève contre le projet de route du TIPNIS (encore). A Cajamarca (Pérou), les policiers à la solde des transnationales minières ont assassiné 5 personnes faisant partie de « Conga no va ! », la coalition populaire pour refuser le projet minier de « Yanacocha » ; cette guerre intégrale les extermine de la même façon que nous. Au Paraguay, les transnationales avec le soutien du Commandement Sud (États-Unis) ont fomenté le coup d’État, afin d’accéder aux ressources en eau, aliments, minéraux et biens collectifs du Cône Sud. Dans ces pays et ces communautés, ils résistent. Les gens prennent la rue. La conscience croît et la solidarité est appelée à se transformer en initiative de résistance.

Voilà ce qu'il se passe, pendant que, de son côté, en Colombie, le gouvernement fait passer une résolution par laquelle il livre près de 20 millions d'hectares aux entreprises minières internationales. Depuis que nous avons compris tout ça nous savons que les peuples et les processus populaires ont un droit sacré et essentiel. Le droit à résister, à défendre nos formes de vie, nos cultures, notre identité. Avant, nous devions mettre à profit toutes nos capacités et notre unité, pour éviter qu'ils convertissent notre territoire en théâtre d'opérations militaires et institutionnelles, tout en niant notre présence et nos droits. En nous transformant en victimes.

Aujourd'hui, face à ces discours d'assassins qui nous méprisent, investissent nos maisons, nous expulsent de notre territoire et nous tuent, nous devons nous refuser à disparaître. Nous devons redevenir le « Grand Peuple » chez nous. Quiconque, à l'intérieur ou à l'extérieur de notre processus, a des intérêts différents de notre droit sacré à résister, quiconque a des intérêts différents de ceux de résister à ce Projet de Mort au service de l'accumulation, rejoint le discours des violents, profite de notre mort et de notre souffrance dans le but de faire des bénéfices. Comme on l'a entendu il y a peu de temps, il s'agit de la « Bataille finale du Cauca ». Une bataille entre eux, ceux qui gagnent par la guerre ou se complaisent dans le commerce, contre nous, les communautés, les membres de celles-ci, les peuples du monde qui revendiquons notre présence et notre Plan de Vie. Nous nous sauvons du commerce, des balles et des mensonges et nous prouvons que nous sommes toujours là, où nous avons toujours été, que nous sommes de cette terre et que nous continuerons d'être avec elle, que tous les acteurs armés doivent s'en aller, les profiteurs et les ennemis de l'héritage Nasa. Notre résistance n'est pas une marchandise et n'est pas absente. Elle est nous-même. Elle est la même, à notre façon, du fait de notre culture, que défendent les peuples de tout le continent et du monde.

Avec l'angoisse et la douleur que nous inspirent ces paroles, alors qu'ils nous attaquent et nous volent, nous faisons cette déclaration et la diffusons : nous appelons toutes et tous à résister, à expulser de nos terres ceux qui nous exterminent. Tant que nous aurons la parole, nous continuerons à lutter contre la colonisation et pour notre véritable autonomie.

Tissu de Communication – ACIN (Asociación de Cabildos Indígenas del Norte de Cauca)

Author
ACIN